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à Rabat.
Face à lui il y avait Mohamed Grine (PPS), Bensaid (PAM – président de la Commission des affaires étrangères
à la Chambre des représentants), Benkhaldoun (PJD – président de l’arrondissement d’Agdal-Ryad), Zyane (PML).
Ci-dessous la retranscription des propos d’El Hassan Lachguar:
Luxe Radio :Suite à la présentation des enjeux de développement de la capitale, quelle est votre réaction ?
El Hassan Lachguar : Par rapport à l’édito, j’insiste sur le fait qu’il s’agit d’élections importantes. En effet, ce sont les premières communales et régionales depuis la nouvelle Constitution, qui d’ailleurs est assez vieille à présent, elle a 4 ans déjà.
Je pense qu’il faut vraiment prendre la mesure de l’événement et expliquer correctement aux citoyens que l’Etat marocain et les partis politiques sont réellement impliqués. Malheureusement le choix de la date n’est pas très opportun …
Ça vous le dites à chaque fois ! Mais vous êtes traités sur le même pied d’égalité que les autres partis. Pourquoi vous êtes les seuls à vous en plaindre ?
Je ne parle pas d’un problème du parti USFP. C’est pour nous un handicap pour la participation en général. Depuis tout à l’heure, on dit que la campagne n’a pas bien démarré et pour cause, les Marocains sont en vacances. De plus, le vendredi comme jour de vote ne favorise pas la participation car il faut bien que les gens consacrent une heure ou deux à la prière.
A J-3 vous vivez comment la campagne sur le terrain ? Qu’est-ce qui en ressort ?
Par rapport au climat de la campagne, ça se passe plutôt bien dans certains quartiers de l’arrondissement de Youssoufia. Cependant et sachant que Youssoufia est l’arrondissement (avec Yaacoub Al Mansour) le plus peuplé de la ville avec encore beaucoup de pauvreté, je peux vous confirmer que les pratiques d’achat de voix ne font que s’amplifier.
Vous dénoncez cela mais, comme les autres, vous ne donnez pas de preuves.
Désolé, mais je ne comprends pas cet argument qui consiste à exiger des candidats d’apporter la preuve de la corruption d’autres candidats. Personnellement, je vois la qualité du travail fait par le Bureau des investigations national en matière de démantèlement de cellules terroristes avant même qu’elles ne passent à l’acte et je salue leur efficacité et leur bravoure en la matière. Mais croyez-moi, débusquer les candidats corrupteurs est encore plus facile si le gouvernement s’en donne réellement les moyens.
Concernant les interactions avec les citoyens, nous constatons quand même une vraie ouverture au débat. Les gens nous ouvrent leurs portes, nous offrent un verre de thé et on discute sereinement.
Cependant et même dans les quartiers les plus défavorisés, les gens ne vont pas voter, contrairement à l’a priori qu’on peut en avoir; en effet, le taux de participation ne dépasse pas les 25%.
Ce sont des quartiers dortoirs dont la population se compose aussi bien d’ouvriers, femmes de ménages, que de fonctionnaires ou de professions libérales et qui sont là tous les matins à la première heure pour Rabat, mais Rabat n’est jamais là pour eux. En effet, quand on parle de problème de sécurité, de transport dans ces communes, ils sont plus que réels.
Malheureusement, certains candidats exploitent cette marginalisation couplée à la pauvreté pour garder une certaine domination sur ces quartiers qu’ils considèrent comme des «réservoirs d’électeurs» potentiels pour briguer la mairie de Rabat. Youssoufia en l’occurrence, ce sont 43 conseillers communaux. La vision qu’ont ces gens de la ville et des élections, c’est obtenir les pouvoirs et les délégations pour passer des marchés, autoriser des «projets», siéger au Conseil d’administration des SDL, etc.
C’est ce genre de comportement qu’on doit combattre. On doit expliquer clairement aux citoyens : si vous considérez qu’un président de commune n’a pas bien fait son travail et n’a pas défendu votre commune comme il se doit, eh bien, votez pour une alternative.
A l’USFP nous présentons des listes jeunes, féminisées et renouvelées. Il n’y a pas plus de 10% d’anciens conseillers communaux dans nos listes, soit 90% de nouveaux. Et ils sont tous habitants ou travaillent dans les quartiers où ils se présentent.
En résumé, j’appelle à prendre très au sérieux ce fléau qu’est l’achat des voix ou encore l’intervention des agents d’autorité en faveur d’un candidat.
Mais justement quand vous parlez de corruption et d’achat de voix, est-ce que ce n’est pas simplement pour mieux préparer les raisons de votre échec dans ces élections.
Ne vous inquiétez pas pour nous.
Vous promettez de faire mieux qu’en 2009 mais vous être affaiblis par les scissions et le départ de plusieurs de vos membres importants et historiques.
Ça c’est vous qui le dites, ceux qui ont quitté sont importants à vos yeux peut-être. Ce ne sont nullement des leaders « historiques » puisque certains ont rejoint le parti en 2007 seulement. Et c’est le 4 septembre qui vous démontrera le poids de chacun.
Mais déjà lors des dernières élections professionnelles vous avez perdu la moitié des sièges.
Je pense que vous n’avez pas les vraies statistiques. L’USFP n’a pas perdu la moitié des sièges dans les Chambres professionnelles lors des dernières élections. Nous sommes exactement passés de plus de 230 sièges à 165 soit -30% et c’est d’ailleurs un bon score à nos yeux, car il a été obtenu honnêtement par le travail militant des Usfpéistes et non pas celui des « professionnels » des élections qui nous ont effectivement quittés. Nous arrivons d’ailleurs juste après le PJD avec ses 190 sièges.
Donc ces départs n’auront pas d’impact sur les résultats de l’USFP aux prochaines élections ?
Je peux vous parler de Rabat et de l’arrondissement de Youssoufia que je connais très bien puisque je suis membre de la section du parti. Beaucoup d’Ittihadis sont aujourd’hui fiers que le parti prenne réellement position sur les sujets de société, ils trouvent qu’ils ne sont plus dans un parti «mou» mais dans un parti qui ose la différence. C’est le seul grand parti qui a de vraies positions progressistes notamment concernant les libertés individuelles et les droits des femmes : pour la pénalisation du mariage des mineures, l’interdiction de la polygamie, la légalisation de l’avortement et l’ouverture du débat sur des sujets tabous comme la question de l’égalité en matière d’héritage.
L’USFP a pris clairement position sur tous ces sujets que vous [les médias] passez sous silence.
Revenons donc aux programmes
A l’USFP nous nous proposons d’adresser les questions stratégiques pour le pays et pas seulement pour Rabat.
Sa Majesté en a d’ailleurs parlé lors de ses derniers discours et particulièrement en ce qui concerne la problématique de la répartition des richesses.
Notre problème au Maroc, c’est que quand on a voulu aménager nos villes, on les a pensées comme on le ferait pour des aéroports, des autoroutes ou des ports. On s’est dit qu’il s’agissait de construire telle infrastructure et c’est bon. On a même créé des agences pour cela: par exemple, l’Agence de développement de la Vallée du Bouregreg. C’est une bonne initiative en soi, ça a apporté de beaux projets. Mais malheureusement ils ont complètement ignoré l’élément humain : ces centaines de milliers de R’batis qui de Chellah à Aekrech peuplent les quartiers les plus défavorisés de la capitale et qui vivent dans les plus beaux sites et ont les plus belles vues sur la vallée du Bouregreg.
Qu’est-ce qu’ils se sont imaginés ? Ils vont mettre un mur pour cacher ces gens ? Avec des check-points par exemple ? Je n’arrive pas à imaginer comment ils envisagent réellement le développement de cette commune.
Ces quartiers, je les connais très bien. Ils ressemblent à toutes les anciennes médinas des villes marocaines et d’ailleurs. Ce sont des quartiers qui ont un cachet, ce sont des gens qui vivent réellement là-bas, des Marocains comme les autres avec malheureusement une criminalité élevée, ce qui est normal en l’absence de commissariats. Un représentant local en l’occurrence se doit de discuter avec les forces de l’ordre pour améliorer la sécurité dans nos quartiers.
Pareil pour les dispensaires. Une maman pour vacciner son enfant à Rabat doit se lever à 5h30 du matin, faire la queue pour s’entendre dire qu’ils ne prennent que 20 patients par jour et donc attendre jusqu’à midi et se voir refuser le soin. C’est pour moi le devoir de l’élu local de travailler avec la délégation du ministère de la Santé pour trouver des solutions acceptables à ces problèmes.
A l’USFP nous pensons que ces milliards de dirhams qui seront injectés pour le développement de Rabat ne serviront à rien s’ils ne sont pas utilisés également pour réhabiliter ces quartiers (Hay Al Inbiaath, Hay Arrachad, Hay Elfarah, Hay AbiRaqraq; de leurs vrais noms : Douar El Hajja,Elmaadid, Douar Doum, Bizanta, Koraych). Et je ne parle pas de délocalisation de ces populations qui ne servirait qu’à les déraciner et à transférer le problème ailleurs, bien au contraire ces gens sont là où ils sont chez eux. Car il ne faut pas chercher à faire des zones urbaines de luxe à la Dubai. Celui qui veut voir des tours va aux Emirats. Les gens visitent le Maroc pour son cachet culturel, ses paysages naturels. S’il faut délocaliser quelques familles pour ouvrir des voies, il faudra leur garantir un logement dans le périmètre de la commune, dans la Vallée du Bouregreg.
Est-ce que c’est une proposition claire de l’USFP ?
Oui et pas uniquement à Rabat; c’est vrai aussi à Nador avec le site de Merchica. Ce projet est très bien; ça va permettre le développement de la région, mais généralement 20 à 30% des fonds alloués à ces projets devront bénéficier à ces populations à travers la réhabilitation de leurs quartiers.
Et ce n’est pas par charité que nous proposons cela. Ces populations sont la richesse de Rabat. Jusqu’à présent, le Maroc a profité du développement du BTP et de l’immobilier pour créer de la richesse. Aujourd’hui, il est grand temps d’investir dans l’humain. Et croyez-moi, ce sont des quartiers à très haut potentiel et pouvant générer une grande valeur ajoutée. Je suis persuadé que si un R’bati se sentait suffisamment en sécurité, il serait ravi de prendre son café sur la vallée avec vue sur l’estuaire de l’Oued, commander sa jellaba chez les artisans de ces quartiers et recourir à leurs traiteurs, etc.
Pour revenir aux problèmes d’insécurité nous insistons sur ce sujet, car c’est un prérequis à toute politique d’attraction des investissements. Avec un peu de moyens, on peut couvrir tout Rabat de caméras de surveillance.
Pour ce qui est de la circulation et du transport, les propositions de sortir les grands taxis de Rabat ne sont pas du tout réalistes; bien au contraire, surtout en l’absence de lignes de bus fréquentes et qui desservent correctement tout le territoire. Par contre notre programme propose de généraliser le transport scolaire pour les écoles privées et publiques.
Notre objectif à l’USFP c’est de mettre les citoyens au centre de tout projet de développement. Si on arrive à intégrer les centaines de milliers d’habitants de ces zones dans les projets de développement de Rabat, on aura gagné sur tous les plans.
On ne développe pas Rabat pour des Martiens ni pour des touristes, on la développe pour ses habitants qui sont d’ailleurs déjà là.
Si vous avez la région avec qui vous seriez prêts à faire alliance ?
Ce sont des élections locales et donc nous sommes prêts à faire alliance avec toutes les bonnes volontés. Nous sommes probablement plus proches des partis d’opposition mais on ne s’interdit rien; ce qui importe c’est que ce soient des gens honnêtes avec une bonne volonté et un projet cohérent pour le développement de la région.
Un dernier mot
Concrètement, il faut aller voter pour barrer la route à la corruption. Mobilisons-nous et prenons nos responsabilités en main.