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Ce qui l’embarrassait davantage, c’est qu’il ne pouvait s’imaginer, qui était jaloux de son bonheur. Il l’eût compris d’abord s’il eût su que lui et son palais se trouvaient alors en Afrique ; mais le génie esclave de l’anneau ne lui en avait rien dit ; il ne s’en était point informé lui-même. Le seul nom de l’Afrique lui eût rappelé dans sa mémoire le magicien africain, son ennemi déclaré. La princesse Badroulboudour se levait plus matin qu’elle n’avait de coutume, depuis son enlèvement et son transport en Afrique par l’artifice du magicien africain, dont jusqu’alors elle avait été contrainte de supporter la vue une fois chaque jour, parce qu’il était maître du palais ; mais elle l’avait traité si durement chaque fois, qu’il n’avait encore osé prendre la hardiesse de s’y loger. Quand elle fut habillée, une de ses femmes, en regardant au travers d’une jalousie, aperçoit Aladdin. Elle court aussitôt en avertir sa maîtresse.
La princesse, qui ne pouvait croire cette nouvelle, vient vite se présenter à la fenêtre et aperçoit Aladdin. Elle ouvre la jalousie. Au bruit que la princesse fait en l’ouvrant, Aladdin lève la tête, il la reconnaît et il la salue d’un air qui exprimait l’excès de sa joie. « Pour ne pas perdre de temps, lui dit la princesse, on est allé vous ouvrir la porte secrète ; entrez et montez ; » et elle referma la jalousie. La porte secrète était au-dessous de l’appartement de la princesse ; elle se trouva ouverte, et Aladdin monta à l’appartement de la princesse. Il n’est pas possible d’exprimer la joie que ressentirent ces deux époux de se revoir après s’être crus séparés pour jamais. Ils s’embrassèrent plusieurs fois et se donnèrent toutes les marques d’amour et de tendresse qu’on peut s’imaginer après une séparation aussi triste et aussi peu attendue que la leur. Après ces embrassements, mêlés de larmes de joie, ils s’assirent, et Aladdin, en prenant la parole : « Princesse, dit-il, avant de vous entretenir de toute autre chose, je vous supplie, au nom de Dieu, autant pour votre propre intérêt et pour celui du sultan votre respectable père, que pour le mien en particulier, de me dire ce qu’est devenue une vieille lampe que j’avais mise sur la corniche du salon à vingt-quatre croisées, avant d’aller à la chasse.
(A suivre)