Quelque 23% des 127 millions de Japonais ont au moins 65 ans et cette proportion, l'une des plus élevées au monde, pourrait passer à 40% d'ici à 2060 au vu du faible nombre de naissances, d'après les statistiques officielles. L'espérance de vie des hommes pourrait alors atteindre 84 ans et celle des femmes frôler 91 ans.
L'archipel est entré dans le club des nations riches dans les années 1960 et 1970 grâce aux générations nées pendant ou juste après la Seconde guerre mondiale, celles de M. Higo.
Mais aujourd'hui le déclin démographique et la crise économique menacent le système de protection sociale et nombre de Japonais ne croient plus en la capacité de la collectivité à financer les retraites.
Une loi prévoyant l'instauration d'un minimum vieillesse a été promise par la majorité de centre-gauche lors de son arrivée au pouvoir en septembre 2009. Près de trois ans plus tard, elle fait toutefois encore l'objet de vifs débats au Parlement.
Aujourd'hui, de nombreux seniors ne comptent plus que sur eux-mêmes, mais leurs besoins financiers sont importants car ces générations grisonnantes nécessitent d'importantes dépenses de santé, en matériel comme en personnel médical.
"Un grand nombre de sexagénaires retraités veulent continuer à travailler pour des raisons économiques. Ils s'inquiètent des coûts de la prise en charge de leurs parents, de leurs propres dépenses médicales et de la baisse du niveau des pensions", résume Tetsuo Kawauchi, chercheur à l'Organisation japonaise pour l'emploi des seniors et des handicapés.
D'après un livre blanc remis en juin au gouvernement, 71,1% des plus de 60 ans voudraient travailler jusqu'à 70 ans voire plus, mais ce voeu est rarement exaucé. En 2011, le taux d'emploi des 65-69 ans était de 36,3% et celui des 70-74 ans de 22,8%.
Elever ce taux est nécessaire pour maintenir une croissance acceptable au sein de la troisième puissance économique mondiale, soulignent les auteurs de ce rapport.
D'ores et déjà, on voit des seniors, parfois très vieux, dans des emplois non qualifiés, comme le nettoyage des bureaux avant l'arrivée des employés ou la gestion de la circulation autour des travaux publics.
Mais on en trouve aussi dans des métiers plus qualifiés. Une structure publique organisant l'aide publique au développement (APD) du Japon envers les pays pauvres, l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA), a ainsi lancé un programme d'emploi ouvert aux seniors.
Ce système lancé en 1990 consiste à embaucher un volontaire de 40 à 69 ans pour travailler dans un pays du sud dans le cadre de l'APD nippone, le plus souvent pour deux ans maximum. Jusqu'à 470 personnes, notamment des sexagénaires, partent ainsi chaque année dans une soixantaine de pays.
M. Higo est parti deux fois en Argentine via ce programme, en 2002 et 2009, mais déplore que la limite d'âge ait été fixée à 69 ans, ce qui lui interdit aujourd'hui de repartir. Un autre volontaire, Toshio Hirouchi, a été envoyé au Paraguay par JICA pour éditer un ouvrage d'histoire à l'attention des nouveaux immigrants japonais. A 58 ans, il a dû "dérouiller" son anglais et se mettre à l'espagnol en partant de zéro.
Programmateur informatique chez le géant Fujitsu à ses débuts professionnels, M. Hirouchi a été peu à peu poussé hors du métier technique avec l'arrivée de jeunes plus au fait des nouvelles technologies, et s'est retrouvé employé administratif en fin de carrière.
"Ce changement m'a aidé à vouloir faire quelque chose de complètement nouveau lorsque je suis arrivé à la retraite", explique l'ex-technicien de 66 ans.