Avec son affiche en forme de clin d'oeil à "Apocalypse Now", soleil rougissant à l'horizon et hélicoptère de combat, le projet de "Civil War" est ambitieux: décrire avec le plus grand réalisme possible le chaos et la sauvagerie qui menaceraient les Etats-Unis à court terme.
L'enfer n'est cette fois-ci pas au Vietnam, mais à Washington et dans le reste d'un pays à feu et à sang, confronté à la sécession de la Californie et du Texas. La violence et les armes sont partout, les attentats quotidiens, tandis que le président aux accents fascistes (joué par Nick Offerman) est retranché dans une Maison Blanche aux allures de zone verte. Le FBI a été démantelé et des drones militaires attaquent des civils américains.
La ressemblance suggérée avec le chef-d'œuvre de Francis Ford Coppola s'arrête rapidement, ce film indépendant à gros budget ne déployant pas les mêmes moyens et choisissant de concentrer l'intrigue sur un petit groupe de quatre journalistes de guerre.
Parmi eux, une photographe réputée (Kirsten Dunst, dont c'est le retour à l'écran après sa nomination aux Oscars pour "The Power of the Dog" en 2022) qui prend sous son aile une jeune tête brûlée (Cailee Spaeny, révélée dans "Priscilla" de Sofia Coppola).
Pétris d'idéal, ces reporters bravent tous les dangers pour espérer atteindre la Maison Blanche et obtenir une interview du président des Etats-Unis.
La vision du journalisme est un peu simpliste, mais à un peu plus de six mois d'un scrutin sous tension, le film résonne avec les inquiétudes des citoyens américains. Et sonne comme une mise en garde dans l'esprit de son réalisateur, le Britannique Alex Garland (les films "Ex Machina" et "Men", le roman "La Plage", adapté par Danny Boyle à l'écran).
Le "président à trois mandats" du film permet de dresser un parallèle avec la peur qu'ont de nombreux Américains en cas de réélection de Donald Trump. Ils craignent que le milliardaire républicain refuse de se plier à la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels et de quitter le pouvoir après quatre ans.
A l'écran, les sources du conflit, ou l'idéologie à l'oeuvre, sont sciemment omises par Alex Garland. L'action est centrée d'ailleurs sur le quotidien des habitants qui a basculé dans l'horreur.
Aux Etats-Unis, certains ont critiqué la sortie du film en pleine campagne électorale, redoutant que cela ne jette de l'huile sur le feu. Le réalisateur a estimé de son côté que "Civil War" devait permettre de discuter de la division de la société et du populisme. Et que sa violence crue et réaliste a pour but de vacciner les spectateurs contre la guerre.