-
SM le Roi, Amir Al-Mouminine, ordonne l'ouverture au début du mois de Ramadan des mosquées édifiées, reconstruites ou restaurées
-
Séminaire sur la discrimination et les violences envers les femmes migrantes en Espagne
-
Peine de mort : Les bonnes pratiques du Maroc présentées devant le CDH
-
Séminaire à Séville sur les défis de la décentralisation au Maroc et en Espagne
Scénographe, sculpteur et installateur, l’artiste a pu sciemment meubler un espace insolite hors du commun : objets hétéroclites, univers fantastiques, connotations d’ordre symbolique, sculptures merveilleuses …
A l’entrée, une surprenante installation en glace dont la forme rappelle celle de la benne à ordures. Miroir impressionnant, ce container trapézoïdal nous invite à repenser notre environnement collectif et remettre en question notre espace urbain. Cette forme de la benne s'est imposée à l’artiste depuis quelques années déjà et cela sous forme de dessin, de gouache et de gravure, mais c’est pour la première fois qu’il la présente à travers le processus de la préparation des plaques de verre pour souligner la transparence et rendre légère "la monumentalité" de la forme.
Tout en face, deux façades en métal monochromes (feuilles d’or et peinture rouge) conçues pour atténuer l’effet choquant de la benne /container et nous fait voir l’autre grand choc iconographique: un alignement de chevaux ailés et à tête humaine (pégases nommés Bouraq) dont les visages représentent l’effigie des personnages historiques ou contemporains qui ont fait l’histoire de la connaissance humaine universelle (l’artiste Joseph Beuys, le poète illuminé Omar Khayyam, le musicien virtuose Mozart) sans oublier la représentation sculpturale de l’artiste et de Fatima, la galeriste.
Les chevaux de Laatiris en volume (fibre de verre, résine, marbre, métal et poudre d’or) sont moulés entièrement d’un blanc immaculé et marqués par des touches dorées qui font référence, au point de vue symbolique, au monde spirituel et sacré de l’art et de la culture. L’artiste est soucieux de mettre en scène le rapport interactif entre la peinture et la sculpture, en dégageant tous les éléments afférents à la plasticité au sens propre du terme. Il s’agit d’un travail élaboré et structuré en termes de conceptualisation et d’expérimentation. Voir les travaux de cet artiste, c’est savoir comment contempler et vivre avec leurs sens cachés voire leurs beautés latentes.
« La transparence, la fragilité, l'inachevé et la légèreté viennent matériellement en opposition à l'image à l'objet qu'elles « re-présentent » avec inspiration. ...tous les éléments et objets, que j'emploie ou que j'ai employés, sont choisis, certes pour leurs matières, leurs formes mais aussi pour la mémoire collective qu'ils réactivent; la réflexion, le « sens », a une grande importance dans mon travail, mais pas plus que la recherche d'une qualité « poétique » liée à l'agencement des éléments-objets », souligne l’artiste.
En travaillant sur la mémoire tatouée, Laatiris a bien conçu une série de petits formats, qui nous font penser aux images emblématiques de notre enfance et à nos temps perdus (Sidna Soleimane avec son sabre, Adam et Eve, le pommier et le démon grimé en serpent tentateur, Abraham sur le point de sacrifier son fils …).
A l’étage un billet de 2$ plié en hexagone et richement encadré au même titre que les autres tableaux de l’étage. Ce billet – container dénote la crise financière mondiale. On retrouve également la représentation d’un manuel scolaire en arabe « Iqraa de Boukmakh » (objet cadre, collage), un clin d’œil sur notre enseignement primaire.
L’artiste a bien voulu boucler son exposition par un diaporama - vidéogramme qui se présente comme un kaléidoscope d’images hybrides et détournées de leur sens premier, ce qui suscite l’interprétation et la lecture polysémique. Cette exposition connotative se veut un hymne plastique à l’imagerie populaire et aux premières sources de notre iconographie universelle, et ce d'après les codes fascinants de l’art contemporain. En ce sens, les œuvres exposées sont un questionnement profond sur l’espace vécu, le statut de l’image et les différents modes de représentation. Un sens de la scénographie et du design conditionne l'expression vive rendue à travers signes et allégories, tout en mettant en valeur les repères identitaires caractéristiques de l’ère de l’image. `
Le pacte pictural et sculptural de cet artiste chercheur est un bel exemple de la représentation iconographique inédite reposant sur le détournement et le minimalisme. Les couleurs réalistes et symboliques sont sciemment traitées dans une atmosphère conviviale, mais combien problématique. Laatiris aborde des scènes familières et étranges avec un symbolisme exacerbé. Cette forme de représentation contemporaine de bon aloi vacille entre le néo-réalisme et l’expressionnisme abstrait.
Les orientations esthétiques de cet artiste sont nimbées de cette lumière toute particulière, authentiquement spirituelle certes, mais elle oscille entre le profane et le sacré, tout en exprimant la double nostalgie d’ici et d’ailleurs… Il brise les frontières arbitraires entre le sujet et l’objet, le signifiant et le signifié.
Il affectionne les petits formats qui deviennent une sorte de signature personnelle, et ses sculptures et installations semblent à chaque fois restituer un univers merveilleux dont les thèmes touchent sciemment aux choses les plus humbles et vulgaires.
Le travail plastique de Laatiris est notamment caractérisé par une tendance réflexive à noter les concepts, la complexité des images plutôt que l'aspect codé et conventionnel des choses. Il présente la vie et la mort de l’image au pluriel. A l’instar des artistes contemporains, il nous propose un langage autonome basé sur la conceptualisation, et les métaphores des signes et des symboles. Il soulève des problématiques esthétiques d’actualité (travail sur le corps, la face et le dos, travail sur l'inachevé, l'opacité, l'équilibre précaire, la provocation, la séduction, le tabou …), mais de manière choquante et captivante qui force l’estime et l’admiration.