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Une tendance à la hausse que confirme - comme le cas pour les années précédentes- les chiffres de l'Office des statistiques de l'Union européenne (Eurostat) publiés en mars 2019. Selon ces derniers, le principal groupe de nouveaux citoyens dans les Etats membres de l’Union européenne en 2017 était constitué des Marocains (67.900, soit 8,2% des octrois de nationalité), suivis des Albanais (58.900, soit 7,1%), des Indiens (31.600, soit 3,8%), des Turcs (29.900, soit 3,6 %) et des Pakistanais (23.100, soit 2,8%).
Par rapport à 2016, le nombre de citoyens marocains à avoir obtenu la nationalité de l’un des Etats membres de l’Union a baissé de 33%. La majorité des Marocains ont acquis la nationalité italienne (33%), espagnole (25%) ou française (25 %), tandis que la majorité des Albanais ont obtenu la nationalité grecque (51 %) ou italienne (46%). La majorité des Indiens (52%) ont reçu la nationalité britannique, environ la moitié des Turcs ont obtenu la nationalité allemande (50%) et près de la moitié des Pakistanais ont obtenu la nationalité britannique (45%).
Des données datées de 2009 ont révélé que les Marocains avaient accaparé la plus grande partie des nationalités européennes octroyées lors de cette année avec 59.900 naturalisations sur un total de 776.000, soit 7,7%, devançant ainsi les Turcs (51.000) et les Indiens (31.100). La France a été classée comme le premier pays à octroyer sa nationalité à des Marocains avec une part de 19% sur les 136.000 naturalisations accordées en 2009. Les Algériens ont été la deuxième communauté à bénéficier de l’acquisition de la nationalité française après les Marocains.
La Belgique a, de son côté, attribué 24,2% de ses passeports en 2009 à des Marocains. Idem des Pays-Bas qui ont octroyé 18,5% des naturalisations à nos compatriotes. En Italie, les Marocains se contentent de la deuxième place derrière les Albanais avec 15,3% et de 8,4% en Espagne derrière les Equatoriens et la Colombiens.
Des statistiques que ne semble pas partager le Haut-commissariat au plan (HCP). Selon les premiers résultats de son enquête sur la migration internationale au cours de 2018-2019, il a indiqué que plus de 7 migrants marocains sur 10 ont la nationalité marocaine uniquement, soit 71,9% et que seulement 27,4% ont acquis une autre nationalité. Les femmes demandent plus que les hommes les nationalités étrangères avec respectivement 33,3% et 24,6%. A rappeler que cette enquête du HCP a ciblé un échantillon de 15.076 ménages répartis en 8.144 ménages de migrants actuels, 4.072 ménages de migrants de retour et 2.860 ménages de non migrants.
« Il faut prendre ces chiffres avec précaution puisque l’étude du HCP est globale et que la réalité est tout autre. Les chiffres du HCP sont bas parce qu’ils ont pris en compte les pays africains et les pays arabes où les Marocains n’ont pas droit à la naturalisation. Le taux est beaucoup plus important puisque dans les pays traditionnels de la migration, il y a de plus en plus de naturalisations notamment en France, en Belgique et aux Pays-Bas », nous a expliqué Mohamed Charef, directeur de l'Observatoire régional des migrations espaces et sociétés (ORMES). Et de poursuivre : « L’acquisition de nationalités étrangères par les Marocains ne date pas d’aujourd’hui, notamment en Europe. Elle remonte aux années 80 voire avant. En effet, les demandes de nationalité des pays d’accueil ont été très faibles durant les années 60-70, mais elles ont commencé à prendre de l’ampleur avec le regroupement familial, les naissances sur place et la mise en service du visa Schengen. Aujourd’hui, une grande partie des Marocains établis à l’étranger cherchent à acquérir la nationalité du pays d’accueil avant de retourner au Maroc ».
Pourquoi cette recherche d’acquisition de nationalités autres que marocaine ? « Plusieurs motivations expliquent ce choix. Il y a ceux qui acquièrent cette nationalité par la force du droit puisqu’ils sont nés sur le territoire du pays d’accueil. Il y a ceux qui sont à la recherche de plus de facilités à leur mobilité et davantage de droits (emploi, santé, éduction des enfants, allocations familiales, pension chômage, etc.).
En résumé, acquérir la nationalité du pays d’accueil octroie une présence et une visibilité dans les pays d’installation », nous a précisé Mohamed Charef. Et de conclure : « Au cours des années 60, les Marocains avaient une image négative de la double nationalité et c’était compréhensible dans le contexte de l’époque marqué par la décolonisation et le débat sur les relations à entretenir avec l’autre (l’Occident). L’acquisition de la nationalité de l’ancienne puissance coloniale de la part des populations provenant des anciennes colonies était considérée comme une traîtrise. Aujourd’hui, c’est plutôt un droit et ça ne signifie en aucun cas un reniement des racines ».