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Si chacun y va de son analyse, un point semble bien rapprocher les différents points de vue : la situation des jeunes est devenu insupportable pour tout le monde y compris pour leurs familles qui supportent de moins en moins le sort qui leur est réservé. Une situation plombée par la rareté du travail et par le faible voire qua-inexistant pourvoir d’achat chez cette catégorie sociale.
Rareté du travail et pouvoir d’achat en chute
Pourtant, comme pour l’emploi, le gouvernement a annoncé récemment poursuivre la mise en œuvre des mesures visant à préserver le pouvoir d'achat des citoyens.
D’après la note d'orientation du projet de loi de finances (PLF) au titre de l'exercice 2025, l’Exécutif compte le faire « à travers notamment le soutien aux biens et services essentiels, tels que le gaz butane, le sucre et la farine de blé tendre, avec une allocation de 16,5 milliards de dirhams (MMDH) destinée à la Caisse de compensation », rapporte la MAP.
En attendant d’y voir plus clair, les jeunes entendent bien rester prudents et vigilants à l’égard de ces nouveaux engagements et promesses.
« A vrai dire et d'après ce que j'ai observé ces derniers mois, le pouvoir d'achat est très faible chez les jeunes. Avec ces prix qui augmentent de plus en plus au Maroc, il est difficile, déjà, pour ceux qui travaillent de s'en sortir, même permis les cadres; alors comment croire que ça va mieux pour les jeunes chômeurs », fait remarquer Sara, étudiante en communication.
Commercial occasionnel, Ahmed partage la même observation. Pour ce jeune diplômé en économie, la situation des jeunes n’a cessé d’empirer. « Au cours des dernières années, le pouvoir d'achat des jeunes Marocains a été fortement mis à l'épreuve en raison de divers facteurs. Tout d'abord, l'augmentation du taux de chômage a eu un impact significatif, réduisant les opportunités d'emploi pour cette catégorie de la population. En outre, des phénomènes tels que la sécheresse ont entraîné une augmentation des prix des denrées alimentaires de base, ce qui a encore davantage restreint le budget des jeunes ».
Mais ce qui inquiète le plus A., qui n’a jusqu’alors pu trouver un emploi correspondant à sa formation, c’est surtout la détérioration du pouvoir d'achat : « elle affecte non seulement les jeunes, mais également toutes les couches de la société, bien que de manière différenciée », confie-t-il avec amertume.
Pour Leila R., une étudiante en stage au sein d’une start-up nouvellement créée dans le digital, la situation est encore plus préoccupante dès lors qu’on ne peut trouver de solution du côté de sa famille qui se démêle elle-même pour joindre les deux bouts. Explications : « on avait toujours tendance à dire qu'au Maroc on s'entraide dans la famille. S'il y une personne qui chôme, elle est aidée par sa mère, son père ou sa sœur ou encore son frère... Maintenant c'est à peine si ils arrivent à s'en sortir avec leurs propres charges, pour pouvoir aider un autre membre de la famille en chômage, surtout si cette personne censé vous aider a des enfants à charge, sa propre petite famille... », Constate-t-elle faisant remarquer par ailleurs que tout est devenu payant, surtout dans les grandes villes comme Casablanca.
Existe-t-il vraiment des solutions pour sortir de cette impasse et espérer gagner sa vie par ses propres ailes ? En guise de réponse à cette question, Brahim confie : « les jeunes chômeurs ne restent pas les bras croisés. Bon nombre continuent de chercher des sources de revenus par le biais d’Internet, en créant par exemple un business en ligne, entre autres. Cela a marché pour quelques uns, mais il y a toujours des risques pour ceux qui ne savent pas s'en servir ou rencontrent des personnes malintentionnées qui les manipulent afin de les dépouiller de leurs économie ruinant ainsi leurs efforts ».
En quête d’emploi depuis plus d’un an, Khadija confie ceci : « ces dernières années, la plupart des jeunes, en l’occurrence des étudiants, émancipent un "plan b" face au chômage en essayant de ne pas tomber dans les mêmes erreurs que leurs aînés qui ont autrefois souffert du même fléau ».
Selon ce qu’elle a pu observer autour d’elle : « nombreux parmi mes anciens camarades d’université ont fini par se lancer dans l’apprentissage des langues étrangères, comme l’allemand, pour multiplier les chances d’être recrutés ailleurs. Certain ont passé le Toefel dans le même objectif espérant ainsi réussir ce test avant de quitter le pays. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à y songer avant même d’entrer à l’université. L’apprentissage de la langue chinoise n’échappe pas à cette tendance. Bref, on se déploie pour se sortir de la souffrance et de la crainte du lendemain ».
La vigilance doit rester le mot d’ordre
Amina, deuxième année à la faculté de médecine en est certaine : « malgré les promesses des responsables politiques qui vantent l’auto-emploi, l’auto entreprenariat, la vigilance doit rester le mot d’ordre. Pour les moins chanceux, surtout pour ceux d’entre nous qui sommes issus de familles modestes. Il faut admettre que la crainte d'un lendemain sans travail sûr et prometteur ne cesse de nous hautes, parents comme jeunes ».
Mais pour Khadija, « la vraie hantise des jeunes c'est le travail informel ou intermittent : on avance sans connaitre ses droits ni ses obligations », déplore-elle. Dans ce cas, «je préfère suivre des formations continues et des stages instructifs de préférence payants en espérant ainsi pouvoir mieux m’intégrer dans le monde du travail ».
Pour Ilias, qui s’essaie à l’entreprenariat après plus d’un an de chômage, « les jeunes se retrouvent souvent confrontés à des difficultés majeures pour accéder à un emploi stable et rémunérateur, ce qui aggrave leur situation financière et leur capacité à subvenir à leurs besoins essentiels ». Ainsi, pense-t-il « il faudrait mettre en place des mesures concrètes pour stimuler l'emploi des jeunes, réduire les inégalités économiques et garantir un accès équitable aux ressources nécessaires à leur épanouissement ».
Alain Bouithy