Histoire d’Aladdin ou la lampe merveilleuse


Libé
Jeudi 3 Octobre 2013

Histoire d’Aladdin ou la lampe merveilleuse
La nouvelle d’une merveille aussi surprenante fut répandue par tout le palais en très-peu de temps. Le grand vizir, qui était arrivé jusqu’à l’ouverture de la porte du palais, n’avait pas été moins surpris de cette nouveauté que les autres. Il en fit part au sultan le premier ; mais il voulut lui faire passer la chose pour un enchantement. « Vizir, reprit le sultan, pourquoi voulez-vous que ce soit un enchantement ? Vous savez aussi bien que moi que c’est le palais qu’Aladdin a fait bâtir, par la permission que je lui en ai donnée en votre présence, pour loger la princesse ma fille.
Après l’échantillon de ses richesses que nous avons vu, pouvons-nous trouver étrange qu’il ait fait bâtir ce palais en si peu de temps? Il a voulu nous surprendre et nous faire voir qu’avec de l’argent comptant on peut faire de ces miracles d’un jour à un autre. Avouez avec moi que l’enchantement dont vous avez voulu parler vient d’un peu de jalousie. » L’heure d’entrer au conseil l’empêcha de continuer ce discours plus longtemps. Quand Aladdin eut été reporté chez lui et qu’il eut congédié le génie, il trouva que sa mère était levée et qu’elle commençait à se parer d’un des habits qu’il lui avait fait apporter.
A peu près vers le temps que le sultan venait de sortir du conseil, Aladdin disposa sa mère à aller au palais avec les mêmes femmes esclaves qui lui étaient venues par le ministère du génie. Il la pria, si elle voyait le sultan, de lui marquer qu’elle venait pour avoir l’honneur d’accompagner la princesse, vers le soir, quand elle serait en état de passer à son palais. Elle partit ; mais quoiqu’elle et ses femmes esclaves qui la suivaient fussent habillées en sultanes, la foule néanmoins fut d’autant moins grande à les voir passer qu’elles étaient voilées, et qu’un surtout convenable couvrait la richesse et la magnificence de leurs habillements.
Pour ce qui est d’Aladdin, il monta à cheval, et après être sorti de sa maison paternelle pour n’y plus revenir, sans avoir oublié la lampe merveilleuse, dont le secours lui avait été si avantageux pour parvenir au comble de son bonheur, il se rendit publiquement à son palais avec la même pompe qu’il était allé se présenter au sultan le jour de devant. Dès que les portiers du palais du sultan eurent aperçu la mère d’Aladdin qui venait, ils en avertirent le sultan. Aussitôt l’ordre fut donné aux troupes de trompettes, de timbales, de fifres et de hautbois, qui étaient déjà postées en différents endroits des terrasses du palais, et en un moment l’air retentit de fanfares et de concerts, qui annoncèrent la joie à toute la ville. Les marchands commencèrent à parer leurs boutiques de beaux tapis, de coussins et de feuillages, et à préparer des illuminations pour la nuit.
Les artisans quittèrent leur travail, et le peuple se rendit avec empressement à la grande place, qui se trouva alors entre le palais du sultan et celui d’Aladdin. Ce dernier attira d’abord leur admiration, non pas tant à cause qu’ils étaient accoutumés à voir celui du sultan, que parce que celui du sultan ne pouvait entrer en comparaison avec celui d’Aladdin. Mais le sujet de leur plus grand étonnement fut de ne pouvoir comprendre par quelle merveille inouïe ils voyaient un palais si magnifique dans un lieu où, le jour d’auparavant, il n’y avait ni matériaux ni fondements préparés.
La mère d’Aladdin fut reçue dans le palais avec honneur, et introduite dans l’appartement de la princesse Badroulboudour par le chef des eunuques.
Aussitôt que la princesse l’aperçut, elle alla l’embrasser, et lui fit prendre place sur son sofa, et pendant que ses femmes achevaient de l’habiller et de la parer des joyaux les plus précieux dont Aladdin lui avait fait présent, elle la fit régaler d’une collation magnifique. Le sultan, qui venait pour être auprès de la princesse sa fille le plus de temps qu’il pourrait avant qu’elle se séparât d’avec lui pour aller au palais d’Aladdin, lui fit aussi de grands honneurs. La mère d’Aladdin avait parlé plusieurs fois au sultan en public, mais il ne l’avait point encore vue sans voile comme elle était alors.
 (A suivre)


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