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Motivée par l'accélération de l'inflation, la hausse, pour la troisième fois consécutive, du taux directeur en mars dernier à 3%, avait pour but, selon BAM, de prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix.
Compte tenu de cet objectif fondamental, un simple état des lieux de l’économie nationale montre que le 2ème Conseil de la Banque au titre de l’année 2023 intervient dans un contexte national marqué toujours par la persistance d’un niveau élevé d’inflation, la poursuite d'accélération de la masse monétaire portée notamment par sa partie liquide, monnaie fiduciaire et des dépôts à vue, et l’amélioration des crédits bancaires au secteur non financier.
Il convient, dans ce sens, de rappeler que l’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré, en glissement annuel, une hausse de 7,8% au cours du mois d'avril dernier, selon le Haut commissariat au plan (HCP).
Par rapport à mars 2023, l'IPC a connu une hausse de 1,4%, due principalement à la hausse de 3,2% de l’indice des produits alimentaires.
Sur le plan monétaire, les récentes statistiques de BAM mettent en exergue un accroissement du crédit bancaire au secteur non financier de 5,3% en avril 2023 après 5,7% en mars, ainsi qu’une progression annuelle de l’agrégat M3 qui s'est accélérée à 7,9% en avril 2023 contre 7,2% en mars.
Cette progression annuelle reflète principalement une hausse de la circulation fiduciaire de 12,2% contre 11,9% un mois auparavant.
Prochain Conseil de BAM: des scénarios mitigés
Dans son enquête du mois de juin, Attijari Global Research (AGR) a pu relever "un consensus des investisseurs en faveur d’une hausse de 25 points de base (pbs) du taux directeur".
Ainsi, sur la base des résultats du sondage réalisé par la filiale d’Attijariwafa Bank auprès d’un échantillon de 35 acteurs financiers considérés parmi les plus influents du marché financier marocain, la probabilité d’une hausse du taux directeur de 25 pbs est de 67% contre une probabilité de 8% pour un relèvement du taux directeur de 50 pbs et une probabilité de 25% pour un scénario du statu quo.
Pour sa part, l'économiste en chef à CDG Capital, Ahmed Zhani, table sur un maintien du taux directeur à son niveau actuel de 3%, eu égard notamment à la fragilité de la reprise économique, sous l’effet de la sécheresse, la baisse de la demande étrangère et de la consommation des ménages.
Intervenant lors de la 1ère conférence du cycle de webinaires annuel sur les résultats et perspectives des sociétés cotées, organisé récemment par la Bourse de Casablanca et l’Association professionnelle des sociétés de Bourse (APSB), M. Zhani a expliqué ce scénario également par le faible impact de la politique monétaire sur la stabilité des prix, au regard de la nature des tensions inflationnistes et la faiblesse du canal des anticipations chez les ménages marocains.
Et de noter qu’à l’exception de la baisse des prix des importations en matières premières et énergétiques, l’évolution de la conjoncture internationale induit une baisse prévue de la part de la demande étrangère et des investissements directs étrangers (IDE) ainsi qu’un rétrécissement des conditions de financement à l’international, des faits qui se traduiront, pour l’économie nationale, par une réduction des coûts de la production manufacturière, un ralentissement du rythme de creusement du déficit commercial, une baisse de l’inflation importée et une hausse des coûts du financement à l’international.
Loin des prévisions des analystes, une question fondamentale se pose actuellement avec acuité : quand et comment devons-nous ressentir les effets des relèvements précédents du taux directeur ? Porteur d’espoir comme il l’a toujours été, le prochain Conseil de BAM, tant attendu, sera certes le bon moment pour apporter la bonne réponse.