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Que s’est-il passé pour que les membres du Conseil optent définitivement pour la mise à mort du système antérieur ? Difficile de répondre puisque le téléphone du CSEFRS ainsi que ceux de plusieurs de ses membres étaient vendredi aux abonnés absents. De son côté, Mohamed Kerkab, professeur en économie et expert en gestion universitaire, avance deux arguments pour expliquer ce changement de position. «Le Maroc est aujourd’hui fortement endetté et l’annulation de la gratuité pourrait bien avoir été envisagée comme une réponse à cet étranglement financier », nous a-t-il expliqué. Et d’ajouter : «Le retour du PJD aux commandes de l’Etat explique également ce revirement du CSEFRS ».
Pourtant, pour notre source, les vraies questions sont ailleurs. D’abord, de quoi parle la recommandation du CSEFRS? «Jusqu’à présent, personne ne sait de quoi il s’agit. S’agit-il de frais d’inscription pour l’accès à l’enseignement supérieur et, ultérieurement, aux lycées ou de frais de scolarité? Une question de grande importance puisque dans les expériences des pays développés, les étudiants paient uniquement les frais d’inscription et assurances », nous a-t-elle indiqué. Ensuite, qui sont les catégories d’étudiants et élèves concernées par le paiement de ces frais et quels seront les critères d’identification de ceux qui en seront dispensés? «Les assujettis au paiement seront-ils issus des classes aisées uniquement ou cette mesure va-t-elle inclure les enfants issus de la classe moyenne? Et qu’en est-il des enfants issus des familles pauvres, voire du monde rural et des petites localités dépourvues des structures de formation idoines?», s’est-elle demandée. Et enfin qu’en est-il du montant de ces frais? « En Allemagne, les frais de scolarité se montent jusqu’à 1.000 euros par an. En Suisse, il faut compter près de 1.200 euros annuellement et 1.500 en France. Jusqu’à quelle hauteur peut-ont aller au Maroc, sachant qu’un nombre important de familles ne peuvent débourser plus de 1.000 DH par an ?».
En attendant les réponses à ces questions, Mohamed Kerkab considère la décision d’annuler la gratuité de l’enseignement public comme absurde et grave. «Comment se fait-il que l’Exécutif et en premier lieu son parti majoritaire, aient plaidé pour une telle mesure alors que ses membres ainsi qu’une grande partie de l’élite marocaine sont issus de l’enseignement public gratuit?», s’est-il interrogé. Et de préciser : «Cette décision est des plus absurdes puisque les pouvoirs publics tentent de mettre la charrue avant les bœufs. En effet, tout le monde connaît la situation épouvantable de notre enseignement et nos décideurs auraient dû penser d’abord à améliorer la qualité de notre système éducatif avant d’exiger d’éventuels frais de scolarité».
Cette décision est également grave, selon notre source, puisqu’elle risque de faire croître davantage le nombre d’abandons et de décrochages scolaires. Pis, le Maroc risque de connaître une pénurie de diplômés et de cadres. «Qu’adviendra-t-il du Maroc en pareil moment? Est-ce qu’on va importer des compétences de l’étranger? C’est aux pouvoirs publics de répondre à cette question», a conclu notre source.
Quid de la gratuité ?
L’enseignement public gratuit que nombre d’économistes et de sociologues de premier plan assimilent à un investissement productif et à un moteur de croissance est donc reconnu par tous comme ayant un impact positif dans les domaines économique, social, politique et démographique.
Au niveau économique, il permet aux individus d’acquérir les compétences nécessaires, d'améliorer leur productivité et d'augmenter leurs revenus et leurs chances d'employabilité.
Au niveau des Etats, il permet l'amélioration de la compétitivité et de l’attractivité de l'économie nationale grâce à la disponibilité d'un stock de capital humain qualifié.
Au niveau social, ce type d’enseignement inclusif permet l'intégration et l'égalité entre les individus, que ce soit au point de vue genre (homme/femme) qu’au niveau de la gestion du territoire (milieu urbain/milieu rural).
Au niveau politique, il permet une meilleure implication des individus dans la gestion des affaires nationales et locales.
Il est donc, et sans conteste, l’une des clés de voûte les plus importantes de la réussite économique des pays où il a été institutionnalisé.
Il demeure néanmoins nécessaire de faire montre de courage politique, de le réformer en profondeur et de le hisser au diapason des défis que notre pays se doit de relever. Ce qui induit d’initier avec diligence la refonte de notre système éducatif, de réduire de manière considérable les écarts de résultats entre les écoles et autres instituts, de faire remonter le niveau des établissements les moins performants et d’améliorer à la fois les performances d’ensemble et l’égalité des chances. Ce qui ne manquera pas de remettre en lumière les incontournables questions qui fâchent, à savoir les objectifs véritablement recherchés et les modes de gouvernance du système.
H.T