Instaurer l’égalité genre dans différents domaines et lutter contre toute forme de discrimination


Mourad Tabet
Jeudi 17 Mars 2022

La journée d’étude du Groupe socialiste consacre les recommandations de l’USFP

Instaurer l’égalité genre dans différents domaines et lutter contre toute forme de discrimination
Le Groupe socialiste à la Chambre des représentants a organisé, mardi dernier au siège du Parlement, une journée d’étude à l’occasion de la Journée internationale des femmes,sur« Les politiques publiques intégrant l’égalité ».

Khadouj Slassi : Il existe de multiples facteurs qui limitent l'accès des femmes aux postes de décision
Dans une allocution d’ouverture, Khadouj Slassi, membre du Groupe socialiste et présidente de l’Organisation socialiste des femmes ittihadies (OSFI), a assuré que le Parlement est un espace de débat, d'évaluation et de contrôle des politiques publiques.
Elle a souligné que la lutte contre toutes les formes de discrimination et l'instauration de l'égalité des sexes dans tous les domaines sont des conditions sine qua non pour fonder une «société moderniste et démocratique et un Etat fort», notant que le processus de mise en œuvre des principes de l’égalité dans notre pays dans les domaines de l'emploi, de la santé, de l'éducation, de l'industrie et du commerce est grippé. La députée ittihadie a également mis l’accent sur de nombreuses données qui concernent l'égalité, notamment dans le domaine de l'enseignement supérieur, universitaire et de l'emploi, notant qu'il existe une énorme disparité dans ce sens. Données chiffrées à l’appui, Khadouj Slassi a précisé que «seules 16,2% des femmes dirigent des entreprises marocaines », précisant qu’il existe de multiples facteurs qui limitent l'accès des femmes aux postes de décision. Elle a aussi souligné qu'il y a une évolution lente, timide et peu rassurante en ce qui concerne la mise en œuvre de l'égalité et la présence des femmes dans le champ politique,tout en rappelant que les femmes sont victimes du changement climatique et de l'environnement, indiquant qu'il existe des zones très pauvres où les femmes souffrent de vulnérabilité.

Abderrahim Chahid : Nous tenons à défendre les acquis des femmes et à promouvoir leurs droits
Abderrahim Chahid, président du Groupe socialiste à la Chambre des représentants, a exprimé la volonté de son Groupe parlementaire de continuer à défendre les acquis des femmes et à promouvoir leurs droits en raison de leur rôle essentiel dans le processus de modernisation politique,sociale et culturelle. Il a également souligné que la question féminine est aujourd'hui au cœur du conflit de projets sociétaux diamétralement opposés, et que les femmes sont un acteur décisif dans le renforcement du processus démocratique et développemental de notre pays, et dans la cohésion sociale. Le député ittihadi a estimé que les femmes ont une contribution importante et influente dans la construction institutionnelle, la production économique, l'encadrement éducatif et la socialisation. Il a exprimé ses regrets concernant la montée des courants conservateurs et populistes qui tiennent à enfermer les femmes dans une vision stéréotypée s’inscrivant en faux contre leurs droits réels, en particulier au cours des deux dernières décennies.Il a rappelé, à cet égard, les luttes menées par le Groupe socialiste, l'USFP, l'Organisation socialiste des femmes ittihadies (OSFI) et les organisations féminines au Maroc pour défendre les acquis des femmes et faire face aux régressions en matière de droits des femmes. Le député de l’USFP a rappelé le rôle de premier plan joué par le mouvement féminin dans la défense des acquis des femmes afin d'élargir les domaines de l'équité et de l'égalité, et de mener des réformes visant à établir une parité effective. Il a également rappelé les initiatives de l'USFP et de son Groupe parlementaire visant à soutenir la lutte du mouvement des femmes marocaines pour une participation plus forte et plus large de ces dernières. Il a, dans ce sens, évoqué tout particulièrement le dynamisme réformiste pour faire avancer le statut de la femme durant la période du gouvernement d’Alternance consensuelle, qui s'est caractérisée par l'adoption du «Plan national pour l'intégration de la femme au développement», passant en revue ce qui avait été réalisé dans de nombreux domaines,tels que le système représentatif, le Code de la famille, la loi de la nationalité, le Code du travail, etc. Il a estimé que le processus de modernisation politique a été marqué par une réforme politique fort importante dans l'histoire nationale avec l'adoption de la Constitution de 2011 qui a consacré tout particulièrement les principes d'égalité et de parité. Par ailleurs, le président du Groupe socialiste a appelé à plus de vigilance afin de faire face à d'éventuelles régressions en poursuivant la lutte pour imposer une lecture démocratique et moderniste de la Constitution, et la participation effective des femmes à la vie économique et sociale, compte tenu des fortes répercussions de la pandémie de Covid-19. Il a réitéré l'implication collective dans toutes les initiatives Royales visant à activer le principe de parité conformément aux dispositions constitutionnelles et l'attachement du Maroc à ce principe au niveau international.Il a appelé à saisir l’occasion de la mise en œuvre du nouveau modèle de développement pour le renforcement de la position des femmes en harmonisant le cadre juridique national avec la teneur des conventions et chartes internationales, et en abolissant toutes les lois discriminatoires envers les femmes. Il a également appelé à l'adoption de politiques publiques et de dépenses publiques fondées sur le principe d'égalité, tout en accordant une attention particulière aux droits sociaux fondamentaux, notamment dans les domaines de l'éducation, de la santé, de l'emploi et du logement salubre. Le député socialiste a estimé que la protection des femmes et l'amélioration de leurs conditions occupent une place essentielle dans le nouveau modèle de développement, rappelant la vision politique de l'USFP le concernant, laquelle considère que le développement ne sera réalisé qu'avec la pleine participation des femmes qui constituent un acteur central dans le processus d’édification démocratique et dans le développement de la société toute entière. Abderrahim Chahid a réitéré la volonté du Groupe socialiste, en tant qu'opposition constructive et responsable, de rester fidèle à la cause des femmes et de défendre pleinement leurs droits dans le cadre de sa mission législative et de contrôle au Parlement.

Mohammed Benabdelkader : Aucune mesure discriminatoire ne doit être tolérée dans l'accès à l'emploi et aux postes de décision. Quant au plafond de verre, c’est là un problème lié à la culture plutôt qu'aux lois
Pour sa part, Mohammed Benabdelkader a axé son intervention sur le thème «L’élaboration de l’action publique à la lumière de l’approche genre». Selon lui, l’Etat et les forces vives sont tous unis autour d'un même référentiel, et nous sommes donc passés à un stade où il n'y a plus de débat identitaire ou idéologique sur les droits des femmes, mais plutôt un débat portant uniquement sur les politiques publiques intégrant l’approche genre. «Tout au long de la période allant des années 60 aux années 90, le conflit sur les droits des femmes et les droits humains en général a été un conflit de systèmes de référence », a-t-il soutenu. Et d’étayer sa pensée en précisant:«Je ne prétends pas maintenant qu'il n'y a plus de conflit en ce sens, mais on peut dire que ce n'est plus le principal, et peut-être que l'intensité du conflit sur les systèmes de références identitaires et idéologiques s'est beaucoup atténuée et que cette question a été réglée définitivement. On peut désormais dire que toutes les composantes de l'Etat marocain sont unies autour d'un même référentiel. Aujourd’hui, on ne trouve, dans les lois de la fonction publique, le secteur public et encore moins dans le Code du travail, aucune mesure discriminatoire quant à l'accès à l'emploi et aux postes de décision,sauf ce qu'on appelle le plafond de verre, qui est plus lié à la culture qu'aux lois». Pour cette raison, Mohammed Benabdelkader a estimé que le problème est lié aux politiques publiques intégrant l'égalité. Mohammed Benabdelkader a ajouté qu'il s'agit d'un grand chantier qui a besoin d'une lutte et d'une recherche sur les approches sociales, soulignant que l'émergence de l'approche genre dans l’action publique n'était pas liée à une décision politique de l’Etat, mais a plutôt rapport aux études faites notamment dans les pays anglo-saxons et les pays scandinaves. Il a mis en lumière un ensemble d'études portant sur les politiques en faveur des femmes et l'approche genre dans le domaine social dans de nombreux pays anglo-saxons et en Amérique du Nord. Mohammed Benabdelkader a, par ailleurs, souligné que le Maroc est un pays pionnier dans l'approche genre à travers l'intégration de ladite approche dans la gestion budgétaire.

Ahmed Moufid : L’Etat a fait un effort au niveau législatif pour garantir la participation politique des femmes, mais cela reste insuffisant, car les dispositions avancées des textes législatifs restent parfois lettre morte
Ahmed Moufid, professeur de droit constitutionnel, dans sa présentation «L'égalité à la lumière des lois électorales : Bilan et perspectives », a mis l’accent sur la dimension régionale dans l'intégration de l’approche genre dans les programmes de développement des collectivités territoriales. Il a insisté sur une autre dimension, celle de l'équité, tout en appelant à rechercher des mécanismes pour améliorer la place des femmes dans le champ politique et, principalement, dans les fonctions électives, vu que la participation des femmes à la vie politique constitue l'un des indicateurs pour mesurer le progrès dans un Etat. Ce constitutionnaliste a tenu à rappeler les conventions internationales ratifiées par le Maroc ayant trait à l'égalité et à la reconnaissance des droits des femmes. Il a ajouté que la Constitution de 2011 consacre l'égalité entre les hommes et les femmes dans les droits et libertés civils, politiques et économiques, et que l’Etat cherche à réaliser le principe de la parité entre les sexes. Ahmed Moufid a également passé en revue les textes législatifs relatifs aux échéances électorales, notamment en ce qui concerne les femmes et la question électorale, tout en admettant que l’Etat a fait un effort à cet égard, mais cela reste insuffisant, car les dispositions avancées de ces textes législatifs restent lettre morte (Ahmed Moufid a fait la comparaison entre les lois électorales qui sont fort avancées et le nombre de femme ayant pu accéder aux fonctions électives). Pour cette raison, ce chercheur en droit constitutionnel a appelé à s’attaquer au problème culturel qui entrave que les femmes jouissent pleinement de tous leurs droits consacrés par les textes de loi, y compris la Loi suprême du Royaume. 


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