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Des sénateurs français "impressionnés" par le développement des provinces du Sud du Royaume
Evolutions rendues nécessaires par une double dynamique : internationale et nationale.
Les crises financières et économiques qu’a connues et connaît le monde depuis 2007 ont sérieusement ébranlé la conception libérale d’un «Etat minimaliste » en faveur d’un Etat exerçant à nouveau les fonctions régulatrices voire interventionnistes que l’on croyait désuètes.
Le Maroc, pays à la pointe de la démocratisation dans sa région, ne pouvait demeurer insensible aux aspirations légitimes de sa population d’être impliquée de manière plus approfondie dans l’élaboration des projets influant sur sa destinée et dans la configuration des institutions contribuant à leur réalisation.
Beaucoup de Marocains, à ce jour, font une confusion entre l’Etat, forme d’organisation politique et juridique plus ou moins neutre, et gouvernement. L’histoire y est pour quelque chose. Les formes d’exercice du pouvoir usitées, jusqu’à récemment, impliquant à la fois le Roi, l’administration et la classe politique, sans une indentification claire des tâches en est la principale cause. Pis, le citoyen, à défaut d’une implication dans la vie publique, a développé le sentiment que l’Etat est un corps qui lui est étranger, voué uniquement aux fonctions répressives et à prélever les impôts.
L’Etat de son côté dispensé de la reddition des comptes, faute de démocratie, s’est installé dans le confort précaire d’une « autonomie politique » par rapport à la société.
Si le maintien de l’autonomie politique de l’Etat dans les pays ayant une rente pétrolière comme l’Arabie Saoudite se fait à coup de distribution d’argent à la population pour acheter sa passivité, au Maroc il s’est fait à coup de répression, de distribution de prébendes et rentes diverses, générosités inconsidérées, imposition sélective. Cette politique a créé la conviction chez beaucoup de Marocains que l’Etat est inéquitable et du coup ils se sont crus moralement autorisés à avoir des comportements déviants.
Vouloir construire une démocratie moderne voire maintenir la cohésion d’une nation en ayant une société et un Etat qui se regardent en chien de faïence est un pari difficilement gagnable.
Si l’utilité de l’action étatique ne fait l’objet d’aucun doute dans les pays avancés surtout après les récentes crises, elle l’est d’autant plus dans un pays comme le Maroc qui a entamé sa mue sociétale. Pour que la politique publique emporte l’adhésion du citoyen, l’Etat doit avoir une nouvelle légitimation politique se basant sur les principes énoncés dans la nouvelle Constitution : souveraineté populaire et contrôle par le Parlement. La société doit s’approprier l’Etat.
Cette nouvelle dynamique permettra à l’Etat d’accomplir ses nouvelles missions de régulation, de répartition et de monopole de la violence (maintien de l’ordre) dans les meilleures conditions car jouissant de l’adhésion de la population.
Faut-il rappeler que la bonne exécution des décisions prises par toute instance de régulation est tributaire de la participation des concernés et leur adhésion aux recommandations énoncées.
La même approche participative est à privilégier dans les missions de répartition. On ne peut laisser, en vue de préserver la cohésion de la nation, une partie de la population vivre en marge de la société en ne lui fournissant pas la protection sociale. A défaut d’une manne pétrolière, l’essentiel des ressources doit venir des prélèvements fiscaux qui traduisent l’effort de solidarité et assurent un meilleur service public. En assurant à l’Etat les moyens de son fonctionnement correct, on peut mieux combattre certaines pratiques condamnables comme la corruption, l’attribution de rentes et de passe-droits.
L’exercice moderne du maintien de l’ordre, nous le voyant dans plusieurs pays avancés met à contribution la population. Cela est possible parce que considéré comme légitime et nécessaire.
L’aspiration à un Etat moderne, rationnel et organisé, en phase avec la société, est dictée par la conviction que cela ne peut contribuer qu’à renforcer les liens qui cimentent notre nation. Les décisions courageuses que le prochain exécutif sera appelé à prendre : remettre le Maroc sur la voie de la croissance et du développement, répondre avec équité et fermeté aux attentes énormes qui semblent se dégager de la société, n’auront d’impact que soutenues par un Etat jouissant d’une totale confiance.