La police antiterroriste a effectué une descente dans "une cache terroriste" du district de Gaziosmanpasa. Les deux occupantes d'un appartement ont tiré sur les policiers qui ont répliqué, a précisé l'agence de presse Dogan.
Les médias se sont contentés de rapporter la mort des "deux terroristes" sans préciser leur appartenance , mais ce quartier d'Istanbul est connu pour être notamment un bastion des militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mouvement armé contre lequel une opération militaire majeure est en cours depuis une semaine dans le sud-est à dominante kurde.
Quatre policiers ont été légèrement blessés lors de l'échange de feu, selon Dogan.
Au moins 115 rebelles présumés du PKK ont été tués lors d'une offensive inédite de l'armée et de la police toujours en cours dans plusieurs villes du sud-est anatolien, surtout à Sirnak et Cizre, situées dans la province de Sirnak, frontalière de l'Irak et de la Syrie.
Ce bilan officiel est toutefois invérifiable de source indépendante. Les opérations ont également fait des victimes collatérales parmi la population civile ainsi que parmi les rangs de l'armée.
Après plus de deux ans de cessez-le-feu, des combats meurtriers ont repris l'été dernier entre Ankara et le PKK, faisant voler en éclats les pourparlers de paix engagés en 2012 pour mettre un terme à un conflit qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.
Les militants du PKK mais aussi les jeunes milices du YDG-H (le Mouvement des patriotes révolutionnaires, proche du PKK) ont profité de deux ans d'accalmie pour s'implanter dans les villes "libérées", creusant des tranchées et érigeant des barricades pour empêcher l'entrée des forces de sécurité. Une nouvelle stratégie qui a paralysé ces villes.
En se déplaçant des traditionnelles zones rurales aux villes, les combats ont provoqué l'exode de quelque 200.000 personnes avec des conséquences désastreuses sur cette région du sud-est, qui présente désormais des images de maisons, écoles et hôpitaux dévastés, rappelant la situation de la Syrie voisine.
Le ministère de l'Enseignement a rappelé ses instituteurs de la zone et l'année scolaire a été interrompue, tout comme les services sanitaires, faute de médecins.
Fort de la victoire de son parti de la justice et du développement (AKP) aux élections législatives du 1er novembre, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan ne cesse de répéter sa volonté d'"éradiquer" le PKK, accusant le parti pro-kurde HDP (parti de la démocratie des peuples) d'être de mèche avec le mouvement armé.
Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a, quant à lui, dénoncé dimanche à Ankara devant un parterre de jeunes militants de l'AKP une "tentative de déclencher une guerre civile", et a averti que les opérations allaient continuer.
"Nous sommes face à une organisation barbare qui essaie d'instrumentaliser les jeunes afin de porter atteinte à la vie des gens en installant ces barricades", a-t-il dit.
Le chef du gouvernement a aussi promis une aide financière aux habitants déplacés de la zone ainsi qu'aux commerces et entreprises durement frappés par le conflit actuel.
Les opérations, sans précédent, sont critiquées par de nombreux opposants politiques et la société civile.