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Sur des images diffusées par l'agence de presse officielle azerbaïdjanaise Azertag, six hommes en costume sont autour d'une table pour négocier une réintégration de ce territoire en majorité peuplé d'Arméniens à l'Azerbaïdjan.
Parmi eux, un représentant du Nagorny Karabakh est visible, David Melkoumian.
Une colonne de 4X4 noirs était auparavant arrivée sur les lieux des discussions, à Yevlakh, à 295 km à l'ouest de la capitale azerbaïdjanaise, suivie d'un véhicule sur lequel flotte un drapeau russe et portant des plaques d'immatriculation de l'armée russe.
La Russie a depuis fin 2020 et une précédente guerre une mission de soldats de la paix au Nagorny Karabakh.
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a quant à lui appelé jeudi son pays à emprunter "le chemin" de la paix, même s'il n'est "pas facile".
Au moment où les pourparlers débutaient à Yevlakh, des tirs, dont l'origine n'était pas connue dans l'immédiat, ont été entendus à Stepanakert, la capitale des séparatistes arméniens, par un correspondant de l'AFP présent sur place.
"Les forces armées azerbaïdjanaises ont utilisé différentes armes depuis les environs de Stepanakert, violant l'accord sur le cessez-le-feu" entré ne vigueur mercredi, ont accusé les sécessionnistes.
Des allégations aussitôt qualifiées de "désinformation" par le ministre azerbaïdjanais de la Défense Zakir Hassanov.
A Genève, l'Arménie a dans le même temps qualifié de "crime contre l'humanité" l'opération militaire azerbaïdjanaise au Nagorny Karabakh, assurant devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU qu'un "nettoyage ethnique" était "en cours".
Selon le dernier bilan des séparatistes arméniens, l'offensive azerbaïdjanaise qui s'est achevée en 24 heures mercredi à la mi-journée a fait au moins 200 morts et 400 blessés. Le ministère russe de la Défense a quant à lui annoncé que deux soldats russes avaient été tués mercredi lorsque leur voiture a été visée par des tirs.
Acculés par la puissance de feu des unités azerbaïdjanaises et la décision de l'Arménie de ne pas leur venir en aide, les séparatistes ont accepté de rendre toutes leurs armes et de participer à de premiers pourparlers sur "la réintégration" à l'Azerbaïdjan du Nagorny Karabakh.
En parallèle, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU devait se dérouler dans l'après-midi.
A la veille des négociations, Hikmet Hajiev, un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, a assuré que l'Azerbaïdjan avait "pour objectif la réintégration pacifique des Arméniens du Karabakh" et une "normalisation" des relations avec l'Arménie.
Il a promis "un passage en toute sécurité" aux forces séparatistes arméniennes, assurant que "toutes les actions" menées "sur le terrain" étaient coordonnées avec le contingent de maintien de la paix russe.
Vingt-quatre heures après le déclenchement de son offensive militaire, l'Azerbaïdjan a "rétabli sa souveraineté" sur le Nagorny Karabakh, s'est félicité mercredi M. Aliev.
Cette victoire azerbaïdjanaise nourrit les craintes d'un départ massif des 120.000 habitants du Nagorny Karabakh, tandis que des images diffusées par des médias locaux montraient une foule rassemblée à l'aéroport de Stepanakert, contrôlé par les Russes.
Plus de 10.000 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont d'ores et déjà été évacuées de l'enclave, a fait savoir mercredi soir un responsable des séparatistes.
Les soldats de la paix russes ont affirmé jeudi matin avoir pris en charge environ 5.000 personnes évacuées.
La capitulation des séparatistes a fait monter la pression sur le Premier ministre arménien, critiqué pour ne pas avoir envoyé d'aide au Nagorny Karabakh.
Au lendemain de heurts devant le siège du gouvernement, des milliers de manifestants, partisans des séparatistes du Nagorny Karabakh, se sont de nouveau rassemblés mercredi soir et des incidents ont éclaté avec la police. Nikol Pachinian "doit partir, il ne peut pas diriger le pays", a déclaré l'un d'eux, Sarguis Hayats, un musicien de vingt ans.
Usant de la manne pétrolière pour renforcer son armée, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev est de son côté en passe de réussir son pari de reprendre le contrôle de cette région majoritairement peuplée d'Arméniens, qui a été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques du Caucase que sont l'Azerbaïdjan et l'Arménie : l'une de 1988 à 1994 (30.000 morts) et l'autre à l'automne 2020 (6.500 morts).
Cette victoire "va assurément augmenter la popularité d'Ilham Aliev", au pouvoir depuis vingt ans, a souligné Chahin Hajiev, un expert azerbaïdjanais indépendant.
Et ce tandis que le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan réaffirmait jeudi le "soutien sans réserve" d'Ankara à Bakou au cours d'un entretien téléphonique avec son homologue azerbaïdjanais.
Totalement absorbée par la guerre en Ukraine depuis plus d'un an et demi, la Russie a joué un rôle de médiateur dans la signature de ce cessez-le-feu, ont affirmé les séparatistes et Bakou. Mais Moscou, qui juge que la crise au Nagorny Karabakh est une "affaire intérieure" de l'Azerbaïdjan, n'a jusqu'ici rien dit de l'accord.
Mercredi soir, le président russe Vladimir Poutine a toutefois déclaré que les négociations sur l'avenir de cette enclave auraient lieu avec "la médiation" des forces russes déployées sur le terrain.
Craignant que la reprise des hostilités ne déstabilise tout le Caucase, les Occidentaux et la Russie avaient appelé dès mardi à un arrêt immédiat des combats.
Les autorités azerbaïdjanaises avaient déclenché ce jour-là leur opération "antiterroriste" à la suite de la mort de six personnes dans l'explosion de mines posées, ont-elles affirmé, par des "saboteurs" arméniens.