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Dès lors, pour se procurer de l'hydroxychloroquine et notamment le fameux médicament dit Plaquenil, dont la boîte de 30 comprimés coûte 51,10 DH, il suffira au patient de se rendre en pharmacie muni d’un test positif au coronavirus et d’une ordonnance. Jusqu’ici tout va bien, d’autant que les médecins libéraux pourraient avoir la possibilité de suivre leurs patients contaminés, isolés à domicile. Oui mais voilà, les choses ne sont pas aussi simples que cela. D’abord, le Plaquenil n’est pas uniquement utilisé pour combattre le Covid-19.
Par conséquent, il y a une crainte quant à sa disponibilité pour traiter d’autres maladies. Ensuite, comment faire semblant de ne pas être au courant de la nouvelle méta-analyse indiquant que l’hydroxychloroquine augmente la mortalité avec l’azithromycine ?
Depuis le début de l’épidémie, les hésitations des autorités sanitaires marocaines ne se comptent plus. Pourtant, il ne leur a pas fallu bien longtemps pour jeter leur dévolu sur l’hydrochloroquine.
En effet, le Maroc a administré aux patients Covid+ ce traitement qui a longtemps divisé le monde. Comme la prise du médicament se faisait sous surveillance médicale, il n’y avait pas de crainte concernant notamment un surdosage, comme cela a été observé aux Etats-Unis. Mais maintenant que la situation a changé du tout au tout, ce risque se fait de plus en plus pesant, tout comme celui de la disponibilité du médicament dans le cadre d’un traitement d'appoint ou de prévention des rechutes des lupus systémiques par exemple. Une maladie chronique autoimmune considérée comme l’une des premières causes de réduction de la mobilité physique et de mortalité chez les femmes jeunes au Maroc où plus de 20.000 d’entre elles en sont atteintes.
L’autre problématique liée à l’hydrochloroquine tient plus dans le fond que dans la forme. En effet, l’efficacité de ce traitement n’est toujours pas tranchée. De nouvelles recherches scientifiques prennent ses partisans à contre-pied. Comme d’habitude, deux hypothèses s’entrechoquent. Il y a, d’un côté, des chercheurs belges et italiens qui estiment que l'hydroxychloroquine permet une réduction de 30 % de la mortalité face au Covid-19. Et de l’autre, la Société de pathologie infectieuse de langue française expliquant récemment par le biais d’un communiqué que « d’une part, la prescription de l'hydroxychloroquine aux patients atteints de Covid-19 n'a pas fait la preuve de son efficacité » et, d’autre part, «les études rigoureuses réalisées par des équipes, sans a priori, au niveau international, ont toutes conclu sur l'absence de bénéfice, tandis que le risque de décès lié à un mauvais usage est, lui, parfaitement avéré».
Dans ce cas-là, qui croire ? « Futura-sciences », un portail web d'information a fait écho d’une méta-analyse, autrement dit, une méthode scientifique systématique combinant les résultats d'une série d'études indépendantes sur un problème donné, selon un protocole reproductible. Cette dernière, produite par un collectif intitulé « No Fake Science », publiée dans la revue médicale mensuelle, « Clinical Microbiology and Infection (CMI) », fait état de nouveaux arguments qui corroborent à la fois l’idée selon laquelle l'hydroxychloroquine n'apporte pas de bénéfice contre le Covid-19, et que son usage en conjonction avec l'azithromycine augmenterait la mortalité. Bref, vous l’aurez deviné, ce dont on peut être sûr, c’est que l’on est sûr de rien. Car depuis le début de l’épidémie, les scientifiques se rejoignent autant qu’ils se contredisent. Maintenant, le remède miracle ne serait plus l’hydrochloroquine mais plutôt les corticoïdes. Or, ces mêmes corticoïdes « n’ont pas montré de bénéfice lors d’infections virales, y compris à d’autres coronavirus ; ils sont à éviter, sauf s’ils sont prescrits pour une autre indication», d’après la revue médicale suisse. En somme, ces hésitations et contradictions confirment que le nouveau coronavirus n’a pas encore livré tous ses secrets.
Chady Chaabi