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lancement du Label national de l’artisanat, nous avons pris contact avec Karim Zein,
président du Centre des affaires durables, établissement suisse en charge de la conception de ce projet. Entretien
Libé : Qu’est-ce que le Centre des affaires durables?
Karim Zein : Le Centre des affaires durables dont je suis le président existe depuis 20 ans. Nous avons été choisis comme consultants pour faire l’étude du projet de label national de l’artisanat qui est financé par le Millenium challenge corporation (MCC) et l’Agence du partenariat pour le progrès (APP). Mais le client final est le ministère de l’Artisanat.
Libé : Vous avez effectué un focus group avec les acteurs du secteur. Est-ce que vous avez senti qu’ils étaient ouverts au changement ou bien qu’ils étaient réticents ?
Je pense que le projet arrive au bon moment, parce qu’il y a eu déjà beaucoup de travail de préparation et de sensibilisation avec la stratégie 2015 qu’il faut développer davantage. L’artisanat a aussi beaucoup souffert du point de vue économique. Ses exportations ont chuté. Je pense qu’à présent, l’artisan marocain est prêt pour intégrer cette dimension nouvelle qu’est ce label qui va lui ouvrir de nouveaux marchés. On a été envahis par les produits chinois et les contrefaçons. Maintenant, c’est un peu l’anarchie et on espère que ce label va mettre un peu d’ordre là-dedans. Comme vous l’avez vu lors de l’intervention des artisans, ils veulent un label, voire un label pour chaque région afin de mettre en évidence leurs produits.
Est-ce qu’il va y avoir un organisme ou bien une commission ad hoc pour délivrer ce sésame ?
Côté gouvernance, une commission sera créée mais elle va sous-traiter le travail et je pense qu’elle va lancer un appel d’offres d’ici l’été prochain pour confier la tâche à des entreprises spécialisées.
Seuls 0.1% des artisans vont recevoir ce label d’ici 2015. Est-ce normal ?
Ce sera effectivement le cas durant les trois premières années, mais après, l’idée est que ça se développe. Avec 0,1% des 353.000 artisans qui existent au Maroc, on est à peu près à 400 personnes, en sus des entreprises. Cela veut dire qu’on va atteindre à peu près 600 labels nationaux. Ce qui n’empêche pas que les autres labels spécifiques et techniques comme «Madmoun», «Qualité certifiée», entre autres continueront à être délivrés.
Cette discrimination «éclairée» ne va-t-elle pas avoir un effet pervers sur les artisans? Si on place la barre très haut, ne risque-t-on pas de les démotiver?
Vous avez bien fait de parler de discrimination. Le rôle d’un label, c’est justement de discriminer les uns par rapport aux autres. Le label national aurait pu avoir un effet démotivant s’il ne comprenait que la catégorie «excellent». Mais il prévoit trois niveaux d’excellence, il n’en sera rien.
Ne fallait-il pas adopter une approche progressive et élargir la base des bénéficiaires, puis avec le temps resserrer la vis ?
C’était un des scénarios préalables. Nous avons développé trois scénarios. L’un d’entre eux prévoyait de commencer par une base très large avec 60% d’artisans certifiés, mais les critères adoptés étaient très basiques. C’est d’ailleurs l’un des désavantages de ce scénario. Si on avait opté pour cela, il n’aurait pas de notoriété et le label en question n’aurait pas été pris au sérieux. Finalement, il fallait faire un choix qui est dans notre cas un choix politique. Ce n’est pas nous qui l’avons fait. On a présenté notre travail au ministère et c’est lui qui a choisi.
Certains produits que vous allez labelliser, comme les cuirs avaient déjà, depuis plus de 5 siècles, une sorte de label que les artisans appellent «R’chem» et qui est certifié par «l’Amin» des tanneurs (debbarra). N’avez-vous pas pensé à développer ces «labels historiques» ?
Cela dépendra des critères de labellisation. Dorénavant, le label national aura ses propres critères que les produits labellisés devraient respecter.