-
Greffiers en grève
-
Un homme arrêté après avoir brisé des vitres de l'ambassade du Maroc en Suède
-
La délégation marocaine réitère les quatre fondamentaux de la position du Royaume au sujet du Sahara marocain, tels que définis par Sa Majesté le Roi
-
Droit d'accès à l'information: Débat institutionnel pour la révision du cadre juridique
-
Le Maroc participe au Caire à une réunion sur le traitement médiatique des questions environnementales
«Il s’agit d’un programme destiné à faciliter le travail du personnel des centres d’accueil des MENA et ces derniers. Le dispositif compte plusieurs volets dont le diagnostic, la formation et la médiation interculturelle», nous a expliqué Ahmed Khalifa, membre de l’Association marocaine d’intégration des migrants en Espagne. Et de préciser : «Ce projet cible les MENA qui ont des difficultés à s’installer dans les centres d’accueil pour mineurs. On observe souvent que ces MENA cherchent à quitter ces lieux pour poursuivre leurs tentatives d’accéder à l’Europe ; ce qui crée des situations de conflit entre eux et le personnel des centres ». D’après certaines statistiques révélées par le site du journal El Faro Ceuta, cette ville compte actuellement plus de 215 mineurs étrangers dans ses centres. Les mineurs marocains en constituent la majorité. D’après les mêmes statistiques, les abris temporaires de La Esperanza abritent 144 mineurs de nationalité marocaine, 29 de la République de Guinée, deux du Cameroun, un du Mali, un autre de l'Algérie et un de la Gambie. A San Ildefonso, il y a deux Marocains et un Guinéen, alors qu'au Centre de réforme de Punta Blanca, il y a neuf mineurs en provenance du Maroc et un de Guinée. Le Centre de protection «Méditerranée» compte également 24 femmes mineures marocaines, une de la République de Guinée et d’autres de pays voisins.
Notre source nous a affirmé que ce problème est plus pesant au niveau du préside occupé de Mellilia qui compte des flux importants de MENA et dispose de peu de centres spécialisés. Des données récentes du bureau du procureur général de l’Etat espagnol citées par le site Yabiladi, indiquent que 3.997 mineurs étrangers non accompagnés se trouvaient en Espagne en 2016. Parmi eux, 1.072 l’étaient en Andalousie, contre 999 à Mellilia et 246 à Sebta.
«Ce nouveau projet peut être considéré comme un pas en avant vu qu’il est porté par l’Institut de criminologie de Malaga. En effet, ce dernier dispose d’une grande expérience en la matière, ainsi que d’une vision et d’un budget conséquent», nous a déclaré notre source. Et de poursuivre : «Pourtant, il y a encore beaucoup de choses à faire. En fait, ce dossier demeurera en débat tant qu’il n’y aura pas de visions intégrées et de révision du mode de gestion des institutions chargées de l’accueil des MENA». A ce propos, Ahmed Khalifa nous a expliqué que ces institutions sont souvent gérées par un personnel espagnol qui ne parle pas arabe alors que ces structures reçoivent une majorité de mineurs issus du Maroc. «Ceci d’autant plus que ces mineurs ont une image dégradée de ces personnels considérés comme des débiles ou des personnes sans autorité», nous a-t-il indiqué. Et de poursuivre : «Ce même personnel est également inapte à entrer en relation avec des mineurs âgés de 16 à 17 ans qui refusent d’être traités comme des enfants. En effet, ces derniers refusent d’obtempérer aux ordres concernant les heures d’entrée et de sortie, de sommeil, d’hygiène, de repas… ce qui crée des situations de révolte et de contestation qui se soldent souvent par des fuites».
De son côté, Reduan Mohamed Jalid, acteur associatif, estime que ce projet n’est que du gaspillage d’argent et qu’il est incapable de fournir la solution ou une ébauche de solution à cette problématique. «L’intitulé du projet est révélateur. Il parle de crimes des MENA et de délinquance. Donc, il s’agit d’un projet de contrôle et de sécurité avant tout et il n’est pas destiné à de quelconques interventions personnalisées et spécialisées», nous a-t-il lancé. Et d’ajouter : «En d’autres termes, il s’agit d’un projet de protection de la population de la ville et non pas d’un programme visant en premier lieu les MENA».
Nos deux sources sont d’accord sur le fait que cette question des mineurs non accompagnés est compliquée et qu’elle demande l’intervention de plusieurs acteurs. Ahmed Khalifa pense qu’il y a encore beaucoup à faire au niveau de la sensibilisation et de la communication sur le sujet. Il estime que le volet juridique doit être également revu. Quant à Reduan Mohamed Jalid, il pense, à l’inverse, que la solution de ce problème passe par l’implication de l’Espagne et du Maroc. «Les deux pays doivent revoir leur manière de procéder et ne pas se contenter des seuls refoulements et arrestations puisque le problème des MENA dépasse la question du contrôle des frontières», a-t-il conclu.