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Du coup, d’après la directrice d’Oxfam International, la solution idoine passe par taxer davantage les ultrariches pour mieux financer les services publics et permettre en conséquence, l’accession de la majorité à une vie décente. «Les gouvernements doivent faire en sorte que les plus nantis participent plus activement à la justice fiscale afin de mieux s’attaquer à la réduction de la pauvreté » a-t-elle proposé.
Une noble ambition qui ne résiste malheureusement pas à l’épreuve des faits. Comme l’illustre si bien Jeff Bezos. Le fondateur d’Amazon est l’homme le plus riche au monde. Sa fortune s’élève à 112 milliards de dollars selon le classement Forbes de 2018 dont 1% est égal au budget total de la santé en Ethiopie. Et pourtant, son entreprise profite d’une optimisation fiscale, certes pratiquée par tous les géants du numérique, mais chez Bezos, cela tient de l’obsession. Le plus affligeant réside dans sa manière de narguer le monde entier, comme l’a rappelé Winnie Byanyima. « Il a récemment fait part de son intention d’investir sa fortune dans un voyage spatial, car il ne sait plus vraiment où dépenser son argent. Cela n’a aucun sens : le monde a besoin de plus d’écoles, pas de méga-yachts ou de fusées privées » s’indigne-t-elle. Et de conclure en affirmant que «si ces inégalités extrêmes persistent, le sentiment de révolte grandira contre des politiques toxiques et clivantes ».
Dans un costume de précurseurs, plusieurs pays se sont rendu compte de l’urgence d’effectuer des changements. Comme la Corée du Sud, la Sierra Leone ou encore la Thaïlande, qui ont déjà augmenté leurs taxes sur les grandes fortunes pour investir dans les services publics. Mais force est de constater que ces pays restent minoritaires.
A l’instar du monde entier, le Maroc, lui non plus, n’échappe pas à cette triste réalité. Déjà en 2006, le rapport du cinquantenaire élaboré en 2006 sous le titre : « 50 ans de développement humain et perspectives 2025 » avait déjà tiré la sonnette d’alarme à ce propos. Car bien que le taux de pauvreté qui dépassait les 50% en 1960 ait chuté, la croissance démographique a maintenu à l’époque le nombre de personnes pauvres à hauteur de 5 millions en moyenne dont près de trois quarts sont des ruraux.
En outre, dans son rapport daté de 2016 «Richesse globale du Maroc entre 1999 et 2013 : Le capital immatériel, facteur de création et de répartition équitable de la richesse nationale », le Conseil économique, social et environnemental a rappelé que « les 10% des ménages les plus aisés absorbent plus du tiers des dépenses de consommation (33,8%) contre 2,6% pour les 10% les moins aisés ».
En termes de fiscalité, le Maroc n’est pas le mieux loti pour réduire ces disparités. Pour s’en convaincre, il suffit de voir ce que le recoupement des données opéré depuis peu par le fisc a permis de relever comme anomalies à ce propos et la levée de boucliers que les contrôles opérés dans certaines branches d’activité ont provoquée. De fait, l’économie de la rente érigée en système de gouvernance économique durant des années et les prébendes auxquelles elle a donné lieu ne pouvaient qu’encourager une évasion fiscale dont les fort taux des prélèvements sur salaires et des impôts indirects permettaient d’atténuer les effets sur les finances publiques.
Bref, ici comme ailleurs, le fossé entre riches et pauvres se creuse. Et cela risque de ne pas changer de sitôt, si l’on garde le même rythme qu’en 2017. Une année où le nombre de milliardaires dans le monde a connu sa plus forte hausse de l'histoire, avec un nouveau milliardaire tous les deux jours.