Parmi cette nouvelle génération, Karim Tadlaoui figure en très bonne place tant il est vrai qu’il a apporté une sensibilité nouvelle et une romance qui en disent long sur sa formation musicale.
En effet, Karim Tadlaoui, à la différence de plusieurs artistes, a eu la chance d’avoir un père très compréhensif, tellement compréhensif qu’il lui a offert un luth lorsqu’il a remarqué que son fils était épris de cet instrument. Très attaché à la musique et au chant depuis sa tendre enfance, Karim Tadlaoui a sacrifié les études universitaires qu’il était sur le point de terminer pour se consacrer entièrement à la musique. D’ailleurs, il passe sept années au Conservatoire de Casablanca.
Mais tout n’était pas facile au début, surtout qu’il voulait être chanteur d’autant qu’il a intégré la scène à une époque où les vedettes ne manquaient pas. C’est en 1987 qu’il a découvert le public lors d’une soirée organisée au Complexe Mohammed V avec la participation de Raja Belmlih, Ali Hajjar, Souad Mohamed et Mohamed Izabi. A cette époque, Karim était un illustre inconnu et avait de ce fait, tout le trac du monde. Mais quelle fut grande sa surprise de constater que le public vibrait avec ses chansons bien qu’il ne fût accompagné que de son luth car l’orchestre appréhendait le fait d’accompagner un jeune chanteur. C’était le déclic et depuis rien ne pouvait l’arrêter si ce n’est la mauvaise conjoncture qui risque de décourager plus d’un artiste. Pourtant, Karim Tadlaoui n’a jamais désarmé et a continué à faire contre mauvaise fortune bon cœur en attendant des jours meilleurs.
Cependant, sa confiance est devenue encore plus grande lorsqu’il s’est découvert un talent indéniable pour la composition. Et il n’y est pas allé de main morte puisque sa première tentative était avec Soumaya Kaissar, celle-là même qui a impressionné Mohamed Abdelwahab au point de composer une chanson spécialement pour elle. Toujours est-il que le projet a été avorté en raison de difficultés notamment au niveau de la production, mais ce n’est pas pour autant que Karim a fait marche-arrière, au contraire.
Pour parfaire sa carrière et investir la scène comme il se doit, il est allé en Egypte tenter sa chance. Mais l’on sait qu’il est difficile de percer dans le pays des Pharaons surtout quand on est de sexe masculin. Karim Tadlaoui se rappelle bien cette époque et finit par constater que dans toute l’histoire de la chanson arabe, le seul étranger qui a pu s’imposer en Egypte était Farid El Atrach.
De retour au Maroc, il a continué à travailler, à chercher de nouvelles mélodies et des phrases musicales originales. Et petit à petit, il se fraye une place et attire l’attention des observateurs et des connaisseurs. C’est ainsi que les téléspectateurs le découvrent dans Studio 2M, où il faisait partie du jury aux côtés d’artistes confirmés. Les téléspectateurs ont vite remarqué la culture musicale de Karim Tadaloui dont les interventions et les évaluations étaient très convaincantes. C’était, en fait, un nouveau départ.
Depuis, il est très sollicité et c’est ainsi qu’il compose une chanson, « Rfig », pour Hasna qui s’est illustrée en interprétant « Marsoul El Hob » de Abdelwahab Doukkali. Une chanson qui a ouvert de nouveaux horizons pour Hasna qui craignait de rester confinée dans l’interprétation des chansons d’autrui.
Karim Tadlaoui a également composé une chanson pour la lauréate de Studio 2M Hasna Zalagh. Une chanson intitulée « Martaha » a été adoptée par « Rotana », ce qui n’est pas une mince affaire.
Mais il reste toujours ce problème sempiternel de la production, car s’il y avait des producteurs professionnels au Maroc, Karim Tadlaoui aurait été beaucoup plus prolifique.
En attendant, il sait qu’il ne peut compter que sur ses propres moyens. C’est pour cela qu’il a décidé de produire son propre album qui, à coup sûr, fera date dans la chanson marocaine. De même, il a à l’idée de préparer un colloque national sur la chanson, et ce pour tenter de mettre le doigt sur les maux de la chanson marocaine moderne. Karim Tadlaoui se produit actuellement au Complexe « Le Manhattan »