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Le soleil venait de se coucher quand Aladdin acheva de charger le génie de la construction du palais qu’il avait imaginé. Le lendemain matin, à la petite pointe du jour, Aladdin, à qui l’amour de la princesse ne permettait pas de dormir tranquillement, était à peine levé que le génie se présenta à lui. « Seigneur, dit-il, votre palais est achevé, venez voir si vous en êtes content. » Aladdin n’eut pas plutôt témoigné qu’il le voulait bien, que le génie l’y transporta en un instant. Aladdin le trouva si fort au-dessus de son attente qu’il ne pouvait assez l’admirer.
Le génie le conduisit en tous les endroits, et partout il ne trouva que richesses, que propreté et que magnificence, avec des officiers et des esclaves, tous habillés selon leur rang et selon les services auxquels ils étaient destinés. Il ne manqua pas, comme une des choses principales, de lui faire voir le trésor, dont la porte fut ouverte par le trésorier, et Aladdin y vit des tas de bourses de différentes grandeurs, selon les sommes qu’elles contenaient, élevés jusqu’à la voûte et disposés dans un arrangement qui faisait plaisir à voir. En sortant, le génie l’assura de la fidélité du trésorier. Il le mena ensuite aux écuries, et là il lui fit remarquer les plus beaux chevaux qu’il y eût au monde, et les palefreniers dans un grand mouvement, occupés à les panser. Il le fit passer ensuite par des magasins remplis de toutes les provisions nécessaires, tant pour les ornements des chevaux que pour leur nourriture.
Quand Aladdin eut examiné tout le palais d’appartement en appartement, et de pièce en pièce, depuis le haut jusqu’au bas, et particulièrement le salon à vingt-quatre croisées, et qu’il y eut trouvé des richesses et de la magnificence, avec toutes sortes de commodités au-delà de ce qu’il s’en était promis, il dit au génie : « Génie, on ne peut être plus content que je le suis, et j’aurais tort de me plaindre. Il reste une seule chose dont je ne t’ai rien dit parce que je ne m’en étais pas avisé, c’est d’étendre, depuis la porte de l’appartement destiné à la princesse dans ce palais-ci, un tapis du plus beau velours, afin qu’elle marche dessus en venant du palais du sultan.
– Je reviens dans un moment, dit le génie. » Et comme il eut disparu, peu de temps après Aladdin fut étonné de voir ce qu’il avait souhaité exécuté, sans savoir comment cela s’était fait. Le génie reparut, et il reporta Aladdin chez lui dans le temps qu’on ouvrait la porte du palais du sultan. Les portiers du palais, qui venaient d’ouvrir la porte et qui avaient toujours eu la vue libre du côté où était alors celui d’Aladdin, furent fort étonnés de la voir bornée et de voir un tapis de velours qui venait de ce côté-là jusqu’à la porte de celui du sultan. Ils ne distinguèrent d’abord pas bien ce que c’était. Mais leur surprise augmenta quand ils eurent aperçu distinctement le superbe palais d’Aladdin.
(A suivre)