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Une réunion au sommet de l’Istiqlal qui a commencé aux environs de 19 heures pour s’achever deux heures plus tard et au cours de laquelle la mise en œuvre du retrait de l’Exécutif a été décidée. Les six ministres istiqlaliens –Nizar Baraka, Youssef Amrani, Fouad Douiri, Abdessamad Kayouh, Mohamed El Ouafa et Abdellatif Maazouz- devaient ce mardi 9 juillet remettre leur démission au chef du gouvernement, conformément à l’article 47 de la Constitution qui stipule que « (…)le chef du gouvernement peut demander au Roi de mettre fin aux fonctions d’un ou de plusieurs membres du gouvernement du fait de leur démission individuelle ou collective(…) ».
On s’en souvient, en début de semaine passée, Hamid Chabat avait adressé un ultimatum d’un mois pour trouver un nouvel allié et former une nouvelle majorité. Que s’est-il passé ? Pourquoi l’ultimatum s’est-il rétréci en peau de chagrin ? Qu’est-ce qui a motivé une telle diligence ? Les réponses sont probablement à chercher derrière le rideau et surtout en coulisses.
Ce mardi matin, les ministres représentant jusque-là l’Istiqlal au sein du gouvernement tenaient réunion avec Karim Ghallab, le président de la chambre des représentants. Ce dernier a été chargé par la direction du plus vieux parti marocain de coordonner l’opération « démission collective » des six responsables gouvernementaux.
Officiellement, s’ils sont six à devoir se plier à l’oukaze de leur famille politique en quittant leurs fonctions gouvernementales, Mohamed El Ouafa, lui, s’est déjà mis en dissidence, annonçant à ses pairs du gouvernement dans la soirée du lundi, qu’il ne quitterait ni son ministère ni l’Exécutif.
C’est donc dans la soirée du lundi 8 juillet que tout s’est précipité. Hamid Chabat révèle aux membres du comité éxécutif qu’il a eu un échange téléphonique avec le Souverain pour l’informer de la teneur de la réunion du comité exécutif et de la décision de démission effective des ministres istiqlaliens qui devait être prise. L’annonce a l’effet d’une douche froide, même si tout le monde pressentait que « la fin de partie est imminente». « On a alors réalisé que le feu vert a été donné pour que l’Istiqlal rejoigne les travées de l’opposition », commente un membre du comité éxécutif du parti fondé par Allal Al Fassi.
Tous les ministres sont là, hormis Mohamed El Ouafa. Hamid Chabat leur demande de rédiger une lettre de démission collective et de lui en remettre copie avant de la déposer au chef du gouvernement. Ils le savent : les dés sont jetés. Toute la soirée, leurs portables ont crépité. On ne quitte pas un gouvernement, la fleur dans la bouche. « N’y a-t-il vraiment rien à faire ? Une initiative de la dernière chance?», tente un Istiqlalien du gouvernement auprès d’un ténor de la majorité.
Très vite, ce même lundi soir, le communiqué du comité exécutif de l’Istiqlal tombe comme un couperet. Les ministres du parti vont présenter une démission collective au chef du gouvernement, celui-là même à qui le comité exécutif estime avoir donné “le temps suffisant pour remédier au retrait du PI de sa majorité gouvernementale", peut-on lire dans le communiqué qui a dans la nuit fait le buzz sur les réseaux sociaux. Le passage à l’opposition est clairement signifié. Une réunion des deux groupes parlementaires de l’Istiqlal avec la direction du parti est prévue dans les prochains jours et ce « pour mettre au point la méthodologie de travail et de coordination qu’exige l’opposition. »
Ce qui n’a pas empêché une certaine confusion. Si les ministres de l’Istiqlal, en tout cas cinq d’entre eux, devaient présenter hier matin leur démission écrite et formelle à Abdelilah Benkirane, ils ne quitteront pas pour autant leurs ministères, pour y expédier les affaires courantes, le temps que le chef du gouvernement trouve un nouvel allié.
Quel avenir pour
Ghallab, le président
de la Chambre
des représentants ?
Une attitude qui tord le cou à la pratique démocratique. « Un ministre qui démissionne, ça s’en va, point. Le chef du gouvernement désigne un membre de l’équipe gouvernementale pour assurer l’intérim, le temps de procéder au remaniement », commente perfide un ministre issu du PPS. Non, rétorque un dirigeant istiqlalien. «Nous appliquons à la lettre les dispositions de la Constitution qui indique que les ministres démissionnaires expédient les affaires courantes jusqu’à la constitution d’un nouveau gouvernement», soutient-il.
Ce qui n’est qu’à moitié vrai car cette disposition ne concerne qu’un chef de gouvernement qui présente sa démission et celle de son gouvernement. L’article 47 reste silencieux sur la question des ministres démissionnaires par rapport auquel le chef du gouvernement demande au Roi de mettre fin à leurs fonctions. Le même article est par contre beaucoup plus explicite sur la démission du chef du gouvernement. «A la suite de la démission du chef du gouvernement, le Roi met fin aux fonctions de l’ensemble du gouvernement. Le gouvernement démissionnaire expédie les affaires courantes jusqu’à la constitution du nouveau gouvernement », indique en effet l’article 47 de la Constitution.
Une fin de crise mais qui n’a pas encore résolu tous les problèmes avec l’Istiqlal. Quel est l’avenir de Karim Ghallab, le président istiqlalien de la Chambre des représentants ? Celui qui a été le candidat de la majorité va-t-il garder son fauteuil présidentiel? « Il a un mandat électif. Il a été élu pour deux ans et demi. Son mandat ne prend fin qu’en avril prochain », fait valoir un responsable en vue de l’Istiqlal. Dans les rangs de la majorité (moins l’Istiqlal) c’est un tout autre discours qui a été développé. Karim Ghallab dont le parti a basculé dans l’opposition ne peut pas valablement occuper le poste de président de la Chambre des représentants, un fauteuil qui doit logiquement être occupé par un député de la majorité. Le feuilleton ne fait que commencer.