"Nous n'osons pas rester parce que les hélicoptères tirent. J'ai trois enfants. Les gens ont tellement peur. J'ai dû transporter 15 personnes dans ma voiture", a confié une enseignante de 41 ans à un photographe de l'AFP l'ayant rencontrée en Etat Shan, dans un monastère bouddhiste où elle a trouvé refuge, à plus de 100 kilomètres des combats.
"Il y a eu des affrontements continus pendant deux nuits entières. Les écoles ont été fermées. Mon mari est resté pour surveiller la maison mais j'ai vraiment peur pour lui", raconte Pa Latt, 35 ans, qui a également retrouvé refuge dans le monastère.
L'armée confirme des combats en cours dans les Etats Shan et Kachin, régions toujours en proie à des conflits ethniques armés, près de 70 ans après l'indépendance de la Birmanie vis-à-vis de l'Empire britannique, en 1948.
Les groupes rebelles des Etats Shan et Kachin n'ont pas signé le cessez-le-feu partiel du 15 octobre. Et le vote du 8 novembre n'a pas pu avoir lieu dans des centaines de villages en raison des combats.
En marge des combats en Etat Shan, deux enfants ont trouvé la mort dans l'explosion d'une mine abandonée, dénonce l'Unicef mercredi.
En Etat Kachin, près de la ville de Mohnyin, dans des combats lancés dimanche, des soldats ont été tués, selon l'armée, sans plus de précisions. En Etat Shan, les combats ont repris à peine deux jours après les élections.
"L'armée a commencé ses opérations le 10 novembre et depuis le 14 novembre, ils combattent avec des avions et des hélicoptères", a indiqué mercredi à l'AFP Sai Kham, porte-parole de la rébellion shan.
Dans son communiqué du 10 novembre, l'armée birmane a évoqué l'attaque d'un poste de police locale par les rebelles et précisé que des soldats avaient été blessés.
Pourtant, Aung San Suu Kyi a remporté une victoire écrasante aux législatives du 8 novembre, y compris dans les régions des minorités ethniques. Mais elle n'arrivera de facto au pouvoir qu'en février ou mars 2016, après une période de transition avec les anciens généraux en charge d'assurer la transition depuis l'autodissolution de la junte en 2011.
Par ailleurs, le chef de l'opposition parlementaire cambodgienne Sam Rainsy, menacé d'arrestation sitôt le pied posé au Cambodge, a comparé mercredi les poursuites lancées contre lui à un "coup d'Etat constitutionnel".
"Les dernières initiatives du CPP (le parti au pouvoir du Premier ministre Hun Sen) représentent un coup d'Etat constitutionnel", a écrit sur sa page Facebook Sam Rainsy, également détenteur d'un passeport français.
Après avoir renoncé à rentrer au Cambodge lundi, l'adversaire numéro un de Hun Sen, au pouvoir depuis trente ans se trouve toujours à l'étranger, en France selon des sources au sein de son parti.
Dans cette première réaction personnelle depuis l'annonce d'un mandat d'arrêt contre lui la semaine dernière, Sam Rainsy met en garde contre les "conséquences politiques" de ce qu'il perçoit comme une déclaration de guerre du régime.
Depuis son retour au Cambodge pour participer aux législatives de juillet 2013, c'est la première fois que l'opposant est obligé de reprendre le chemin de l'exil pour fuir la prison.
Après avoir manifesté contre la victoire, truquée selon lui, du parti au pouvoir aux élections de 2013, Sam Rainsy avait réussi à manœuvrer habilement, acceptant finalement de siéger au Parlement avec son parti et d'amorcer à l'été 2014 un dialogue avec Hun Sen.