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Samedi, aucun soldat turc n'était en vue. Un petit drapeau de la Turquie coiffe l'une des extrémités du poste d'observation, protégé par de hauts murs en béton et des barbelés. Toutes les routes qui y mènent sont désormais tenues par les forces syriennes. "Nous ne sommes pas du tout inquiets de la présence d'un poste turc", dit M. Amouri, soldat d'une vingtaine d'années, rencontré par un journaliste de l'AFP durant une visite de presse organisée par l'armée. La scène illustre la complexité du conflit ravageant la Syrie depuis 2011 et qui a impliqué au fil des ans une multitude de belligérants soutenus par des puissances internationales et régionales ayant déployé leurs propres troupes.
Pour reconquérir des territoires du nord-ouest syrien tenus par des jihadistes et des rebelles, le régime du président Bachar al-Assad a lancé le 8 août une offensive au sol, grignotant des secteurs de la province d'Idleb et des régions adjacentes comme celle de Hama, après des mois de bombardements meurtriers. A Morek, les soldats syriens sont rassemblés autour d'un officier qui prépare le déploiement des troupes dans la ville. Il déplie une carte sur laquelle il indique à ses hommes la localisation du poste turc et les positions que compte prendre l'armée syrienne. Les soldats turcs ont salué de la main les forces syriennes à leur arrivée près du poste d'observation, assure l'officier. Aucune des parties n'a ouvert le feu, dit-il.
"Nous attendons les ordres pour connaître l'étape suivante", explique le quinquagénaire aux cheveux grisonnants qui se prépare à une "nouvelle bataille", alors que le pouvoir semble déterminé à poursuivre son offensive dans la région, toujours dominée par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda). Depuis avril, plus de 900 civils ont été tués par les bombardements de Damas et de son allié russe, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les violences ont fait 400.000 déplacés d'après l'ONU, les habitants fuyant principalement le sud d'Idleb et le nord de Hama pour trouver refuge plus au nord. A Morek comme à Khan Cheikhoun, grande ville du sud d'Idleb également reprise par le régime, les rues sont désertes. Seuls des soldats y poursuivent leurs opérations de ratissage et de déminage, au milieu de bâtisses qui affichent les stigmates des combats.