Histoire d’Aladdin ou la lampe merveilleuse


Libé
Mardi 24 Septembre 2013

Histoire d’Aladdin ou la lampe merveilleuse
La mère d’Aladdin se prosterna encore devant le trône du sultan, et elle se retira. Dans le chemin, elle riait en elle-même de la folle imagination de son fils. « Vraiment, disait-elle, où trouvera-t-il tant de bassins d’or et une si grande quantité de ces verres colorés pour les remplir ? Retournera-t-il dans le souterrain, dont l’entrée est bouchée, pour en cueillir aux arbres ? Et tous ces esclaves tournés comme le sultan les demande, où les prendra-t-il ? Le voilà bien éloigné de sa prétention, et je crois qu’il ne sera guère content de mon ambassade. »
Quand elle fut rentrée chez elle, l’esprit rempli de toutes ces pensées qui lui faisaient croire qu’Aladdin n’avait plus rien à espérer : « Mon fils, lui dit-elle, je vous conseille de ne plus penser au mariage de la princesse Badroulboudour. Le sultan, à la vérité, m’a reçue avec beaucoup de bonté, et je crois qu’il était bien intentionné pour vous ; mais le grand vizir, si je ne me trompe, lui a fait changer de sentiment, et vous pouvez le présumer comme moi sur ce que vous allez entendre. Après avoir représenté à Sa Majesté que les trois mois étaient expirés, et que je le priais, de votre part, de se souvenir de sa promesse, je remarquai qu’il ne me fit la réponse que je vais vous dire qu’après avoir parlé bas quelque temps avec le grand vizir. »
La mère d’Aladdin fit un récit très exact à son fils de tout ce que le sultan lui avait dit, et des conditions auxquelles il consentirait au mariage de la princesse sa fille avec lui. En finissant : « Mon fils, lui dit-elle, il attend votre réponse ; mais, entre nous, continua-t-elle en souriant, je crois qu’il l’attendra longtemps. « Pas si longtemps que vous croiriez bien, ma mère, reprit Aladdin ; et le sultan se trompe lui-même s’il a cru, par ses demandes exorbitantes, me mettre hors d’état de songer à la princesse Badroulboudour. Je m’attendais à d’autres difficultés insurmontables, ou qu’il mettrait mon incomparable princesse à un prix beaucoup plus haut. Mais à présent je suis content, et ce qu’il me demande est peu de chose en comparaison de ce que je serais en état de lui donner pour en obtenir la possession. Pendant que je vais songer à le satisfaire, allez nous chercher de quoi dîner, et laissez-moi faire. »
Dès que la mère d’Aladdin fut sortie pour aller à la provision, Aladdin prit la lampe et il la frotta.
Dans l’instant le génie se présente devant lui, et, dans les mêmes termes que nous avons déjà rapportés, il lui demanda ce qu’il avait à lui commander, en marquant qu’il était prêt à le servir. Aladdin lui dit : « Le sultan me donne la princesse sa fille en mariage ; mais auparavant il me demande quarante grands bassins d’or massif et bien pesants, pleins à comble des fruits du jardin où j’ai pris la lampe dont tu es esclave.
Il exige aussi de moi que ces quarante bassins d’or soient portés par autant d’esclaves noirs, précédés par quarante esclaves blancs, jeunes, bien faits, de belle taille et habillés très richement. Va, et amène-moi ce présent au plus tôt, afin que je l’envoie au sultan avant qu’il lève la séance du divan. »
Le génie lui dit que son commandement allait être exécuté incessamment, et il disparut. Très peu de temps après, le génie se fit revoir accompagné des quarante esclaves noirs, chacun chargé d’un bassin d’or massif du poids de vingt marcs sur la tête, plein de perles, de diamants, de rubis et d’émeraudes mieux choisies, même pour la beauté et pour la grosseur, que celles qui avaient déjà été présentées au sultan. Chaque bassin était couvert d’une toile d’argent à fleurons d’or. Tous ces esclaves, tant noirs que blancs, avec les plats d’or, occupaient presque toute la maison, qui était assez médiocre, avec une petite cour sur le devant et un petit jardin sur le derrière. Le génie demanda à Aladdin s’il était content et s’il avait encore quelque autre commandement à lui faire.


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