Histoire d’Aladdin ou la lampe merveilleuse


Libé
Samedi 28 Septembre 2013

Histoire d’Aladdin ou la lampe merveilleuse
Quand il eut achevé, le génie le reporta chez lui dans la même chambre où il l’avait pris. Alors il lui demanda s’il avait autre chose à lui commander. « Oui, répondit Aladdin, j’attends de toi que tu m’amènes au plus tôt un cheval qui surpasse en beauté et en bonté le cheval le plus estimé qui soit dans l’écurie du sultan, dont la housse, la selle, la bride et tout le harnais vaillent plus d’un million. Je demande aussi que tu me fasses venir en même temps vingt esclaves habillés aussi richement et aussi lestement que ceux qui ont apporté le présent, pour marcher à mes côtés et à ma suite en troupe, et vingt autres semblables pour marcher devant moi en deux files. Fais venir aussi à ma mère six femmes esclaves pour la servir, chacune habillée aussi richement au moins que les femmes esclaves de la princesse Badroulboudour, et chargées chacune d’un habit complet, aussi magnifique et aussi pompeux que pour la sultane.
J’ai besoin aussi de dix mille pièces d’or en dix bourses. Voilà, ajouta-t-il, ce que j’avais à te commander : va, et fais diligence. » Dès qu’Aladdin eut achevé de donner ces ordres au génie, le génie disparut, et bientôt après il se fit revoir avec le cheval, avec les quarante esclaves, dont dix portaient chacun une bourse de mille pièces d’or, et avec six femmes esclaves, chargées sur la tête, chacune d’un habit différent pour la mère d’Aladdin, enveloppé dans une toile d’argent, et le génie présenta le tout à Aladdin.
Des dix bourses, Aladdin n’en prit que quatre, qu’il donna à sa mère, en lui disant que c’était pour s’en servir dans ses besoins. Il laissa les six autres entre les mains des esclaves qui les portaient, avec ordre de les garder et de les jeter au peuple par poignées, en passant par les rues, dans la marche qu’ils devaient faire pour se rendre au palais du sultan. Il ordonna aussi qu’ils marcheraient devant lui avec les autres, trois à droite et trois à gauche. Il présenta enfin à sa mère les six femmes esclaves, en lui disant qu’elles étaient à elle et qu’elle pouvait s’en servir comme leur maîtresse, et que les habits qu’elles avaient apportés étaient pour son usage.
 Quand Aladdin eut disposé toutes ses affaires, il dit au génie en le congédiant qu’il l’appellerait quand il aurait besoin de son service, et le génie disparut aussitôt. Alors Aladdin ne songea plus qu’à répondre au plus tôt au désir que le sultan avait témoigné de le voir. Il dépêcha au palais un des quarante esclaves, je ne dirai pas le mieux fait, ils l’étaient tous également, avec ordre de s’adresser au chef des huissiers et de lui demander quand il pourrait avoir l’honneur d’aller se jeter aux pieds du sultan. L’esclave ne fut pas longtemps à s’acquitter de son message ; il apporta pour réponse que le sultan l’attendait avec impatience.
Aladdin ne différa pas de monter à cheval et de se mettre en marche dans l’ordre que nous avons marqué. Quoique jamais il n’eût monté à cheval, il y parut néanmoins pour la première fois avec tant de bonne grâce, que le cavalier le plus expérimenté ne l’eût pas pris pour un novice.
Les rues par où il passa furent remplies presque en un moment d’une foule innombrable de peuple qui faisait retentir l’air d’acclamations, de cris d’admiration et de bénédictions, chaque fois particulièrement que les six esclaves qui avaient les bourses faisaient voler des poignées de pièces en l’air, à droite et à gauche. Ces acclamations néanmoins ne venaient pas de la part de ceux qui se poussaient et qui se baissaient pour ramasser de ces pièces, mais de ceux qui, d’un rang au-dessus du menu peuple, ne pouvaient s’empêcher de donner publiquement à la libéralité d’Aladdin les louanges qu’elle méritait. Non-seulement ceux qui se souvenaient de l’avoir vu jouer dans les rues, dans un âge déjà avancé, comme un vagabond, ne le reconnaissaient plus, ceux mêmes qui l’avaient vu il n’y avait pas longtemps avaient peine à le reconnaître, tant il avait les traits changés.
(A suivre)


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