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de télévision et leurs récits
continuent à faire la Une des
journaux et des sites
d’information. Leur détresse est
devenue un sujet de débat public
mondial. Ce sont les quatre
millions de Syriens qui ont été poussés par la guerre hors des frontières de leur pays. On en compte 1,06 million au Liban, 666.324 en Jordanie, 117.658 en Egypte, 245.022 en Irak et 28.027 en Afrique du Nord (Maroc,
Algérie et Libye).
Dans notre pays, ce sont quelque 3.011 personnes qui ont été
enregistrées par le HCR-Maroc entre janvier 2015 et mars 2016. 221 dossiers ont été déposés
en janvier, 170 en février et 78 en mars. Certaines sources officieuses estiment, par contre, que leur
nombre a été sous-estimé
et qu’il dépasserait
les 5.000. Ils vivotent tant bien
que mal dans les grandes villes marocaines dans l’attente d’un
départ vers l’Europe ou de
lendemains meilleurs chez-nous
ou dans leur pays d’origine.
Pourtant, leur nombre reste limité, voire très limité par rapport à la Turquie qui en compte aujourd’hui 2,7 millions, soit 3,2% de la
population totale turque sans
parler de ceux qui continuent de rallier la Grèce et l’Italie depuis les côtes turques. Comment ces Syriens vivent-ils ? A quoi sont-ils
confrontés ? Quels programmes
et quels moyens
ont-ils été mis en place pour
les accueillir ?
Il faisait très calme ce matin au centre de l’ONG humanitaire Hayata Destek à Istanbul. Seuls les salariés sont présents. Quelques enfants syriens sont en train de jouer dans l’une des salles du premier étage. Il s’agit d’un petit immeuble de deux étages bien meublé situé dans le quartier Küçükçekmece, l’un des trente-neuf districts de la banlieue occidentale d’Istanbul. Un quartier ouvrier dont une grande majorité des habitants sont des immigrants fraîchement arrivés d'Anatolie. Il abrite aujourd’hui 27.419 réfugiés syriens.
Un flux qui ne se tarit pas
« Il y a peu d’affluence le matin. Les familles de ces enfants syriens préfèrent les envoyer travailler dans les usines et les petits ateliers de fabrication de métaux, du textile, etc. En fait, le taux de travail des enfants est en nette augmentation et s’élève à 45% dans le secteur agricole », nous a indiqué Hanzade Germiyanoğlu, responsable dudit centre. Une réalité confirmée par l’Unicef qui a révélé que les enfants représentaient la moitié de 2,7 millions de réfugiés syriens en Turquie et que seulement 325.000 sont inscrits à l’école contre un demi-million qui n’y ont pas accès.
« Les mauvaises conditions de vie, le chômage et la pauvreté poussent ces familles à faire travailler leurs enfants. A noter que ces dernières vivent dans le dénuement le plus total avec 1.500 lira (800 DH) par mois», nous a précisé Hanzade Germiyanoğlu qui en sait bien des choses sur la sujet. En effet, le centre Hayata Destek reçoit depuis le début du conflit syrien des centaines de réfugiés. La ville d’Istanbul a vu leur nombre passer de 203.079 personnes en mars 2015 à 317.079 en juillet 2015 avant d’atteindre 377.181 en février 2016, soit une hausse de 86%. Un sondage a indiqué que le choix de cette ville n’est pas dû au hasard puisque 55% de ces Syriens viennent à Istanbul à cause des opportunités de travail qu’elle offre.
Mais Istanbul n’est pas la seule à accueillir un nombre aussi important de réfugiés syriens, la ville de anlıurfa compte également 389.272 personnes suivies par Hatay avec 385.180. Quant à Gaziantep et Adana, elles comptent respectivement 325.002 et 142.816.
Un quotidien de misère
« Ces Syriens souffrent, entre autres, de traumatismes post-guerre, d’un sentiment d’insécurité et du tiraillement entre leur volonté de rester sur place et celle de retourner au pays sans parler d’une absence de maîtrise de la langue turque. Autre facteur qui rend leur vie pénible : la dispersion des membres d’une même famille entre plusieurs pays », nous a précisé la responsable de centre. Et de poursuivre : « Face à cette situation de détresse, ces Syriens tentent, tant bien que mal, de s’en sortir. Ainsi et pour économiser sur les dépenses liées au logement et à la nourriture, plusieurs familles préfèrent aujourd’hui s’entasser dans une seule maison. On trouve souvent deux, trois ou quatre familles sous le même toit, soit 10 à 16 personnes qui vivent ensemble. Ce regroupement forcé des familles ne se passe pas sans problème puisqu’on assiste depuis peu à l’émergence de cas de mariages forcés de jeunes filles syriennes. Les familles recourent à ce genre d’union pour éviter la proximité entre filles et garçons dans la même maison ».
Selon un document de Hayata Destek, 86% de ces Syriens viennent d’Alep et 62% de Kilis. 30% d’entre eux considèrent le chômage comme leur grand problème et 25% ont déclaré qu’ils ont des problèmes d’accès aux services de santé. 46% d’entre eux ont résidé deux ans et plus en Turquie.
Le même document a indiqué que 25% des Syriens cherchant refuge en Turquie font confiance aux mosquées, 25% aux associations syriennes, 21% aux municipalités, 15% aux chambres de commerce et 8% au gouvernement turc. Et ils sont 29% à moins croire en les institutions internationales (UN, UNHCR, EU…), 14% en les élus, 11% en la police et 6% en les médias.
Encore de l’argent
et des ressources humaines
« On tente tant bien que mal d’apporter notre aide à cette population. En fait, depuis l'arrivée d'un grand nombre de réfugiés en Turquie, Hayata Destek a mis en place un programme de soutien aux réfugiés destiné à répondre à leurs besoins de base et à leur protection. Ce dernier volet est effectué dans les centres communautaires de l'organisation, tels que celui du Küçükçekmece où l’on a atteint plus de 1.400 bénéficiaires des services d'enregistrement, d'éducation, de santé et de soutien psycho-social », nous a indiqué Hanzade Germiyanoğlu. Et de poursuivre : « Une mission qui a fortement impacté notre budget qui est passé de 1 million en 2011 à 12 actuellement et le nombre de nos employés a atteint 30 salariés contre 21 auparavant. Le budget de fonctionnement du centre équivaut à près de 40.000 dollars par mois. Sachant que Hayata Destek est d’abord une agence d'aide humanitaire fondée en 2005 dans l’objectif de travailler avec les communautés. Son action consiste à fournir une aide impartiale de secours d'urgence dans les zones de conflit et à participer à la réhabilitation, la reconstruction et le développement de ces zones ».