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«Et c’est tant mieux ! On est visiblement en train de rompre avec la léthargie d’avant. Les citoyens donnaient le sentiment de ne pas s’impliquer dans ce qui se passait dans ce pays. Soyons honnêtes, ils n’ont pas réellement accompagné la transition démocratique. Aujourd’hui, dans le contexte du printemps arabe, le Mouvement du 20 février chez nous, le discours Royal du 9 mars, il y a comme une sorte de réveil, presque un sursaut», explique un activiste de la société civile qui a participé aux manifestations des 20 février et 20 mars.
«Reforme.ma» a été créé par deux ingénieurs informaticiens, «à titre personnel», au lendemain du discours Royal du 9 mars portant sur la réforme en profondeur de la Constitution. Pour ces deux informaticiens, il s’agissait «de sensibiliser les Marocains à la Constitution ainsi que d’ouvrir et promouvoir le débat sur les dispositions de la Constitution». Le site est trilingue –arabe, français et anglais- et se veut une contribution active à faire des propositions aux amendements de la Constitution. Les internautes sont invités à faire en ligne leurs propositions. «Les conclusions seront ensuite adressées à la Commission ad hoc en charge de la révision de la Constitution», assurent les promoteurs de «reforme.ma», un site visité par plus de 11.800 personnes à ce jour du 30 mars.
Article par article de la Constitution actuellement en vigueur, les citoyens font leurs propositions sur «reforme.ma». Des propositions qui reflètent la diversité des points de vue. Des avis foncièrement contradictoires aussi qui montrent que la réforme de la Constitution est différemment vécue par les unes et les autres. L’abolition de la peine de mort, l’égalité entre les hommes et les femmes y compris en matière d’héritage et dans la validité du témoignage, l’interdiction de la polygamie, le tamazigh comme langue officielle au même titre que l’arabe, sont quelques-unes des propositions de citoyens aux référents forcément démocratiques et égalitaires.
Si l’Islam en tant que religion d’Etat est admis par un plus grand nombre, d’autres internautes affirment par contre que «la religion est une affaire personnelle et ne doit figurer dans aucun document étatique». Certains s’élèvent contre la non observation du jeûne en public et appellent à l’interdiction pure et simple de toute forme de prosélytisme.
Le Roi en tant que Commandeur des croyants est en tête des propositions «les plus acceptées» «pour que le Maroc reste musulman». Une internaute propose que la transmission de la couronne ne se fasse pas uniquement à l’héritier mâle. «La femme aussi a le droit d’être reine», écrit-elle pour commenter l’article 20 de la Constitution. Un forum très ouvert, où l’on retrouve toutes sortes de commentaires et qui a fait dire à l’un des connectés : «Je propose que ce site soit maintenu même après la réforme de la Constitution, une sorte de bouffée d’air qui remplace le manque de liberté dans notre paysage audiovisuel».
Les grandes écoles ne sont pas en reste et s’impliquent, elles aussi, dans le débat sur la révision de la loi suprême. L’école de gouvernance de Rabat organise un séminaire sur la question constitutionnelle. Des rencontres et des débats sont au programme ? «Il s’agit pour nous de jeter les étudiants dans cette mer constitutionnelle et leur apprendre à nager. C’est à la fois sciences po et technique», précise l’universitaire Larbi Benothmane. Une synthèse de ce séminaire va d’ailleurs être présentée à la Commission en charge de la réforme de la constitution. A la Faculté de droit de Rabat, le débat sur le projet de nouvelle Constitution a commencé il y a quelques jours déjà. Mardi soir, professeurs, spécialistes, activistes du 20 février et étudiants croisaient le verbe dans un dîner-débat. Et ce jeudi soir, HEM-Rabat accueille une table ronde sur le thème de «Réforme constitutionnelle : les scénarios ?» où hommes politiques, jeunes du 20 février, représentants de la société civile et constitutionnalistes confronteront leurs idées et leur vision d’une nouvelle loi suprême en gestation.
«Ce qui est aujourd’hui important, c’est que la parole des Marocains s’est libérée. Toute la différence réside entre ceux qui sont informés, savent et ont les outils du débat et ceux dont le mental n’a pas été dépoussiéré et qui ne savent pas parce qu’on ne leur a pas appris tout simplement. Tout le défi est justement de faire émerger chez tout le monde des fondamentaux basés sur les critères d’une vraie démocratie et ses enjeux», conclut L. Benothmane.