Exposition à la Galerie La Kasbah : Benhila Regraguira et Fatna Gbouri à l’honneur à Essaouira

Mercredi 5 Mars 2025

Les cimaises de la galerie La Kasbah d’Essaouira abritent les œuvres remarquables  de deux artistes influentes: Benhila Regraguia (1940-2009) et Fatna Gbouri (1924-2012), qui ont été des pionnières dans le domaine de l'art au Maroc.

Cette exposition remémorative s'inscrit dans le cadre du cycle «Les Immortels d’Essaouira», constituant un hommage posthume à ces deux peintres devenues de véritables icônes de la scène artistique souirie. Elle vise non seulement à célébrer leur héritage, mais également à mettre en avant leurs créations caractérisées par une forte dimension onirique et une grande éloquence.

Benhila Regraguia, dont l'impact artistique s'étend de 1940 à 2009, est reconnue comme l'une des figures majeures de l'art marocain. De son côté, Fatna Gbouri, qui a exercé son art de 1924 jusqu'à 2012, est une figure incontournable du paysage des arts plastiques au Maroc. Rendre hommage à ces deux artistes, c'est aussi célébrer leurs parcours créatifs, riches en passion et en innovation, ce qui a inspiré l'organisation de cette exposition au sein de la Galerie La Kasbah d’Essaouira.

Cette exposition met particulièrement en avant ces artistes emblématiques, reconnues sur les scènes artistiques nationale et internationale, comme le précise Kabir Attar, directeur et président fondateur de la galerie. Attachées à leur ville natale d'Essaouira, elles ont eu un rôle déterminant dans l'enrichissement culturel de cette région qui a été influencée par de multiples civilisations. Benhila Regraguia est saluée pour sa générosité artistique et sa collaboration avec ses pairs, tandis que Fatna Gbouri se distingue par son engagement actif dans la vie culturelle d'Essaouira, souvent entourée de ses fils, le défunt plasticien Ahmed Majidaoui et Abdelhamid Majidaoui, également plasticien.

Native d’Essaouira en 1940, Benhila Regraguia a su transformer son parcours en échangeant ses peaux de mouton contre des pinceaux colorés, gravissant ainsi les échelons d’un milieu artistique complexe, tout en témoignant de ses défis et réussites à travers ses œuvres. Ainsi, elle a confirmé sa place dans le paysage artistique marocain et au-delà. 

«Ses tableaux, elle les voit d’abord dans le spectre des couleurs qui illuminent le crépuscule au-dessus de l’île et de la mer. Elle fixe ces projections poétiques dès qu’elles réapparaissent sur la toile blanche, en saisissant le bout du fil. Ce sont souvent des représentations symboliques du rêve, aux connotations très freudiennes», indique l’écrivain, journaliste et ethnomusicologue Abdelkader Mana à propos de l’œuvre de Benhila Regraguia.

Quant à Fatna Gbouri, née en 1924 à Tnine Gharbia (province de Safi), elle a commencé à peindre en 1982 à l’âge de 58 ans. Au même titre que Chaibia Talal,  cette plasticienne est une des pionnières de la peinture marocaine.  Selon le critique d’art Olivier Rachet: «Son trait est spontané, proche en cela de l’art brut, et semble avoir pour vocation de partager l’émerveillement de tous les sens». 

L’univers de cette artiste-peintre célèbre les scènes rurales de mariages, de naissances, et bien plus encore, qu’elle a pu observer et vivre dans son quotidien. L’artiste tient à surprendre par un choix de couleurs éclectiques et vives sans pour autant dénaturer la beauté des moments immortalisés. «Les couleurs chantent sur la toile, et la prédilection pour les tonalités primaires posées en aplat compose une partition graphique dont on perçoit aussi les échos», poursuit le critique d’art français.

Il faut dire que cette exposition/hommage est l’occasion pour les passionnés d’art de voyager librement, direction : l’univers pictural foisonnant de Benhila Regraguia et Fatna Gbouri. Dans ce sens, cette exposition vise à honorer leur mémoire tout en valorisant leurs œuvres artistiques durables, authentiques et poétiques.

Ayoub Akil
 

Ayoub Akil

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