Entraîneur, un métier à risques à Madrid

José Mourinho est le dixième entraîneur du Real Madrid depuis la saison 2003-2004: à l'inverse d'un Barça partisan de la continuité, le Real a cherché, saison après saison, un homme charismatique capable de concilier, dès sa première année sur le banc, succès et beau jeu.
Le club le plus riche du monde espère avoir enfin trouvé en la personne de José Mourinho l'homme providentiel, d'autant que tout va se jouer face au Barça, l'ennemi juré, en fin de saison: en Championnat samedi, en Coupe du Roi mercredi puis en Ligue des champions, les 27 avril et 3 mai (demi-finales).
La plupart des prédécesseurs de l'entraîneur portugais, parfois débarqués sans ménagement, gardent un souvenir amer de leur expérience. "Cela a été le pire de tout. La façon dont ils ont annoncé mon départ à la presse a été des plus blessantes", avait déclaré Vicente Del Bosque en 2005, deux ans après son départ.
Celui qui a récemment conduit l'Espagne au titre de champion du monde avait en outre souligné que changer souvent d'entraîneur était "un mauvais signe, un aveu de faiblesse".
L'instabilité sur le banc "merengue" a justement débuté avec le non renouvellement du contrat de Vicente Del Bosque en 2003.
L'entraîneur espagnol à la moustache épaisse restait pourtant sur un très bon bilan depuis sa prise de fonction en 1999: deux Ligues des champions (2000 et 2002) -les dernières du Real-- et deux Ligas (2001 et 2003).
Le marquis Del Bosque restera surtout comme le seul à avoir réussi à faire jouer ensemble avec succès les "Galactiques"  Figo, Zidane et le Brésilien Ronaldo.
Mais la direction de l'époque, avec le président Florentino Perez à sa tête, lui reproche ses méthodes traditionnelles, et, en coulisses, son côté peu glamour.
Del Bosque est remplacé par le Portugais Carlos Queiroz, qui, avec ses costumes impeccables et ses cheveux grisonnants, ne reste qu'une saison, sans titre.
C'est alors le début d'une longue série de techniciens qui ne restent que quelques mois, une saison au maximum: l'Espagnol José Antonio Camacho (2004), son compatriote Mariano Garcia Remon (2004), le Brésilien Vanderlei Luxemburgo (2004-2005), l'Espagnol Juan Ramon Lopez Caro (2005-2006), l'Italien Fabio Capello (2006-2007), l'Allemand Bernd Schuster (2007-2008), l'Espagnol Juande Ramos (2008-2009) et le Chilien Manuel Pellegrini (2009-2010).
Jusqu'à l'arrivée de José Mourinho, avec sur le papier un contrat de quatre ans.
Sur la même période (2003-2011), le Barça n'a connu que deux entraîneurs: le Néerlandais Frank Rijkaard (2003-2008) et puis l'Espagnol Josep Guardiola.
Et pour ce qui est du palmarès, il n'y a pas photo: deux Ligues des champions (2006 et 2009), un Mondial des clubs (2009), quatre Ligas (2005, 2006, 2009 et 2010) et une Coupe du Roi (2009) pour le Barça, deux Ligas seulement pour le Real Madrid (2007 et 2008).
Le dernier entraîneur madrilène débarqué, Manuel Pellegrini, ne s'est pas mordu la langue après son licenciement, malgré un record de points en Championnat (96 points mais la 2e place): "J'ai eu des différends importants dès le début de saison et il était très difficile de poursuivre cette relation. Un technicien du Real Madrid doit avoir beaucoup plus son mot à dire sur la composition de l'équipe. (Florentino Perez) a un projet dans lequel je n'entre pas, il a le droit de changer." Avec Mourinho, Florentino Perez est allé au bout de sa logique: "le meilleur entraîneur du monde" dans "le plus grand club du monde". Si le Real ne gagne pas avec Mourinho, c'est toute la politique de Florentino Perez qui échouera.