"Nous avons observé des Sapajous à barbe (des singes du Brésil, ndlr) cassant délibérément des pierres et créant involontairement des éclats comportant de nombreuses similitudes avec ceux produits par les premiers hominidés de l'âge de pierre", explique à l'AFP Tomos Proffitt de l'Université d'Oxford.
Les artistes observés, les Sapajous à barbe (Sapajus libidinosus) sont des primates de moins de 4 kg qui peuplent notamment le parc national de la Serra da Capivara au Brésil.
On sait depuis longtemps qu'ils utilisent des outils de pierre pour, par exemple, casser des noix (comme les chimpanzés).
Mais c'est un spectacle plus étonnant que relatent les chercheurs: les bipèdes frappant, à plusieurs reprises, une pierre contre une autre, et produisant des éclats tranchants.
Les Sapajous à barbe seraient même capables de choisir les pierres qu'ils vont frapper en fonction de leur composition et de leur forme, privilégiant les arrondies.
"Cette observation est importante, car les archéologues ont toujours cru que la production d'éclats de pierre présentant des cassures en courbe et des bords tranchants était réservée aux hominidés", explique Tomos Proffitt.
Par contre, contrairement aux hominidés, les primates ne maîtrisent pas l'utilisation de ces éclats. Selon les chercheurs, "il est même difficile de comprendre pourquoi les singes taillent ainsi les pierres".
L'acte intentionnel chez les hominidés est fortuit chez le singe. Mais avec cette découverte nous allons devoir réévaluer "le niveau minimum de complexité cognitive et morphologique nécessaire pour produire ces éclats", note le chercheur.