Former, mais pourquoi faire ? Benmokhtar et Benkirane s’allient pour étouffer les espoirs des enseignants-stagiaires


Hassan Bentaleb
Samedi 21 Novembre 2015

Le gouvernement Benkirane fait preuve d’entêtement. Il ne compte pas revenir sur sa décision en mettant un terme à son refus d’intégration automatique des enseignants stagiaires dans la Fonction publique qui est en vigueur depuis des décennies. Mustapha Khalfi, ministre de la Communication, l’a réaffirmé en qualifiant cette mesure inique de «réforme importante».
Intervenant lors d’une conférence de presse à l’issue du Conseil de gouvernement de jeudi dernier, il a indiqué que le retrait des deux décrets de Rachid Benmokhtar n’aura pas lieu, arguant même que la mesure en question va permettre d’augmenter le nombre de diplômés des instituts de formation relevant du ministère de l’Education nationale et de multiplier leurs chances d’accéder à la Fonction publique ou à l’enseignement privé. «La formation ne sera plus limitée aux seules personnes qui seront recrutées dans la Fonction publique, ce qui renforcera et consolidera la qualité des formations dispensées dans ces centres», a-t-il lancé tout en appelant les enseignants-stagiaires à regagner les centres de formation et à cesser de  boycotter les cours pour réclamer le retrait des deux décrets incriminés.
Le porte-parole du gouvernement estime d’ailleurs qu’ils  sont dans le tort puisqu’ils connaissaient préalablement les conditions d’accès auxdits centres et à la Fonction publique en précisant que les conditions qui leur ont été imposées étaient claires, notamment en ce qui concerne la séparation entre la formation et le recrutement.
Des propos qui ont été repris à la lettre par le chef du gouvernement qui a déclaré vendredi dernier lors de la cérémonie de signature de l’accord relatif à la formation de 25.000 diplômés chômeurs, qu’il ne faut pas lier la formation au recrutement automatique dans la Fonction publique et que les candidats doivent passer un concours de sélection. Selon lui, la Fonction publique se serait transformée en un véritable fardeau pour l’Etat  puisqu’elle est devenue improductive à l’inverse du secteur privé qui crée des postes d’emploi sans plomber le budget de l’Etat.
Du côté de Rachid Benmokhtar, c’est silence radio. Pis, le ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle évite tout débat sur les deux décrets en question comme ce fut le cas dernièrement au Parlement où il s’est contenté de jouer avec son smartphone et d’afficher un air indifférent alors qu’il se devait de répondre à une question orale des élus de la Nation sur ce sujet. En fait, il n’a rien à dire puisqu’il s’estime investi d’une mission irréfragable et qu’il n’a de comptes à rendre à qui que ce soit.
Pourtant, ni le chef du gouvernement ni son ministre de la Communication encore moins celui de l’Education nationale n’ont eu le courage d’expliquer à l’opinion publique nationale comment ils comptent  faire pour répondre au manque d’enseignants dans le secteur public estimé à 9.000 à l’horizon 2030 d’après les chiffres de l’Institut des statistiques relevant de l’Unesco. Ils n’ont pas eu, non plus, le courage de nous dire pourquoi le gouvernement a ouvert ce front contre les enseignants-stagiaires alors que leur nombre ne dépasse pas les 10.000 tous niveaux confondus.
Autres questions et non des moindres : l’Exécutif ne risque-t-il pas de transformer les centres régionaux de formation et d’éduction en de simples instituts de promotion des professionnels de l’éduction qui ne relèvent plus du ministère de tutelle et leurs lauréats en de simples diplômés qui seront mis en concurrence entre eux pour espérer bénéficier d’un emploi stable et digne ? Ne risquera-t-il pas d’alimenter le chômage des diplômés qui a atteint des pics insoutenables sous l’actuel gouvernement et de créer les conditions de la pire des précarités au sein du corps enseignant ?


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