“Dieu” et Messi

Avec ses trois buts sur les quatre marqués par l’équipe d’Argentine dans la Copa America, Sergio Agüero est devenu un héros dans son pays, lui qui partage déjà l’intimité de deux idoles nationales, son coéquipier Lionel Messi et son beau-père Diego Maradona.
Il avait déjà sauvé la patrie en égalisant à un quart d’heure de la fin contre la Bolivie lors du premier match (1-1), créant constamment le danger pour son entrée en jeu.
Les nouvelles prestations médiocres des titulaires Lavezzi et Tevez contre la Colombie (0-0) ont décidé le sélectionneur Sergio Batista: “El Kun” intégrerait désormais le onze de départ. Son doublé face au Costa Rica (3-0) lui a donné raison. Et la presse locale l’a mis à la Une, plutôt que Messi.En Argentine, Agüero (23 ans) est le seul joueur à pouvoir rivaliser en terme de popularité avec “le meilleur joueur du monde” Messi et “le joueur du peuple” Tevez. Il n’est pas rare, dans une rue de Buenos Aires ou de Cordoba, de voir un graffiti au pochoir à son effigie, des tags de son nom ou de son surnom, déformation d’un personnage de dessin animé japonais (Kum Kum).
Kun Agüero s’est approprié cette identité au point de la faire floquer sur son maillot à l’Atletico Madrid et tatouer sur son avant-bras, dans la langue elfique de Tolkien.
Son statut de petit chouchou vient de loin: il commence chez les professionnels à Independiente, à l’âge de 15 ans seulement. Tout jeune et petit format (1,72), il apprend alors à éviter les tacles et se forge un style, une conduite de balle chaloupée et une faculté de pouvoir tirer au but de n’importe quelle position.

“La poitrine de Dieu”
Il brille ensuite dans les sélections de jeunes, devenant meilleur buteur (6 réalisations) et Ballon d’Or du Mondial des moins de 20 ans remporté en 2007. Imitant ainsi en tous points son partenaire au tournoi précédent (2005), un certain Messi.
Ces deux-là se connaissent depuis par coeur. “Quand je vois que Leo démarre, je me mets à courir, raconte-t-il au journal Olé. Je cherche le trou pour qu’il me lance. S’il ne me donne pas le ballon, ce n’est pas grave. Par chance, il me cherche souvent. C’est comme ça qu’est arrivé le 2-0” contre le Costa Rica.
Ces deux-là ont parfait leur entente aux Jeux olympiques de 2008 à Pékin. Personne en Argentine n’a oublié la contribution du Kun à la médaille d’or: en demi-finale, il marque deux buts contre le Brésil (3-0), dont un du buste. “La poitrine de Dieu”, dit-il alors, clin d’oeil plus facétieux que vantard à la “main de Dieu” de Maradona, le jour même de l’annonce de la grossesse de sa fiancée, la fille de “D10S”.
Messi, Maradona... “Tout le monde se demande comment ça se passe avec eux, mais c’est normal, relativise-t-il. J’ai connu Leo au Mondial des moins de 20 ans aux Pays-Bas et on a noué une relation. Et avec Diego aussi. Au début, ça me faisait drôle, mais maintenant je suis son gendre,
hé !”
Après cinq saisons à l’Atletico Madrid, Agüero veut désormais changer d’air. Installé entre “Dieu” et Messi, le troisième larron peut viser haut.