En dépit des efforts déployés par les autorités compétentes : La contrebande se fait la part belle à Oujda


KAMAL MOUNTASSIR
Lundi 19 Avril 2010

En dépit des efforts déployés par les autorités compétentes : La contrebande se fait la part belle à Oujda
Chassez le naturel, il revient au galop. En dépit des interventions des différentes autorités locales, policières et douanières, jugées draconiennes, la contrebande poursuit son petit bonhomme de chemin dans l’Oriental et principalement dans la ville frontalière d’Oujda. Certes, suite aux campagnes et descentes opérées dans différentes zones, soit au niveau des frontières avec l’Algérie ou des points de vente de certains produits, le trafic est omniprésent et personne ne peut le nier. En gros, la ville vit au rythme de la contrebande provenant d’Algérie. «Jamais on ne pourra vaincre les contrebandiers! Ils sont dotés de moyens dont les services sécuritaires, tous ordres confondus, ne disposent pas!», avouait à Libé, un élément des services de police dans la région d’Oujda. Et un jeune que nous avons rencontré dans un café d’ajouter que la contrebande fait vivre plusieurs foyers à Oujda et ailleurs. Faisant allusion au trafic qui s’étend au-delà de l’Oriental et concerne plusieurs régions. La route de Bni Drar qui  mène au poste frontalier de «Jouj Bghal» est presque vide en ce vendredi matin du 17 avril. Les cafés et restaurants ou encore les établissements hôteliers qui connaissaient une grande affluence lors des années de prospérité quand les frontières étaient ouvertes semblent déserts et certains sont dans un état de délabrement, d’abandon et de faillite. Le coin est le fief des contrebandiers de carburants venant d’Algérie, cependant tout est calme. Aucun signe apparent de vente de carburants. Soudain, un berger apparaît le long de la route avec son petit troupeau de brebis maigres et de chèvres chétives. Il fait un signe de la main, affichant un sourire en direction de la voiture qui nous transportait. Il s’agit d’un vendeur clandestin de point frontalier. Ils sont nombreux à exercer ce trafic dans cette région. Il nous signifie que le bidon de diesel de trente litres coûte 120 dirhams. On apprendra un peu plus tard que d’autres le vendent ailleurs à 140 dirhams et que la différence était d’ordre qualitatif. Certains trafiquants diminuent le prix du bidon en opérant un mélange, d’où diesel de moindre qualité. Mais cela a beaucoup affecté les gérants des stations services à Oujda et sa région. Beaucoup ont dû céder devant l’ampleur du phénomène et préféré fermer boutique. On saura plus tard que tout au long de la frontière se développe un commerce illégal des carburants venant d’Algérie. Seuls quelques stations se maintiennent, mais grâce aux activités de restauration ou autres. Ce qui est certain, c’est qu’en dépit des mesures « rigoureuses » des autorités compétentes, le mal est là ! Il persiste et signe ! Mais la contrebande, c’est aussi les médicaments. Une grande quantité de médicaments arrive à travers des frontières qui, par la force des choses, sont très perméables des deux côtés. Il est certain que le conseil municipal en collaboration avec les autorités locales et tous les services de sécurité ont pu déloger et interdire les étalages de médicaments au grand jour à l’entrée du souk Fellah. Spécialisé dans la vente des produits algériens. Cependant, le trafic des médicaments  est  au quotidien dans les cafés du coin. «Les médicaments que nous vendons sont de meilleures qualités que ceux des pharmacies, car ils sont produits en France et vendus en Algérie. Le gouvernement  algérien subventionne les médicaments achetés en France et cela explique leur prix très bas. Je peux vous assurer qu’ils ne représentent aucun danger. J’en prends moi-même ! », explique en expert l’un des trafiquants qui nous a vendu des médicaments sur la terrasse d’un café avoisinant le souk Fellah. Interrogé, l’un des employés d’une pharmacie d’Oujda explique non sans gêne aucune et confirme la thèse de la qualité des médicaments venus de la contrebande, exception faite pour le lait en poudre réservé aux bébés. Et un autre d’affirmer que cette dernière menace la profession. Il raconte que beaucoup de pharmaciens ont dû changer de ville et certains ont fait faillite alors que d’autres sont sur le point de mettre la clé sous le paillasson. Le chiffre d’affaires de la totalité des pharmaciens a énormément baissé et l’avenir est incertain. Pour lui, la profession à Oujda risque fort de ne pas voir le bout du tunnel dans les années à venir. Cela risque de l’être pour les autres villes aussi, car le contrebandier « savant » nous a confirmé que les produits pharmaceutiques provenant d’Algérie circulent à travers le Royaume en raison d’un trafic bien organisé à tous les niveaux. Et d’ajouter que les commandes sont faites à Oujda et les clients reçoivent leurs marchandises même à domicile ! Les prix généralement sont très intéressants et la différence avec les prix affichés par les pharmacies est parfois consistante. Un Plavix par exemple, coûtant presque 800DH en officine, est livré à 300 DH sur les tables des cafés avoisinants. Un Cardégic vendu en pharmacie environ 50 dh n’est qu’à 20 DH chez les contrebandiers. Les hallucinogènes sont livrés à 25 DH le comprimé alors que le Névégra, stimulant sexuel est vendu à 150 dh la boîte de huit comprimés. A signaler que les médicaments génériques coûtent beaucoup moins cher au souk Fellah à Oujda. Bref, il est certain que la contrebande est un phénomène qui frappe de plein fouet l’économie nationale et qu’on n’observe pas seulement à Oujda. Il est nécessaire donc de procéder à l’élaboration d’une stratégie nationale pour la lutte contre ce fléau qui ne peut être éradiqué avec les mesures jugées « draconiennes » par les officiels. 


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