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La deuxième édition du Women’s Tribune s’est achevée lundi dernier à Essaouira. Lors d’un débat tenu dimanche sur la place des femmes en politique, la députée Usfpéiste Saloua Karkri Belkeziz
a séduit le public par sa franchise et ses idées novatrices.
A cette occasion, Libé l’a rencontrée et est revenu avec elle sur le Women’s Tribune ainsi que sur son parcours de femme politique.
Libé : Que pensez-vous des débats organisés lors du Women's Tribune?
Saloua Karkri Belkziz : Les débats ont été de haute teneur, avec des participants de très haut niveau. Le thème choisi pour cette deuxième édition était «Femmes et pouvoir». L’accès des femmes au pouvoir est essentiel dans la construction de notre démocratie, et il est primordial de mener les réflexions visant à mettre en place ce qu’il faut pour y accéder.
Je regrette néanmoins que dans la salle l’on ait porté le débat de temps en temps sur la position de la femme dans la sphère privée, ou sur les questions du port du voile.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours dans la politique, et sur les éventuelles difficultés auxquelles vous faites face en tant que femme?
Les facilités que j’ai rencontrées dans mon parcours politique sont bien plus importantes que les difficultés. J’ai profité du système de quota pour accéder à la députation. Ma visibilité en tant que femme chef d’entreprise et présidente fondatrice de l’Afem, m’a fait accéder rapidement aux arcanes du parti. En tant que membre de la commission finance pendant deux années et depuis cette année, membre de la commission des secteurs productifs, je pense avoir une valeur rajoutée pour mon parti dans la discussion de nombreux projets de loi à caractère économique.
J’invite les femmes que la politique intéresse, à rejoindre les partis, et de préférence l’USFP.
La principale difficulté est surtout d’ordre privé car je vois moins mes enfants.
`Comment expliquez-vous le faible engagement des femmes marocaines dans la vie politique de leur pays? Est-ce une désaffection? Un manque d'intérêt et de confiance?
Comment expliquez-vous le faible engagement du Marocain en général dans la vie politique ? Alors que les Marocains s’emballent pour un match de foot, parce qu’ils choisissent un camp et qu’il y a un gagnant et un perdant à charge de revanche.
Le chantier de la refonte du champ politique, n’est pas terminé. Les femmes, qui constituent aujourd’hui une composante instruite de l’élite marocaine, s’engagent en effet moins que les hommes, parce que survivent encore des préjugés d’agressivité du milieu politique, où la fin justifie les moyens. C’est aussi une recommandation que devrait retenir le Women’s Tribune en vue d’adoucir le milieu politique.
Comment remédier au problème de "vitesse de pénétration des lois" dont vous avez parlé au cours de votre intervention?
Le monde actuel est mondialisé. Pour survivre, il faut aller à la même vitesse que le peloton de tête. Et s’adapter à toutes les transformations de l’environnement socio-économique mondial. L’égalité politique est acquise au sens de la loi entre hommes et femmes. Il faut l’obtenir de fait par des actions de terrain à des niveaux différents et j’ai ainsi cité l’empowrment des femmes, l’obligation faite aux partis d’intégrer une approche genre, l’encouragement et le financement des actions des associations améliorant la visibilité des compétences féminines…
D'une manière plus générale, quels sont les domaines où selon vous des efforts restent à fournir pour promouvoir l'émancipation féminine ?
J’ai toujours considéré que l’entrepreneuriat est une bonne formule pour nos cellules familiales traditionnelles. Une femme qui cherche à accéder à de hauts postes au sein d’une administration ou d’une grande entreprise doit s’investir et généralement cet investissement, elle doit le faire au moment où elle est en train de construire sa cellule familiale. C’est ce qui explique que le plafond de verre soit si bas. En entreprise elle module à sa guise.
Vous avez évoqué ce matin deux recommandations : créer des "listes d'hommes et listes de femmes" et "commission parlementaire" chargée du suivi de la promotion des femmes. Pouvez-vous nous en dire plus?
Le débat a porté sur les quotas. En démocratie, les instances doivent représenter la société telle qu’elle est. Les votes mesurent la coloration politique de la société à un instant donné, mais ne représentent pas la répartition genre ou ethnique de la société.
Même les lois sur la parité en France n’y ont rien fait.
Les quotas corrigent un petit peu ; les listes séparées peuvent mieux corriger et supprimer le complexe de discrimination positive.
Quant à la commission que j’ai proposée, il s’agirait d’une instance qui serait permanente pour évaluer l’ensemble des lois, du point de vue égalité pour être sûre qu’ils profitent aussi bien aux femmes qu’aux hommes et plus spécialement les éventuelles lois sur la parité ou autres.
a séduit le public par sa franchise et ses idées novatrices.
A cette occasion, Libé l’a rencontrée et est revenu avec elle sur le Women’s Tribune ainsi que sur son parcours de femme politique.
Libé : Que pensez-vous des débats organisés lors du Women's Tribune?
Saloua Karkri Belkziz : Les débats ont été de haute teneur, avec des participants de très haut niveau. Le thème choisi pour cette deuxième édition était «Femmes et pouvoir». L’accès des femmes au pouvoir est essentiel dans la construction de notre démocratie, et il est primordial de mener les réflexions visant à mettre en place ce qu’il faut pour y accéder.
Je regrette néanmoins que dans la salle l’on ait porté le débat de temps en temps sur la position de la femme dans la sphère privée, ou sur les questions du port du voile.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours dans la politique, et sur les éventuelles difficultés auxquelles vous faites face en tant que femme?
Les facilités que j’ai rencontrées dans mon parcours politique sont bien plus importantes que les difficultés. J’ai profité du système de quota pour accéder à la députation. Ma visibilité en tant que femme chef d’entreprise et présidente fondatrice de l’Afem, m’a fait accéder rapidement aux arcanes du parti. En tant que membre de la commission finance pendant deux années et depuis cette année, membre de la commission des secteurs productifs, je pense avoir une valeur rajoutée pour mon parti dans la discussion de nombreux projets de loi à caractère économique.
J’invite les femmes que la politique intéresse, à rejoindre les partis, et de préférence l’USFP.
La principale difficulté est surtout d’ordre privé car je vois moins mes enfants.
`Comment expliquez-vous le faible engagement des femmes marocaines dans la vie politique de leur pays? Est-ce une désaffection? Un manque d'intérêt et de confiance?
Comment expliquez-vous le faible engagement du Marocain en général dans la vie politique ? Alors que les Marocains s’emballent pour un match de foot, parce qu’ils choisissent un camp et qu’il y a un gagnant et un perdant à charge de revanche.
Le chantier de la refonte du champ politique, n’est pas terminé. Les femmes, qui constituent aujourd’hui une composante instruite de l’élite marocaine, s’engagent en effet moins que les hommes, parce que survivent encore des préjugés d’agressivité du milieu politique, où la fin justifie les moyens. C’est aussi une recommandation que devrait retenir le Women’s Tribune en vue d’adoucir le milieu politique.
Comment remédier au problème de "vitesse de pénétration des lois" dont vous avez parlé au cours de votre intervention?
Le monde actuel est mondialisé. Pour survivre, il faut aller à la même vitesse que le peloton de tête. Et s’adapter à toutes les transformations de l’environnement socio-économique mondial. L’égalité politique est acquise au sens de la loi entre hommes et femmes. Il faut l’obtenir de fait par des actions de terrain à des niveaux différents et j’ai ainsi cité l’empowrment des femmes, l’obligation faite aux partis d’intégrer une approche genre, l’encouragement et le financement des actions des associations améliorant la visibilité des compétences féminines…
D'une manière plus générale, quels sont les domaines où selon vous des efforts restent à fournir pour promouvoir l'émancipation féminine ?
J’ai toujours considéré que l’entrepreneuriat est une bonne formule pour nos cellules familiales traditionnelles. Une femme qui cherche à accéder à de hauts postes au sein d’une administration ou d’une grande entreprise doit s’investir et généralement cet investissement, elle doit le faire au moment où elle est en train de construire sa cellule familiale. C’est ce qui explique que le plafond de verre soit si bas. En entreprise elle module à sa guise.
Vous avez évoqué ce matin deux recommandations : créer des "listes d'hommes et listes de femmes" et "commission parlementaire" chargée du suivi de la promotion des femmes. Pouvez-vous nous en dire plus?
Le débat a porté sur les quotas. En démocratie, les instances doivent représenter la société telle qu’elle est. Les votes mesurent la coloration politique de la société à un instant donné, mais ne représentent pas la répartition genre ou ethnique de la société.
Même les lois sur la parité en France n’y ont rien fait.
Les quotas corrigent un petit peu ; les listes séparées peuvent mieux corriger et supprimer le complexe de discrimination positive.
Quant à la commission que j’ai proposée, il s’agirait d’une instance qui serait permanente pour évaluer l’ensemble des lois, du point de vue égalité pour être sûre qu’ils profitent aussi bien aux femmes qu’aux hommes et plus spécialement les éventuelles lois sur la parité ou autres.