A l’instar de la communauté internationale, le Maroc a célébré, le vendredi 15 mars, la Journée mondiale du consommateur. Une célébration qui est intervenue cette année dans une atmosphère tendue caractérisée par un effritement du pouvoir d’achat des consommateurs et d’une recrudescence des pratiques anti-consommation, en l’occurrence les augmentations successives des prix.
En effet, cette année, la confiance des ménages touche à son plus bas niveau au Maroc. Selon, le Haut-commissariat au plan, l’indice des ménages, a sérieusement dégringolé. Une confiance déjà en berne et qui s’est dégradée de plus en plus avec l’arrivée du PJD au pouvoir.
En ce qui concerne la consommation, l’indice de confiance des ménages précise que les intentions de consommation des Marocains sont en baisse constante. Idem pour leur situation financière et leur capacité d’épargne.
Des données qui renseignent sur le stade où se situe le consommateur marocain.
En fait, alors que dans les pays occidentaux, pays où le mouvement de défense du consommateur est assez enraciné, le consommateur est à la recherche de sens et de valeurs dans sa manière de consommer. Au Maroc, pays en voie de développement, le paramètre prix est toujours déterminant et affecte largement le choix du consommateur.
Ce qui est assez normal du fait que cette culture est à ses tout débuts et n’a pas encore pris de l’ampleur. Faute de quoi, le consommateur marocain n’est pas encore considéré comme un acteur majeur du développement. Le faible pouvoir d’achat et l’analphabétisme qui expose à toutes sortes d’abus et de fraudes sont aussi de grands obstacles à l’émergence d’une culture de consumérisme.
Actuellement, le Maroc se trouve encore loin d’une politique de protection des consommateurs. Il compte une dizaine d’associations de défense du consommateur, dont la tâche s’avère difficile. Ces acteurs ont réalisé, ces dernières années, un grand travail de lutte et de sensibilisation mais aussi de formation à ce nouveau «métier» commerce équitable, consommateur vert, boycott, lobbying… Mais ces actions s’avèrent insuffisantes.
Ce mouvement de protection, dont le rôle est essentiel du fait de l’absence d’une volonté officielle allant dans ce sens, faisant abstraction de la rareté des moyens, continue de militer pour mettre un terme aux abus et éviter la confiscation des droits des consommateurs.
Parmi les acquis de ce mouvement qui cherche encore son chemin, on trouve la loi 31.08 édictant les mesures de protection du consommateur, qui est entrée en vigueur en avril 2011, date de sa parution dans le Bulletin officiel.
Depuis lors, plusieurs décrets d’application ont également été adoptés notamment le décret d’application 2-12-503, publié au Bulletin officiel du 3 octobre 2013.
En somme, ce sont plus de 300 textes législatifs et réglementaires organisant et encadrant la protection des consommateurs qui ont été promulgués.
Cependant certains textes ne trouvent pas encore le chemin vers la mise en pratique, voire parfois ne répondent plus ou peu aux attentes des consommateurs, à l’évolution de leurs modes de consommation et à la variation des modes de production et de distribution qu’a connus le Royaume depuis son indépendance.
Pourquoi ? La raison est très simple. Plus d’une quinzaine d’institutions, qui relèvent de plusieurs départements ministériels, partagent la mission de mettre en œuvre cet arsenal juridique et normatif.
Outre le volet juridique qui est à ces débuts, le tissu associatif national est lui aussi à ses premiers pas. En dépit de son militantisme, il manque de professionnalisme et de moyens matériels et humains.
Il est aussi handicapé par le statut juridique que lui reconnaît pourtant actuellement la législation en vigueur.