Les Irlandais sont cotés à 80 contre 1 pour la victoire finale, mais ils pourront déjà considérer avoir réussi un exploit en s'extirpant d'un terrible groupe C où ils affronteront l'Espagne, l'Italie et la Croatie, leur premier adversaire le 10 juin à Poznan.
Le sélectionneur italien Giovanni Trapattoni ne dispose pas de l'équivalent des Iniesta, Pirlo ou Modric au sein d'un groupe composé dans sa grande majorité d'honnêtes joueurs de Premier League anglaise. Ils évoluent pour la plupart dans des clubs de milieu ou de bas de tableau, Stoke, Wolverhampton ou Aston Villa.
Les rares noms connus sont ceux de l'attaquant Robbie Keane, parti au LA Galaxy après avoir longtemps porté le maillot de Tottenham, du gardien Shay Given, du milieu de terrain Damien Duff et du défenseur Richard Dunne, tous vétérans de la Coupe du monde 2002.
"Nous n'avons personne d'aussi créatif que Messi ou Ronaldo, mais nous avons une forte équipe, bien organisée et bien équilibrée", a déclaré Trapattoni.
Chaud au cœur en temps de crise
Dès sa prise de fonction en 2008, le vétéran italien, 73 ans, a importé la conception du jeu rigoureuse, et très défensive, qui lui avait si bien réussi avec la Juventus, l'Inter Milan ou le Bayern Munich, sans craindre d'ennuyer.
C'est peut-être pourquoi, même si les Irlandais lui sont reconnaissants d'avoir ramené l'équipe sur le devant de la scène, il est encore loin d'avoir rejoint en popularité l'Anglais Jack Charlton, qui tenait les rênes en 1990 lorsque les Verts avaient atteint les quarts de finale de la Coupe du monde.
"Trap" est surtout parvenu à remobiliser ses joueurs après le douloureux épisode de la main de Henry, qui les avait privés du Mondial-2010 en Afrique du Sud en barrage face à la France.
Sur leur chemin de leur premier Euro depuis 24 ans, les Irlandais n'ont pas pu eu cette fois à se plaindre du mauvais sort. Dans un groupe facile, ils ont terminé deuxièmes derrière la Russie et ont décroché leur billet en barrages contre la faible équipe d'Estonie.
Le public irlandais, dont une partie, découragée par les mauvais résultats, s'était détournée vers le rugby, nettement plus en réussite (Grand Chelem en 2009) et vers les sports gaéliques, n'avait pas boudé son plaisir, surtout dans un contexte de crise économique profonde, où tous les succès font chaud au cœur.