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Driss Lachguar préside la réunion du Conseil national de la Chabiba
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Question : En plus de la question du Code pénal, un autre sujet a suscité un débat, à savoir l’égalité en matière d’héritage que votre parti a été le premier à défendre…
Driss Lachguar : Nous étions les premiers à appeler à l’ouverture d’un débat sérieux sur l’égalité dans l’héritage entre les deux sexes. Ce débat ne concerne pas seulement la question de l’héritage, mais englobe tous les aspects de la vie du citoyen marocain. Nous avons été attaqués et nous avons été victimes d’une campagne takfiriste et d’intimidation menée par certaines personnes à travers les réseaux sociaux. Nous avons porté plainte contre les instigateurs de cette campagne, mais notre plainte a été classée sans suite.
Aujourd’hui, je suis très content que ce débat ait été engagé à tous les niveaux et que des oulémas et des intellectuels y prennent part. Même si nous ne partageons pas toutes les idées, je suis convaincu que la force du progrès s’imposera. Il faut donc de la patience et du temps, et comme nous sommes démocrates et que nous défendons les divergences d’opinions, nous sommes tout à fait conscients que nos idées seront partagées.
Ne croyez-vous pas que cela aura un impact sur le poids électoral de votre parti vu que le conservatisme est le trait dominant de la société marocaine ?
Quelques sondages d’opinion ont montré que le tiers de la société approuvait cette idée et l’USFP se contentera de ce tiers. Nous défendons nos idées même si elles ne sont approuvées que par 5 ou 10 % de la société marocaine, car nos valeurs et notre référentiel sont basés sur la défense de la liberté et la lutte contre l’injustice et le despotisme. Irrémédiablement attaché à ses valeurs, l’USFP ne fait jamais dans les calculs électoralistes.
Pourquoi n’avez-vous pas privilégié le fait d’introduire un débat institutionnel sur le sujet au niveau du Parlement?
Il y a aujourd’hui un débat sur le Code pénal et le Groupe socialiste à la Chambre des représentants a organisé une journée d’étude qui était ouverte à tous les points de vue. Nous avons écouté toutes les opinions et nous avons exprimé nos convictions à propos de sujets tels que l’abolition de la peine de mort et la lutte contre la haine et l’enrichissement illicite.
Nous avons opté pour la lutte démocratique et aujourd’hui, plusieurs initiatives concernant l’égalité ont été présentées à l’instar de celle relative à l’ouverture de la profession d’Adoul aux femmes. Cela est inédit dans les pays islamiques. Néanmoins, ce que la femme a réalisé au Maroc n’est pas à la hauteur de nos ambitions, mais nous continuerons notre lutte pour réaliser l’égalité des genres.
Etes-vous satisfait de l’action du Parti de la Rose au sein du gouvernement El Othmani ?
Je ne suis pas satisfait, car vous vous rappelez les entraves qui ont été posées à notre participation au gouvernement. En comparaison avec d’autres formations politiques, notre parti a subi une injustice, mais pour surmonter le blocage politique, nous avions accepté cette situation injuste. Et malgré les efforts consentis par l’USFP, nous avons encore des remarques à faire. A titre d’exemple, les nominations se discutent sur les pages des journaux au lieu d’être examinées au sein de la majorité comme ce fut le cas récemment lorsque nous étions en réunion à la résidence du chef du gouvernement et que nous avions été surpris par la publication d’un communiqué annonçant que Daoudi allait être destitué ou déchargé à sa demande de sa fonction de ministre des Affaires générales et de la Gouvernance. Cela est inacceptable.
Ce que nous craignons aujourd’hui, c’est que le chef du gouvernement n’ait pas une majorité dans la majorité. Nous n’accepterons aucune pratique qui favoriserait le partage des rôles au sein de la majorité. Notre crainte réside dans la façon de gérer la majorité, car on ne peut pas être responsable au sein de celle-ci et se voir surpris par le communiqué d’un parti qui participe au même gouvernement. Cette affaire aurait dû être discutée au sein de la majorité.
Avez-vous été réellement surpris par la demande de démission de Daoudi ?
Comme tout le monde, j’ai été informé via le communiqué du PJD et non pas par le chef du gouvernement alors que je me trouvais en réunion des partis de la majorité avec lui le jour même de la publication de ce communiqué.
Croyez-vous qu’il y ait une crise de communication au sein de la majorité ?
Sincèrement, au cours des phases précédentes, l’USFP a toujours joué un rôle de facilitateur car le blocage n’était pas facile à lever. Mais cela ne doit pas être interprété autrement.
Je crois que la Charte de la majorité oblige toutes ses composantes à collaborer et à agir en concertation surtout lorsqu’il est question des choix approuvés par la majorité. Concernant le cas de Lahcen Daoudi, d’un point de vue formel, je crois qu’il a commis une erreur en prenant part à un sit-in de protestation.
La logique est que le gouvernement se mette à l’écoute pour régler les problèmes et non pas protester. Concernant le fond, l’opinion défendue par Lahcen Daoudi l’a été par tous les leaders du parti qui préside le gouvernement.
Ce qui s’est passé pose la question de la responsabilité du ministre et du chef du gouvernement. Tout différend doit être réglé dans le bureau de ce dernier ou au sein du Conseil du gouvernement et non au siège du parti.
Ce qu’a fait Lahcen Daoudi exige-t-il qu’il présente une demande formelle d’être déchargé de ses fonctions ?
Ce qu’il a fait induit une mise en garde, alors que la démission est une question politique qui exige une procédure spéciale constitutionnellement cadrée. La demande de décharge doit être présentée à Saad Eddine El Othmani non en qualité de Secrétaire général du parti, mais en tant que chef du gouvernement. Malheureusement, ce qui s’est passé constitue une erreur et je considère que le chef du gouvernement aurait dû informer la majorité de cette décision.
En cas d’acceptation de la demande de Lahcen Daoudi, est-ce que l’USFP demandera un remaniement ministériel pour réparer ce que vous considérez comme une injustice commise envers votre parti lors de la formation de l’actuel gouvernement ?
L’USFP ne base pas ses positions sur des probabilités et je ne crois pas que le problème réside dans le renforcement de notre position au sein du gouvernement. Nous sommes satisfaits des portefeuilles dont nous disposons actuellement, mais nous voulons que notre position soit prise en considération au sein de l’Exécutif. Nous demandons à être associés à toutes les décisions et nous voulons que les institutions soient l’espace de discussion de toutes les questions sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord.
L’USFP est-il prêt à affronter les prochaines échéances électorales à l’issue de cette expérience gouvernementale ?
L’USFP d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier. Les rivalités et les problèmes ont fortement diminué. Les Ittihadis sont conscients des rapports de force au sein de la société, mais ce que nous mettons en relief c’est le fait que la relation du citoyen au politique et aux partis a enregistré de profondes mutations au Maroc à l’aune de la révolution numérique. L’USFP en est conscient et nous déployons les efforts requis. Néanmoins notre parti n’est pas un parti électoraliste puisque nos sièges fonctionnent l’année durant et que nos institutions et nos instances travaillent en permanence.
Ne pensez-vous pas que le dialogue interne pourrait résoudre les problèmes au sein du parti ?
Le débat et le dialogue ont toujours eu lieu au sein de l’USFP et nous sommes ouverts. Il y a eu des débats et des différends lors du Xème Congrès du parti, mais nous les avons surmontés positivement. Tous nos frères qui ont eu ou qui avaient des positions différentes des nôtres ont considéré que le congrès n’était qu’une étape parmi d’autres et ont adhéré à la dynamique du parti.