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L'Organisation marocaine des droits humains était sur place dès le 15 octobre -soit 5 jours après l'installation du camp des protestataires et jusqu'au déclenchement des violences, le 8 novembre 2010- à travers une équipe d'investigation, coordonnée par un membre du Conseil national de l'Organisation. Des communiqués de l'OMDH étaient d'ailleurs régulièrement publiés pour informer l'opinion publique des développements d'une situation qu'Amina Bouayach s'empresse de qualifier de "complexe".
Sur le terrain et à l'intérieur du camp, les activistes de cette organisation de défense des droits humains ont écouté les différentes parties qui composaient le campement. De la même manière, ils ont répertorié les revendications des protestataires mais aussi l'évolution des protestations au fur et à mesure que les négociations avec les autorités avançaient. Enfin, les affrontements qui ont eu lieu à l'intérieur du camp entre les forces de l'ordre et "le groupe opposé à l'accord conclu entre les autorités publiques et le comité de dialogue représentant les habitants du camp" ainsi que les violences qui ont gagné la ville de Laâyoune, ont fait l'objet d'un suivi de l'équipe d'investigation de l'OMDH.
Les personnes démunies, les moins nombreuses dans le camp
Dès le 19 octobre, l'organisation aux destinées de laquelle préside Amina Bouayach a levé un voile jusque-là opaque sur les différentes catégories composant le camp de protestation. En gros, trois composantes qui vont des personnes démunies, réellement dans le besoin et représentant la catégorie la moins nombreuse du camp de Gdim Izik, aux commerçants, fonctionnaires et fils de fonctionnaires, agents d'autorité et autres porteurs de cartes "Achbal" en grand nombre en passant enfin par une large frange d'habitants du camp Al Wahda ayant déjà bénéficié d'un projet de logements dans le cadre du programme d'aménagement de la ville Al Wifaq et Al Wahda, soit 16.000 unités de logement. Ce qui fait dire à la présidente de l'OMDH que la majorité des protestataires avaient des revendications qui avaient plus des accents de privilèges que de besoins socio-économiques. "La règle d'exception n'est jamais saine dès lors que la règle de droit n'est pas respectée. Une catégorie importante de ces protestataires était composée de familles d'élus, de fonctionnaires et de personnes ayant déjà bénéficié d'un logement. En fait, toutes ces personnes en particulier revendiquaient leur droit aux privilèges. Autoriser la règle d'exception conduit inévitablement à des dérapages", explique cette activiste de l'Organisation marocaine des droits humains. Dès lors, la question du dialogue ouvert par les autorités avec ceux de la coordination du campement se pose. "Comment un tel dialogue pouvait-il aboutir alors que les pouvoirs publics n'avaient même pas cerné les composantes réelles du camp de Gdim Izik?", fait remarquer Amina Bouayach.
Selon le rapport de l'OMDH, le campement dressé à une quinzaine de kilomètres de Laâyoune, sur la route de Smara, était composé d'environ 3000 tentes dont 20% étaient inhabitées. Quant au nombre des habitants de ce camp de protestation, l'ONG l'a estimé entre "6000 et 8000 personnes le jour et 600 à 900 la nuit". Et dès le 24 octobre, l'OMDH l'avait fait savoir dans un communiqué. Enfin, cette Organisation de défense des droits humains est très vite arrivée au constat selon lequel "des personnes ont regagné le campement et imposé leur mode de gestion aussi bien en ce qui concerne le transport ou l'accès au camp qu'en matière d'encadrement, de prises de décision et de règlement des différends entre les protestataires".
Les pouvoirs publics ont respecté la procédure
Sur les événements tragiques du 8 novembre 2010, l'OMDH confirme le bilan officiel du décès de 12 représentants des forces de l'ordre, " dont six auraient été égorgés ". A cette liste, l'ONG ajoutent le décès à l'hôpital de Mahmoud Lakraa et ce, après avoir été heurté par une voiture ainsi que celui de Daoudi Ibrahimi, mort à l'hôpital le 12 novembre. L'organisation parle de dizaine de blessés en reconnaissant ne pas avoir de chiffre précis, de saccages et d'incendies d'établissements publics et privés et confirme le fait qu'aucun cas d'enlèvement n'a été enregistré. "Il faut ici noter cette nouvelle manière de faire des pouvoirs publics qui n'a pas fait usage de violence. On a assisté à l'ouverture d'un dialogue. En ce qui concerne le démantèlement du camp, il y a eu respect de la procédure en vigueur, il n'y a pas eu utilisation de la violence et il y a ouverture d'enquête sur les incidents", soutient la présidente de l'Organisation marocaine des droits humains.
A l'OMDH, on le dit haut et fort : l'heure n'est pas à la condamnation. Il faut tirer les leçons de ces événements d'une violence inouïe. Force est aujourd'hui de le reconnaître, les institutions et mécanismes de médiation ne sont pas effectifs. L'absence des acteurs politiques incapables d'apporter des réponses est totale. "Il n'y a même pas eu une question urgente au Parlement sur ce qui se passait à Laâyoune", s'indigne Amina Bouayach qui en appelle à la mise en œuvre de principes d'équité, d'égalité, de primauté de la loi, de bonne gouvernance ainsi qu'à la diffusion des valeurs fondées sur la paix et la citoyenneté. "Au Sahara, il y a des problèmes réels. Et l'OMDH compte bien y revenir", conclut l'activiste.