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Ceux du département de l’Intérieur sont prompts à l’affirmer : s’il a fallu vingt six ans pour apporter les premières modifications de la charte communale de 1976, des changements de fond ont très vite bouleversé l’action locale. En un exercice, et plus exactement entre 2003-2009 de larges perspectives d’action et d’initiatives locales au service du citoyen ont donc été ouvertes. Dans cette image d’Epinal, la commune de demain s’esquisse, se dessine et s’impose dans tous ses défis, toutes ses ambitions. Résultat : la mission jusque-là dévolue à la commune a forcément changé. On parle désormais de plan de développement, de stratégie. L’administration locale est définie comme de proximité et donc au service des administrés. Désormais, on parle de ressources humaines qualifiées et motivées, de ressources financières qui suivent, et surtout le recours à des modes de gestion modernes axés sur les résultats. L’obligation de résultat s’invite dans la gestion communale et personne ne s’en plaindra.
Tous ces concepts sont nouveaux. Aussi nouveaux que la bonne gouvernance. Dans un tel environnement où le développement, l’utilité publique et le citoyen sont les fondements de la commune, l’élu n’a plus qu’une seule obligation, celle de la mise à niveau. Finie, en principe, l’image de l’édile analphabète ou presque, absentéiste, dans l’incapacité de cogiter un plan de développement ou de se projeter dans l’avenir. «C’était jusque-là la tare qui discréditait, il faut bien le dire, l’action communale. L’édile n’en finissait pas de traîner une réputation qui a très peu à voir avec l’intérêt de la collectivité ou la proximité du citoyen. Dans la mémoire collective, le président de commune est d’abord là pour servir ses propres intérêts, et rien d’autre», admet un président de commune.
La vision de la commune 2015 fait donc place à l’édile stratège. L’élu est ici appelé à définir des visions, fixer des choix et orienter les interventions par le recours à la planification stratégique, la mobilisation des partenariats et la multiplication des opérations de coopération, ainsi que l’évaluation des performances. Résultat, l’édile est un super chef d’entreprise porté à la commune grâce aux suffrages de ses concitoyens. D’autant que la nouvelle charte communale invite les communes « à élaborer leurs plans communaux de développement selon la démarche de planification stratégique participative ». Et dans cette démarche, l’élu local joue le rôle de maître d’ouvrage du processus. « Maintenant, la question qui se pose, c’est bien celle de savoir si les partis politiques ont de tels profils de candidats à présenter aux élections», s’interroge avec perfidie cet activiste de la société civile.
Révolu le temps de la tutelle ?
Dans ce paysage institutionnel rempli de promesses, l’Etat aussi est concerné par le changement. Il est désormais question d’Etat accompagnateur. Le temps de la tutelle semble révolu. Autant que les logiques sectorielles qui cèderaient la place à l’action coordonnée. Et la démarche, cette démarche a été rendue possible par la mise en place d’un nouvel environnement juridique à même de permettre aux communes d’exercer leurs prérogatives, à dépasser les blocages et autres lourdeurs que les élus n’ont eu de cesse à dénoncer, et à clarifier, une bonne fois pour toutes, les ambigüités construites sur le mode « qui fait quoi ». « Souvent, les présidents de communes et les élus ne sont là que pour le décor, la caution politique. Ils n’interviennent une fois que tout est décidé ailleurs. Il est toujours bon de le rappeler pour mesurer le changement », soutient cet édile usfpéiste.
Et justement dans la série des changements, il est question de mobilisation du potentiel des ressources, de gestion dynamique du patrimoine et d’amélioration du cadre budgétaire et comptable. Bref, ce sont de grands bouleversements qui attendent les présidents de communes plus que jamais appelée à jouer un rôle politique.
« La commune n’est plus donc cet espace livré à lui-même et à des élus dont ce n’est pas exactement la vocation. Un cadre juridique et institutionnel a été réfléchi dans le sens d’une normalisation des services publics locaux, l’amélioration du processus de la maîtrise d’ouvrage, la professionnalisation de la gestion directe des services publics locaux ainsi que celle de la gestion déléguée », commente un juriste de la place.
Autant de raisons qui laissent à penser que les élections communales du 12 juin 2009 sont un rendez-vous crucial dans la vie de la démocratie locale du Maroc. Un scrutin qui sera à coup sûr un examen de passage pour toute cette nouvelle politique. Une politique qui fait de la commune un espace de développement et de proximité tout en pariant sur l’émergence d’une nouvelle génération d’élus, bref, une nouvelle élite communale.
Un scrutin donc chargé d’ambitions politiques qui intervient au moment même où le Maroc a fait vœu de normalité électorale. Reste l’essentiel, c’est-à-dire, et comme au rugby, transformer l’essai.