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M. Chihani a expliqué que le taux de pollution de l’air à Casablanca, une ville de 5 millions d’habitants, est quatre fois plus élevé que celui de Paris, avec ses 25 millions d’habitants. « Le Maroc court le risque d’asphyxie comme à Mexico ou Athènes, si rien n’est fait », a-t-il précisé. Cet air pollué est devenu un vrai problème de santé publique. Des études éco-épidémiologiques opérées à Casablanca et à Mohammedia ont confirmé les effets néfastes de certains polluants atmosphériques sur l’augmentation des maladies respiratoires et cardiovasculaires. « La gravité du problème est telle qu’aujourd’hui dans chaque famille casablancaise, il y a un individu touché par l’asthme ou l’allergie », a-t-il déploré.
En 2005, une étude sur la qualité de l’air à Casablanca de la Direction de la météorologie nationale (DMN) a montré que des polluants dangereux comme l’oxyde d’azote, l’ozone et le dioxyde de soufre composent l’air casablancais, de jour comme de nuit et que rien que dans la région de Zerktouni, le niveau de particules en suspension dans l’air, présenté par la DMN comme « un polluant dangereux », a dépassé 323 fois en 2005, la norme marocaine de 400 micro-grammes/m3. A Aïn Sbaâ, l’ozone a enregistré 397 dépassements du seuil d’alerte et 760 du seuil OMS d’information de la population (180 micro-grammes/m3). Le même résultat a été enregistré également du côté de Sidi Othman. Le taux d’oxyde de soufre a été aussi détecté comme très élevé au niveau de tout Casablanca.
La gestion des ordures a été aussi dans la ligne de mire de M. Chihani. Elle constitue un défi écologique important pour le Grand Casablanca. La métropole produit 3.000 tonnes d’ordures ménagères chaque jour. Leur collecte coûte au Conseil de la ville 30 millions de centimes par an, soit 11% de son budget. «Pourtant, sans grand résultat» a-t-il regretté. La décharge de Mediouna a été aussi pointée du doigt. Elle cause, selon l’intervenant, de sérieux problèmes environnementaux tels que la détérioration des eaux souterraines et l’augmentation des vecteurs de maladies parasitaires.
Le maire de la ville a affirmé que cette décharge vit ses dernières années. Le Conseil de la ville projette la transformation de ce lieu en parc des jeux et d’attractions. Pourtant, M. Chihani s’est demandé pourquoi Casablanca est privée jusqu’à présent d’une décharge selon les standards internationaux, à l’instar des villes de Rabat, Fès et Marrakech.
Le professeur Chihani a par ailleurs évoqué le problème des espaces verts. « Casablanca manque énormement d’espaces verts », a-t-il souligné. En effet, la ville ne dispose que de 400 hectares, soit 2% de la superficie estimée à 20.000 hectares. La ville de Mohammedia détient à elle seule 85 hectares de ces espaces, soit 21%. L’arrondissement d’Anfa possède 4,8%, Maârif (3%), Sidi Belyout (1,2%). Ainsi, chaque Casablancais a droit à 2m2 de verdure, alors que la moyenne mondiale exigée par l’OMS est de 10m2 par habitant et 10% d’espaces verts pour chaque ville.
M. Chihani a rappelé que ces espaces verts remontent à l’époque coloniale et que depuis 1956, Casablanca n’a pas aménagé un seul parc de plus. La ville blanche compte plusieurs parcs urbains centraux, dont les principaux sont ceux de l’Hermitage (15 ha), de Murdoch (6 ha), et la Ligue Arabe (30 ha). Cette dernière appelée jadis jardin Lyautey, a été créée dans le cadre du Plan Prost entre 1917 et 1919. Cependant, ces parcs manquent d’espaces et restent inaccessibles, et dont la plupart sont concentrés au centre-ville.
Ibrahim Chihani a confié que Casablanca constitue un véritable laboratoire pour la réussite ou l’échec de la Charte de l’environnement initiée par l’Etat. On peut qualifier la métropole de vitrine du développement et dont le budget dépasse celui de n’importe quelle autre agglomération du pays. « Peut-être que le changement commencera par elle », a-t-il conclu.