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Peintre prolifique, Fernand D’Onofrio est bien conscient de ce fait. Il investit en acte la pratique artistique, travaille beaucoup et entasse toile sur toile. C’est que l’artiste cultive avec passion son plaisir du dessin et de la peinture. Dessiner, peindre, telle semble être sa raison de vivre, le nœud de son existence. En effet, pour lui, le peintre doit être avant tout dans sa peinture et les techniques dont il fait usage, absolument irréprochables.
Parce qu’il sait s’investir pleinement dans l’exécution de ses œuvres, Fernand D’Onofrio fait indéniablement preuve d’un savoir-faire technique exemplaire. Tout y est rendu avec une telle dextérité et une telle finesse que l’on se retrouve en permanence comme dérouté, piégé par son extraordinaire habileté à tromper tout regard aussi aigu soit-il.
Cet effet du trompe-l’œil se remarque plus particulièrement dans les peintures qui présentent des fonds en papier froissé qui ne sont nullement, en dépit de l’apparence, des reports photographiques sur toiles mais des peintures réalisées à l’aérographe et aux pinceaux selon des procédures techniques que le peintre garde jalousement dans le secret.Nombres de toiles de Fernand D’Onofrio sont stratifiées de diverses trames de matières colorées jusqu’à ce qu’elles s’imposent comme autant de tapis savamment tissés. Ces œuvres-tapis se révèlent alors comme autant de champs constitués de sédimentations graphiques et chromatiques où s’entrelacent subtilement le jeu de la forme et du fond, figures et espaces, ombres et lumières. Des œuvres-tapis aptes à prendre dans leurs mailles notre regard et nous entraîner dans les entrailles de l’artifice pictural qui cultive sans cesse la rhétorique de l’ambivalence.
En effet, Fernand D’Onofrio affectionne l’ambivalence à travers le jeu des dualités et des rapprochements des antagonismes. «Mon travail, dit-il, repose sur une obsession: la dualité des choses. J’ai besoin de faire se rencontrer les opposés: horizontalité et verticalité, lumière et ombre, blanc et noir, homme et femme, etc.!» Mais, la liste peut s’allonger: le dense et l’aéré, le régulier et l’irrégulier, le construit et l’aléatoire, l’ancien et le nouveau, l’ordonné et le désordonné, le net et le flou, le précis et l’accidenté…
Fernand D’Onofrio sait cultiver l’anachronisme à travers des toiles qui s’imposent comme autant de tissus générateurs de tensions plastiques entre différentes temporalités et différents modes d’expression (dessin, peinture et collage), mais aussi entre différents registres formels (graphique et chromatique, matière et antimatière, planéité et profondeur, ombre et lumière). Le tout pour nous soumettre à l’épreuve des étendues plastiques comme autant de territoires géographiques toujours animés de creux et de reliefs.
Les étendues picturales de Fernand D’Onofrio s’imposent comme autant de trajectoires pour notre regard et notre esprit. Elles nous baignent dans un univers teinté d’une esthétique baroque toujours fondée sur un équilibre précaire. Un univers qui tend à défier toute stabilité de repères, où, en dépit de l’utilisation des figures circulaires, il n’y a ni centre ni périphérie. Un univers qui ne chancelle que pour mieux nous happer et nous transporter dans une sphère vertigineuse, dans un état de jouissance et d’ivresse esthétique.
Entrelacs, trames, plis, labyrinthes…, Fernand D’Onofrio affine des procédures techniques et multiplie des structures plastiques qui ne cessent de nous rappeler la complexité de notre relation au monde. Il travaille sans cesse à déjouer les mécanismes de notre perception en nous confrontant aux labyrinthes de la complexité de la réalité visuelle astucieusement œuvrée,… diaboliquement manœuvrée.
Critique d’art
Du jeudi 23 avril au lundi 18 mai 2009
Vernissage aujourd’hui jeudi 23 avril 2009 à 19H.