La tension a atteint des sommets hier matin sur l’axe ferroviaire Rabat-Casablanca. « Votre attention, s’il vous plaît ! Le train provenant de Kénitra accusera un retard de vingt minutes », crache le micro à la gare de Salé-ville, au grand malheur des passagers. Désarroi total, puis désordre auquel succède un calme prudent. « C’est quoi le problème? », demande-t-on au monsieur chargé de poinçonner les tickets à l’entrée de la gare. « Il doit y avoir un accident au niveau de la commune rurale de Bouknadel », suppose-t-il, incertain. Plus incertains encore étaient les passagers, qui allaient apprendre, encore une fois, que le train allait prendre un nouveau retard de vingt minutes ! Passé ce moment, voilà le train qui pointe du nez. Le contrôleur était visiblement nerveux, tant et si bien qu’il a lancé à la cantonade : « Si vous voulez me tuer, allez-y ». « En tout cas, je n’y suis pour rien », a-t-il dit. En effet, la cause du retard était due à des passagers qui ont bloqué la voie au niveau de la gare de Témara. Pour protester contre la surcharge du train, qu’ils devaient emprunter à 7H30, ils n’ont pas trouvé mieux qu’occuper les rails. Leur « sit-in » n’a pu s’arrêter qu’après l’intervention du pacha de Témara, qui était accompagné de plusieurs agents d’autorité. Des sources oculaires ont affirmé à « Libé » que la dispersion des manifestants s’était déroulée dans le calme, précisant que le ton était plutôt à l’entente entre les protestataires et les autorités locales. Contactés par « Libé », des sources syndicales ont attribué les désagréments survenus ces derniers jours sur les rails aux récentes intempéries provoquant des inondations particulièrement dans la région du Gharb. Les responsables de l’ONCF, notamment ceux du pôle infrastructures ferroviaires, étaient restés quant à eux injoignables tout au long de la matinée du lundi. L’absence de communication sur le train en a, par ailleurs, rajouté au calvaire des passagers, qui ne savaient à quel saint se vouer pour connaître la raison du retard. A part le fameux « voulez-vous nous excuser du retard », aucune explication convaincante n’a été fournie à ces pauvres passagers. Les hypothèses allaient “bon train” sur l’axe Rabat-Casablanca, entre passagers ou entre passagers et les responsables des boîtes pour lesquelles ils bossent. Pas un poil d’information sur le retard du train !
S’agissant de la question de la « surcharge », à l’origine souvent de bousculades contrariantes, parfois de petites prises de bec entre les passagers, des sources à l’ONCF attribuent ce désagrément à ce qui suit : « les vacances du week-end » ! Résultat ? « Le spectacle de la surcharge, avec ce que cela implique en termes de bousculades, se répète chaque lundi matin, à la défaveur des passagers qui sont contraints de prendre leur mal en patience », regrette un navettiste, résigné. Résigné, enfin pas sûrement. Le sit-in observé, hier matin, spontanément, au niveau de la gare de Témara, démontre que les usagers des trains ont commencé à perdre patience.