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La rédactrice de cette étude, Khadija Abdous, précise dans ce sens que « les politiques de l’Etat marocain sont similaires à celles du Chili, notamment en matière de privatisation, et la crise sociale actuelle au Chili pourrait se reproduire au Maroc si l’Etat ne reconsidère pas ses politiques et ne travaille pas à la réunification d’une société polarisée par le biais d’une véritable réforme du secteur de l’éducation, l’un des principaux moteurs du développement ».
Elle souligne que la Vision stratégique 2015-2030 a explicitement affirmé que « l’enseignement privé est un partenaire de l’enseignement public dans la généralisation et la réalisation de l’équité. Ce qui a permis à des acteurs locaux et étrangers d’investir dans l’éducation avec le soutien du gouvernement de l’Etat, lequel a fourni des facilités administratives et financières à cet effet ».
D’après elle, le soutien du gouvernement au secteur privé pour investir dans l’éducation a conduit des entreprises d’investissement privées (étrangères et locales) à prendre le contrôle d’établissements scolaires et à les transformer en entreprises commerciales susceptibles de se développer au-delà des frontières nationales. Et de préciser que cette situation a « créé un conflit d’intérêts entre ce qui est officiellement déclaré sur la position du gouvernement concernant le secteur privé en tant que partenaire pour réaliser l’équité en matière d’éducation, et l’état actuel des choses, où le secteur privé est largement non réglementé (s’agissant en particulier des frais d’inscription et de scolarité, ainsi que de sa large utilisation des personnels enseignants et administratifs publics) ».
Ce qui est pire, selon la même étude, c’est que « les écoles publiques se dégradent, alors que l'enseignement privé devient rapidement un marché rentable avec peu de freins et contrepoids pour en préserver la qualité » et qu’« au Maroc, l’éducation est de plus en plus présentée non plus comme un droit et un bien public, mais plutôt comme une marchandise soumise à l’offre et à la demande ».
Cette enquête dénonce, par ailleurs, le système d’éducation marocain qui est un système « à plusieurs vitesses » et ségrégationniste. En effet, les élèves de la classe supérieure et de la classe moyenne qui fréquentent des écoles françaises, d’autres institutions étrangères et des écoles privées de qualité relativement élevée ont des expériences de vie différentes et sont exposés à un système de valeurs différent par rapport aux élèves de la classe ouvrière ou pauvres qui fréquentent des écoles privées à bas prix et des institutions publiques.
« La ségrégation du système éducatif marocain et ses grandes disparités en termes d’accès et de qualité ont créé un système d’éducation parallèle et à plusieurs vitesses où les élèves ont des valeurs différentes et vivent dans des «Maroc» différents dans lesquels ils pourraient ne jamais se croiser », a mis en avant cette étude. Et d’ajouter : « Cela va à l’encontre de l’une des principales sections de la Vision stratégique 2015-2030 dans laquelle l’école d’équité et d’égalité des chances est mentionnée comme étant l’un de ses principaux objectifs. Ainsi, la discrimination scolaire a créé des disparités sociales et a conduit à une société polarisée où l’injustice sociale est exacerbée ».
Au début de cette rencontre organisée à Casablanca, Haldis Holst, secrétaire générale adjointe de l’Internationale de l'Education a souligné que « l'Etat marocain est responsable de garantir le droit à l'éducation », notant que la politique éducative mise en œuvre actuellement au Maroc crée une société fortement polarisée.
Elle a affirmé que l’Internationale de l’éducation estime que la privatisation porte atteinte au droit à l'éducation, ajoutant que cette organisation internationale a mené une campagne en coordination avec les syndicats pour lutter contre la privatisation.
Pour sa part, le secrétaire général du SNE-FDT, Sadek Rghioui, a souligné dans son intervention que le SNE-FDT a élaboré une étude sur le même sujet et qu’il la soumettra au bureau exécutif de l’Internationale de l’éducation.
« La privatisation de l’enseignement est une vérité tangible au Maroc », a-t-il mis en avant lors de cette rencontre, soulignant que la plupart des familles marocaines souffrent sous le poids des charges trop élevées de la scolarité de leurs enfants dans les écoles privées. «Cela a un impact négatif sur le pouvoir d’achat des familles pauvres et même des familles appartenant à la classe moyenne », a-t-il précisé.
Abdelghani Raki, secrétaire général du SNE-CDT, a, quant à lui, fustigé la privatisation massive du secteur de l’éducation au Maroc et la précarité des enseignants surtout les contractuels. « Durant 13 ans, le taux de privatisation du secteur est passé de 4% à plus de 15% cette année. Et durant les cinq dernières années, la précarité des employés de ce secteur s’est aggravée, car le nombre des fonctionnaires contractuels est passé de zéro en 2016 à 70.000 actuellement et atteindra 80.000 pendant la prochaine année scolaire 2020-2021, soit 33 % des enseignants du Maroc ».
Soutien à l’enseignement privé et sous-financement des écoles publiques
Alors qu’en 1990, 3,6% des élèves du primaire étaient inscrits dans des écoles privées, en 2016 la proportion s’est envolée à près de 16%. De plus, 84% des centres d’éducation de la petite enfance sont privés, 61% d’entre eux étant des écoles coraniques, traditionnelles et non-accréditées.
Toutefois, l’augmentation du nombre des écoles privées ne se traduit pas par des résultats d’apprentissage en hausse pour les élèves. En outre, la prolifération de ces écoles a créé un système dans lequel les revenus familiaux déterminent dans une large mesure la qualité de l’éducation à laquelle les enfants ont accès.