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Devant ses ministres assis sur les bancs du premier rang, il parle entre autres de la croissance, de la proportionnelle, de la fin du cumul des mandats, des collectivités territoriales et de la politique internationale. Bref, tout un programme précis et détaillé est étalé devant les élus de la nation.
Changement de lieu et de décor. Mardi. 14h30 (heure du Maroc). A la Chambre des conseillers, Abdel-Ilah Benkirane, chef du gouvernement, répond aux questions des membres de cette Chambre concernant la lutte contre la prévarication.
Contrairement à son collègue français, Benkirane ne semble pas disposer d'un agenda précis ni d'un programme détaillé. Notre homme excelle dans l'art de l'improvisation. Pour lui, il ne faut pas précipiter le cours des évènements. Il faut donner du temps au temps comme disait l'autre.
Ainsi, pendant les dizaines de minutes que son discours sur la prévarication va durer, les conseillers réunis cet après-midi dans le cadre de la session mensuelle consacrée aux questions de politique générale, auront droit à une leçon d'histoire sur l'émergence de la corruption, sur son expansion et ses ramifications au sein de la société marocaine. Le tout dans un langage simpliste et populiste émaillé de gesticulations inappropriées. Parfois, ils auront à subir des excès d'humeur indignes d'un chef de gouvernement. On est loin, très loin du calme et du ton à la fois ferme et posé de Jean-Marc Ayrault.
Pour Abdel-Ilah Benkirane, qui a encore du mal à intégrer les arcanes du pouvoir, la lutte contre la prévarication passe par un renforcement du cadre législatif et la poursuite de la mise à niveau de l'arsenal juridique existant ainsi que son adaptation aux lois internationales relatives à la préservation des biens publics et à la lutte contre l'enrichissement illégal et la corruption.
La mise en branle de la réforme des lois électorales afin de développer les mécanismes de la concurrence politique, la publication d'une charte des services publics et une loi relative au droit d'accès à l'information font également partie des mesures que l'Exécutif compte prendre pour lutter contre la prévarication.
Benkirane ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Il estime que la révision des textes législatifs régissant l'Instance nationale de l'intégrité, l'Instance nationale de la lutte contre la corruption, le Conseil de la concurrence, l'Inspection générale des finances doit également s'inscrire sur l'agenda des réformes.
Bref, le chef du gouvernement promet encore des textes législatifs en faisant abstraction de ceux existants et de ceux qui emplissent encore les tiroirs du secrétariat général du gouvernement. En effet, la question de la lutte contre la corruption et la moralisation de la vie publique ne date pas d'aujourd'hui et les textes de lois y afférant sont nombreux. Benkirane ne fait donc que reprendre la recette de ses prédécesseurs sans souscrire à l'inévitable rupture qui pourrait, seule, déclencher le processus salutaire. Il semble que l'euphorie de la campagne électorale est bien finie et que les discours martelés par le PJD dès son accès au gouvernement se sont brisés sur l'autel des réalités.
Car de l'aveu même de Benkirane, les lobbies de la corruption sont puissants et dangereux. Ces lobbies qui seraient même capables de défendre leurs intérêts avec acharnement, ont largement profité, selon lui, des marchés publics, de salaires colossaux et indus voire même de parts illicites dans le capital des sociétés.
Face à cette situation, Benkirane ne compte pas faire cavalier seul ni affronter ces lobbies frontalement. Il prône la prudence et veut procéder par étapes; car partout dans le monde, précise-t-il, l'expérience a démontré que ces lobbies sont plus forts que les politiciens. Belle leçon de courage politique !