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Sauf que l’histoire de Najlae est différente. En 2005, la jeune Marocaine décide de quitter le Royaume pour échapper à un mariage forcé auquel veut la contraindre son père. Elle s’installe alors dans la région du Loiret, où elle poursuit sa scolarité jusqu’à la 3eme (équivalent de la troisième année collégiale). Le 18 février, Najlae dépose une main courante au commissariat de Montargis afin de signaler qu’elle a été victime de violence de la part de son frère. Sérieusement amochée (une incapacité de travail de huit jours lui a été délivrée !), la jeune fille a quitté sa résidence habituelle pour s’installer provisoirement chez une de ses amies de classe. Cependant, l’issue est loin d’être celle que la jeune fille escomptait. En effet, les autorités de police se rendant compte de l’irrégularité de la situation de la jeune fille décident de la placer en garde à vue le jour même et l’expulsent à peine deux jours plus tard vers le Royaume.
L’histoire de Najlae invite tout un chacun à s’interroger sur les conséquences d’une telle décision. Comment peut-on passer de victime à coupable en si peu de temps ? Et de rappeler les promesses de campagne faites par Nicolas Sarkozy, alors candidat aux présidentielles, en 2007 «À chaque femme martyrisée dans le monde, je veux que la France offre sa protection, en lui offrant la possibilité de devenir française » Ces temps seraient-ils désormais révolus ? Aujourd’hui, bon nombre de femmes en situation irrégulière n’osent déposer plainte lorsqu’elles sont victimes de violences conjugales, par crainte d’être renvoyées dans leur pays d’origine. Ironie du sort : la lutte contre les violences faites aux femmes a été déclarée cause nationale de l’année 2010. Devrait-on rajouter la mention « de nationalité française » après le mot « femmes »?
Heureusement, la France dispose d’une société civile, prête à s’engager à tout moment là où les autorités compétentes font défaut. Ainsi, RESF (Réseau éducation sans frontières), à l’instar de nombreuses autres associations, s’est mobilisé une fois encore pour que Najlae puisse revenir au plus vite en France. Rappelons que c’est grâce à ces mêmes associations, que le jeune Mohamed Abourar (dont Libé avait relayé l’histoire) a pu revenir poursuivre sa scolarité dans le lycée de Valmy où il était scolarisé après avoir obtenu un visa d’un an qui devrait lui permettre d’obtenir un titre de séjour.
Les médias jouent également un rôle crucial dans le dénouement de ces histoires. Ainsi, le site Bakchich info a par exemple expliqué l’illégitimité de la procédure subie par la jeune fille : « Selon Maître Gilles Laille, avocat au barreau de Paris, «l’arrestation et l’expulsion de Najlae relèvent d’une procédure inéquitable en vertu de l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’Homme. Par ailleurs, la gendarmerie a commis une faute lourde en refusant d’enregistrer la plainte de cette jeune femme.»
Depuis, les politiques sont à leur tour entrés dans le débat. Jean-Pierre Sueur, sénateur socialiste du Loiret, a ainsi interpellé le Premier ministre François Fillon au sujet de la situation de Najlae lors d’un rappel en séance publique. Il a également demandé, dans un courrier adressé à François Fillon, que les décisions prises à l’encontre de la jeune fille soient reconsidérées en arguant qu’ « il serait juste et conforme à la protection que la France doit aux femmes victimes de violence et à la protection qu’elle doit aussi aux élèves qu’elle scolarise dans ses lycées que Mademoiselle Najlae Lhimer puisse bénéficier d’un visa pour terminer ses études et pour lui permettre de préparer son CAP puis son baccalauréat professionnel. »
Dans une vidéo diffusée par Bakchich Najlae explique : « J’ai été voir les gendarmes français pour qu’ils me protègent et en fait c’est l’inverse qui s’est produit ». Nombreux sont aujourd’hui ceux qui dénoncent le recul de l’Etat de droit en France ainsi que la politique du chiffre qui va à l’encontre de la dignité et du respect de la personne. Une fois encore, loin des promesses électorales nécessaires en temps de campagne, ce sont bel et bien les acteurs de la société civile : politiques, associations, médias et citoyens « lambda » qui sont les plus à même de dénoncer les dérives de plus en plus nombreuses faites à l’encontre des droits humains.