Haftar chez son allié grec avant la conférence de Berlin


Samedi 18 Janvier 2020

Le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'est de la Libye qui s'oppose au gouvernement de Tripoli, a entamé vendredi un nouveau round d'entretiens à Athènes, lors d'une halte surprise chez son allié deux jours avant la conférence de paix de Berlin à laquelle le gouvernement grec exige de participer.
La Grèce n'a cessé de renforcer ses relations avec le maréchal Haftar après la signature d'un accord controversé sur le partage des eaux en Méditerranée entre la Turquie et le gouvernement de Tripoli.
La Libye, qui dispose des plus importantes réserves africaines de pétrole, est minée par les violences et les luttes de pouvoir depuis la chute et la mort en 2011 du dictateur Mouammar Kadhafi, après une révolte populaire et une intervention militaire menée par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
Les forces du maréchal Haftar ont lancé en avril 2019 une offensive pour tenter de s'emparer de Tripoli. Plus de 280 civils ont été tués depuis, de même que plus de 2.000 combattants, selon l'ONU. Quelque 146.000 Libyens ont dû fuir les combats. Une cessation des hostilités, globalement respectée, est en vigueur depuis dimanche.
Dès son arrivée surprise jeudi soir à Athènes à bord d'un avion privé, le maréchal Haftar s'était rendu dans un hôtel de la capitale où il a rencontré le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias pour de premiers entretiens, selon les images diffusées par les télévisions locales.
Il a été accueilli vendredi matin par le même Nikos Dendias sur le perron du ministère grec des Affaires étrangères où les deux hommes ont entamé de nouveaux entretiens, après une poignée de main devant les médias. Haftar avait déjà rencontré Dendias le mois dernier dans son fief de Benghazi, dans l'est de la Libye.
Le maréchal devait également être reçu en début d’après-midi par le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis dans son bureau du parlement, ont indiqué des sources proches des discussions.
Au grand dam de son gouvernement, la Grèce n'a pas été jusqu'ici invitée à la conférence de Berlin, malgré ses pressions pour y participer. Cette conférence vise à lancer un processus de paix en Libye sous l'égide de l'ONU.
"La Grèce va continuer à faire pression pour participer" à la conférence de Berlin, estimant que le pays a un rôle à jouer dans "toutes les procédures concernant la région" de Méditerranée, a indiqué jeudi Stelios Petsas, porte-parole du gouvernement grec.
Athènes s'oppose aux accords conclus le 27 novembre par le chef du Gouvernement d'union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, et par le président turc Recep Tayyip Erdogan, principal soutien de M. Sarraj face au maréchal Haftar.
Ces accords permettent à la Turquie de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale. M. Erdogan a déclaré jeudi que son pays allait commencer "dès que possible" à faire des forages dans ces zones contestées riches en hydrocarbures.
Dans un communiqué commun publié il y a une semaine, Chypre, l'Egypte, la France et la Grèce ont jugé ces accords "nuls et non avenus".
Le Premier ministre grec a averti jeudi que la Grèce mettrait son veto au sein de l'Union européenne à tout accord de paix en Libye si les accords Ankara-Tripoli ne sont pas annulés. Il a aussi déclaré qu'exclure la Grèce de la conférence de Berlin était "une erreur".
Ankara soutient militairement le gouvernement de M. Sarraj et a annoncé l'envoi de troupes en Libye pour l'aider à repousser les assauts des forces du maréchal Haftar. Celui-ci bénéficie de l'appui des Emirats arabes unis et de l'Egypte, deux adversaires de la Turquie.
M. Sarraj a confirmé jeudi, via son service de presse à Tripoli, qu'il participerait à la conférence de Berlin.
M. Haftar s'est dit prêt sur le principe à s'y rendre lui aussi.
Le maréchal Haftar avait quitté dimanche Moscou sans signer l'accord de cessez-le-feu après des discussions organisées sous l'égide de la Russie, qui soutient Khalifa Haftar, et de la Turquie, alliée du camp Sarraj.
M. Sarraj a, lui, signé l'accord de cessez-le-feu. MM. Haftar et Sarraj ne se sont pas directement rencontrés à Moscou.
Plusieurs pays seront représentés à Berlin, dont la Russie, la Turquie, les Etats-Unis, la Chine, l'Italie et la France. Le département d'Etat américain a indiqué que le secrétaire d'Etat Mike Pompeo serait présent.

L’appel d’Antonio Guterres

Le secrétaire général de l'ONU a appelé mercredi "à soutenir fermement" la conférence de paix pour la Libye dimanche à Berlin, alors que le chef de la diplomatie allemande se rend à Benghazi pour rencontrer l'homme fort de l'est libyen, Khalifa Haftar.
Antonio Guterres a également invité les belligérants à confirmer la cessation des hostilités, dans un rapport remis au Conseil de sécurité.
"J'exhorte toutes les parties belligérantes à consolider rapidement la cessation sans condition des hostilités développée sous les auspices des présidents de la Russie et de la Turquie et à s'engager de manière constructive à cette fin, y compris dans le cadre du processus de Berlin", a écrit M. Guterres dans ce document obtenu par l'AFP.
En vue de la conférence prévue dimanche à Berlin, le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a annoncé jeudi une visite surprise à Benghazi (est), affirmant avant son départ qu'une "fenêtre" s'ouvrait pour faire cesser les ingérences étrangères dans le conflit.
"J'espère que toutes les parties vont saisir cette occasion de remettre l'avenir de la Libye entre les mains libyennes", a ajouté M. Maas, qui doit rencontrer le maréchal Haftar et effectue ce déplacement après avoir déjà vu la semaine dernière le chef du gouvernement d'union (GNA), Fayez al-Sarraj.
"Pour cela la disposition (de chacun) à un véritable cessez-le-feu et la participation des deux parties en conflit au format de dialogue proposé par les Nations unies sont requises", a-t-il insisté, précisant que c'était "dans l'intérêt de la population libyenne".

 


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