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« Les corps de deux frères Jadwane et Houcine âgés de 21 et 27 ans et respectivement pères d’un enfant et deux filles n’ont pas encore été inhumés. Ce sujet fait débat entre leurs familles, la population de la ville et les autorités locales. Si certains estiment qu’il faut rapidement les enterrer, d’autres pensent qu’aucune mise en terre ne doit avoir lieu que si une réponse positive est donnée aux revendications sociales de la population», nous a indiqué Bounif, un militant de l’AMDH section-Jerada. En effet, nombreuses sont les demandes de cette dernière qui s’estime lésée et laissée pour compte. « Nous souffrons du chômage, de la pollution, de la pauvreté et de l’exclusion. Nous demandons une solution d’urgence à tous ces maux », a-t-il souligné.
Une situation de morosité économique et sociale qui perdure depuis plusieurs années, selon Hassan Ammari, un acteur associatif de la région. « La situation a toujours été tendue dans la ville. La mort des deux jeunes mineurs de fortune s’inscrit dans un contexte de colère et de protestation qui dure depuis des mois en signe de protestation contre la cherté des prix de l’ électricité et de l’eau potable ainsi que contre la dégradation manifeste des conditions de vie », nous a-t-il précisé. Et de poursuivre : «Les deux défunts sont morts noyés dans des galeries situées à 90 mètres de profondeur. Les éléments de la Protection civile sont intervenus, mais ils n’ont pas pu extraire les dépouilles faute de matériel adéquat. Il a fallu l’intervention de la population qui a, avec peu de moyens, réussi à sortir les corps à l’issue de 24 heures d’efforts inlassables. La mort des deux jeunes hommes a également exacerbé la colère de la population contre les autorités qui ont déjà promis plusieurs projets de développement suite à la fermeture des mines de charbon mais rien n’a été fait jusqu’à aujourd’hui. En fait, la mort semble être le lot des mineurs de fortune mais le drame d’aujourd’hui a pris une autre dimension ». En fait, plusieurs mines ont été fermées en raison de la baisse des prix du charbon au niveau mondial et des promesses de projets de reconversion de la zone pour lutter contre le chômage ont été données. Des années plus tard, aucun projet n’a vu le jour alors que les prix du charbon se sont envolés de nouveau. Pis, au lieu d’examiner la possibilité de réouverture de la mine de Jerada, le wali de la région orientale a décidé d’octroyer des autorisations d’exploitation minière à quelques chanceux et laissé une grande majorité de la population crever la dalle et se dépatouiller avec les éboulements, les coups de grisou et le manque d’oxygène dans les galeries anarchiques creusées sans réels étais et soutènements, pour extraire le charbon à des profondeurs qui frôlent les 80 mètres. Plusieurs décès sont enregistrés chaque année et les maladies pulmonaires sont légion.
Le fantôme d’une mine disparue
Les conditions de travail sont extrêmes, les puits sont creusés artisanalement et stabilisés à l’aide de morceaux de bois récupérés dans la forêt avoisinante. Ces installations de fortune peuvent s’effondrer à tout moment et ensevelir les ouvriers descendus au fond des galeries.
Même si les anciennes mines d’anthracite mises en exploitation en 1927 par les Charbonnages de Jerada devenus Charbonnages du Maroc ont été fermés en 2001, laissant sans emploi les 7.000 ouvriers de la région car "la mine" avait été jugée insuffisamment productive, de l’anthracite continue à en être extraite.
Les employés ont certes été indemnisés, mais trop peu pour survivre dans cette région qui pulvérise tous les records en termes de taux de chômage sur le plan national (24%). Alors, les uns après les autres, les anciens mineurs sont retournés au charbon.
Progressivement, toute la population s’y est mise. Chaque jour, de nouveaux puits sont creusés tout autour de la ville et, chaque jour, le risque de voir de nouveaux morts s’ajouter à la longue liste des décès se confirme.