-
Interpellation à Marrakech d'un individu soupçonné d'évasion au cours d'une garde à vue, de trafic de psychotropes et de vol
-
Karima Rhanem, une voix puissante pour la jeunesse et les femmes africaines
-
Installation de nouveaux magistrats au tribunal de première instance de Tata
-
"2045": Le jeu de société qui simule une invasion chinoise de Taïwan

Les organisateurs prévoient la participation effective de 120 à 130.000 habitants sinistrés. Ce sera le premier mouvement de protestation qui réunit un grand nombre de protestataires à l’échelle locale, inaugurant ainsi une nouvelle étape et de nouvelles formes de manifestations plus accentuées et bien ciblées. D’autres mouvements sont prévus dans l’agenda de la nouvelle coordination qui a vu le jour, mercredi soir, à l’appel des représentants des différents comités de soutien des quartiers insalubres et bidonvilles de la métropole et zones périphériques.
Ainsi, le dossier de l’habitat à Casablanca prend-il un nouveau tournant. La grogne des habitants des différents quartiers insalubres (bidonvilles et quartiers à construction anarchique) est à son comble. Les gens ne font plus confiance aux responsables qui, d’après eux, ne cessent de les abreuver de promesses irréalisables. Ils réclament désormais des solutions concrètes. Par ailleurs, ils sont déterminés à hausser le ton jusqu’à ce que leur situation désastreuse soit résolue définitivement dans le cadre d’une volonté sérieuse de les reloger et leur garantir des conditions de vie digne. C’est d’ailleurs dans ce sens que les différents comités de solidarité et de soutien composés des habitants des bidonvilles et des quartiers insalubres et des ONG solidaires se sont réunis mercredi soir, pour décider de la prochaine démarche à suivre dans leur lutte. Une occasion au cours de laquelle ils ont fait montre de mobilisation pour la prochaine étape.
Unanimes sur la nécessité de faire entendre leur voix, les différents comités représentant les citoyens de la métropole et sa périphérie ont annoncé leur union dans le cadre de cette coordination régionale qui organisera le sit-in et la marche du dimanche à Casablanca. Cette coordination aura pour mission de défendre en bloc les réclamations des habitants afin de trouver une solution immédiate aux problèmes de ces catégories sociales sinistrées. Ce qui ne fera pas le bonheur des officiels confrontés à une nouvelle vague de protestations plus rudes et surtout mieux organisées. Le dossier de l’habitat insalubre à Casablanca sera désormais traité en bloc. «Nous demanderons dorénavant une solution globale de tous les cas en même temps et à pied d’égalité. Nous allons poursuivre notre lutte cette fois-ci dans un cadre plus élargi. Le dossier de l’habitat doit trouver une solution définitive et globale pour tourner cette page qui déshonore non seulement la capitale économique mais tout le pays. C’est pourquoi nous avons décidé de lutter dans le cadre de la coordination qui regroupe l’ensemble des comités de soutien et de solidarité qui, jusqu’à présent, ont fait un bon travail de terrain et réalisé une grande avancée dans la lutte contre la marginalisation et la discrimination», nous a précisé l’un des responsables de la coordination. Celui-ci ne nie pas qu’«il existe bien de sérieux problèmes administratifs liés aux multiples recensements effectués par les officiels depuis de longues années, mais cela demeure relatif. Il faut tout d’abord avoir la volonté de faire avancer les choses, car tout a une solution. D’ailleurs, ces gens qui représentent une minorité par rapport à l’ensemble sont eux aussi des habitants de ces bidonvilles et quartiers insalubres. Ils doivent bénéficier à leur tour de leur droit en tant que citoyens sinistrés et nécessiteux».
Une vision des choses très différente de celle des autorités locales. Plusieurs abus ont été enregistrés dernièrement et qui démontrent l’absence de cette volonté réelle d’éradiquer ces quartiers insalubres qui poussent comme des champignons partout à Casablanca. Les protestataires qui réclamaient des solutions concrètes n’ont eu droit qu’à des promesses. Alors que le Souverain est à l’écoute de son peuple et travaille jour et nuit pour lui assurer ses droits et lui garantir une vie décente, les autorités locales de différentes régions préfèrent la répression à toute autre démarche : «Des arrestations, des humiliations, de la négligence et des menaces ont été enregistrées auprès des populations sinistrées qui ne demandent que le strict minimum», indique un militant associatif.
Las d’être la cible de la violence des forces de l’ordre à chaque tentative de protestation, les habitants, dans le cadre de la nouvelle coordination, sont passés à la vitesse supérieure: ils organisent, dimanche prochain, un sit-in devant la wilaya de Casablanca suivi d’une marche de protestation à destination de l’arrondissement de Sidi Belyout. Ce mouvement de grogne entre dans le cadre d’une série de protestations prévues dans les jours à venir.
Les protestataires adresseront cette fin de semaine plusieurs lettres de réclamations aux différents responsables liés de près ou de loin à ce dossier épineux qui a fait couler beaucoup d’encre. Ils envisagent, entre autres, plusieurs sit-in devant les ministères concernés et un autre de plusieurs jours devant le siège du Parlement. Ceci dit, la situation risque de prendre une autre tournure. «Ce qui obligera les officiels locaux et même nationaux à adopter une démarche plus démocratique et moins hostile à l’égard des populations sinistrées pour leur redonner confiance. Surtout que les populations en colère depuis plusieurs mois critiquent les réactions démesurées et irrespectueuses de certains responsables locaux qui refusent de les recevoir», surenchérit un autre militant.
Rappelons dans ce sens que la coordination luttera également pour la libération des détenus qui ont été arrêtés lors des différentes manifestations. Par ailleurs, elle réclame que justice soit faite et que tous les responsables impliqués dans des abus soient jugés. Les associatifs dénoncent également les arrestations arbitraires, les agressions et les différentes menaces exercées contre eux par certains responsables des pouvoirs publics.
ENCADRE
Un bidonville entré dans l’Histoire
Le mot «bidonville» a été employé pour la première fois en 1953 à propos d’habitats précaires à Casablanca pour désigner littéralement des «maisons en bidons», c’est-à-dire un ensemble d’habitations construites par des travailleurs installés dans la ville, avec des matériaux de récupération.
Le bidonville a parfois acquis ses lettres de noblesse.
Dans les années 50, c’est aux Carrières Centrales que le mouvement de lutte pour l’indépendance avait l’un de ses foyers les plus actifs. Les manifestations contre les exactions policières et les violentes répressions des 7 et 8 décembre 1952 dans ce bidonville ont beaucoup fait pour l’indépendance du pays. Feu Mohammed V avait porté alors avec fierté le titre de «Roi des Carrières Centrales» et c’est là, qu’en février 1956, il s’est rendu avant son envol pour Paris où il allait conclure les négociations de l’indépendance.