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« Mais, continua-t-elle, mon fils, bien loin d’en profiter et de reconnaître sa hardiesse, s’était obstiné à y persévérer jusqu’au point de me menacer de quelque action de désespoir si je refusais de venir demander la princesse en mariage à Votre Majesté, et ce n’a été qu’après m’être fait une violence extrême que j’ai été contrainte d’avoir cette complaisance pour lui, de quoi je supplie encore une fois Votre Majesté de m’accorder le pardon, non-seulement à moi, mais même à Aladdin mon fils, d’avoir eu la pensée téméraire d’aspirer à une si haute alliance. » Le sultan écouta tout ce discours avec beaucoup de douceur et de bonté, sans donner aucune marque de colère ou d’indignation, et même sans prendre la demande en raillerie. Mais avant de donner réponse à cette bonne femme, il lui demanda ce que c’était ce qu’elle avait apporté enveloppé dans un linge. Aussitôt elle prit le vase de porcelaine, qu’elle avait mis au pied du trône avant de se prosterner, elle le découvrit et le présenta au sultan.
On ne saurait exprimer la surprise et l’étonnement du sultan lorsqu’il vit rassemblées dans ce vase tant de pierreries si considérables, si précieuses, si parfaites, si éclatantes, et d’une grosseur dont il n’avait point encore vu de pareilles. Il resta quelque temps dans une si grande admiration qu’il en était immobile. Après être enfin revenu à lui, il reçut le présent des mains de la mère d’Aladdin, en s’écriant avec un transport de joie : « Ah ! que cela est beau ! que cela est riche ! » Après avoir admiré et manié presque toutes les pierreries l’une après l’autre, en les prisant chacune par l’endroit qui les distinguait, il se tourna du côté de son grand vizir, et, en lui montrant le vase : « Vois, dit-il, et conviens qu’on ne peut rien voir au monde de plus riche et de plus parfait. » Le vizir en fut charmé. « Eh bien ! continua le sultan, que dis-tu d’un tel présent ? N’est-il pas digne de la princesse ma fille, et ne puis-je pas la donner, à ce prix-là, à celui qui me la fait demander ? » Ces paroles mirent le grand vizir dans une étrange agitation.
(A suivre)