Elections communales : La démocratie bafouée à El Harhoura

A El Harhoura, le scrutin électoral est uninominal. La population locale devait choisir 15 candidat(e)s dont deux femmes pour constituer le conseil communal des 13 circonscriptions existantes. Le territoire d’El Harhoura s’est un peu agrandi en intégrant une partie de la commune de Aïn Atiq. Sa limite du Sud s’arrête aujourd’hui à Oued Ikkem.
Les résultats de l’élection ne furent guère surprenants. Faouzi Ben Allal, le président istiqlalien sortant, a quasiment encore une fois tout raflé. Il a récidivé pour un second mandat en faisant passer avec lui 10 personnes apparentées au parti de la balance. Seuls deux candidats du PAM, dont une de la liste des femmes, ont pu se faufiler dans le rang du groupe du baron d’El Harhoura.
Des 13 candidats de la rose qui se sont présentés à cette élection locale, personne évidemment ne pouvait parvenir à l’instance communale. Nous ne nous faisions pas d’illusions. Nous savions que les armes utilisées ne sont pas égales. Notre seule arme, à nous, était le programme de développement proposé aux habitants d’El Harhoura pour les six prochaines années. Pour l’équipe “gagnante“, le programme était son dernier souci. Elle se préparait à l’élection locale en adoptant des modalités diaboliques consistant à :
- Falsifier les listes électorales en y parachutant des noms de personnes qui ne résident pas dans la commune. Notre lettre recommandée au gouverneur de la province à ce sujet est restée sans réponse ;
- S’assurer que l’autorité locale (pacha, chioukhs et mokkadems) est de son côté et mobilise une partie des habitants en sa faveur ;
- Acheter, au prix fort, les voix d’un grand nombre de personnes et surtout celles des gardiens de maisons et de parkings des plages,…
- Afficher le long des avenues d’El Harhoura et de certains domiciles de grands portraits du baron Ben Allal sans que l’autorité locale ne bouge le petit doigt! ;
- Conduire des dizaines d’“électeurs“ douteux par camionnettes le jour même du vote. 
Dans un tel contexte, la question de la démocratie demeurera posée tant qu’il n’existe pas de système qui permet aux candidats de rivaliser sur un pied d’égalité pour avoir les mêmes chances de se trouver au conseil municipal.
A El Harhoura existe, d’une manière on ne peut plus claire, un lobby politicien opportuniste, travaillant en connivence avec l’administration, constituant un réseau qui prend en otage la population de la commune et qui l’utilise à l’occasion des élections pour lui garantir son positionnement et ses acquis. Pour dépasser cette situation, dominée par les forces de résistance au changement démocratique, il faut :
- que le gouvernement assume ses responsabilités historiques en procédant aux vraies réformes du système électoral à l’horizon des élections de 2012 ;
- une refonte radicale des listes électorales dans chacune des circonscriptions en permettant aux partis et aux candidats d’avoir des copies bien avant les dates des scrutins ;
- un nouveau découpage électoral en associant les experts dans le domaine de l’aménagement et de l’urbanisme ;
- une clarification de la notion de la neutralité administrative, ses conditions et ses exigences ;
- les sanctions nécessaires pour tous ceux qui ont été mêlés aux falsifications et à la corruption pendant les campagnes électorales.
Ce sont les efforts à fournir et les réformes à apporter pour réussir la transition démocratique dans notre pays. Sans cela, tout restera une mascarade électorale.